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Internationale de l'Education
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France: les syndicats évaluent la réforme gouvernementale prévue

Publié 26 octobre 2012 Mis à jour 5 novembre 2012

Les syndicats de l’éducation ont réagi à la présentation le 9 octobre par le Président français François Hollande de ses priorités pour l'école et ce qui sera la « feuille de route » de son Ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon.

Devant les 600 acteurs de l'enseignement qui ont réfléchi tout l'été à l’occasion d’une consultation aux grands axes de la refondation promise pendant la campagne présidentielle, Hollande a présenté le calendrier de ce qui doit être le « quinquennat de l'école ».

Président français: « L’Ecole doit changer »

La rentrée 2013 sera celle du retour à quatre jours et demi de classe en primaire, de la mise en place d'une nouvelle formation des enseignants, du lancement d'une e-éducation et de la création d'une « instance légitime » pour écrire les programmes. Ont également été annoncés: plus de maîtres que de classes, la relance de la scolarisation des moins de trois ans, et la diminution des redoublements.

« L’école doit changer » a affirmé Hollande. Pour cela « il faudra du temps et des moyens » et le budget de l’Education nationale sera « sanctuarisé ». Il a ainsi réitéré son engagement de créer 60.000 postes pendant son mandat. Après la création de près de 10.000 postes annoncée pour la prochaine rentrée, il y en aura autant par an sur les cinq années à venir.

Priorité au primaire

La clé, aux yeux du Président français, c'est la priorité qu'il veut accorder au primaire dès la rentrée. Le « plus de maîtres que de classes » devra être accompagné d'une pédagogie nouvelle afin de « prévenir les premiers retards ». Chaque année, 15 à 20% des enfants entrent au collège sans maîtriser suffisamment la lecture ou les mathématiques pour bénéficier des apprentissages suivants.

Pour lui, les redoublements doivent aussi être limités, ce qui oblige à penser autrement le traitement de la difficulté scolaire. La notation doit « indiquer un niveau plus que sanctionner » et les devoirs « être faits dans l'établissement plutôt qu'à la maison pour accompagner les enfants et rétablir l'égalité ».

A propos des enseignant(e)s, le chef de l'Etat a tenu à rappeler que le gouvernement rétablit leur formation. « Les écoles du professorat et de l'éducation ouvriront à la rentrée 2013 », avec une « professionnalisation à la fois dans les contenus et dans les modalités ».

UNSA-Education: satisfait de la reprise de nombreuses propositions

L’UNSA-Education s’est félicité que le Président de la République ait pris à son compte un très grand nombre de propositions contenues dans le rapport de la concertation. Les annonces pour la rentrée 2013 concernant un engagement budgétaire réaffirmé, en priorité en primaire, les Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education, le retour à 9 demi-journées de classe, étaient attendues. Elles constituent des mesures de réparation, a indiqué le syndicat.

L’UNSA-Education retient aussi l’objectif de faire réussir tous les jeunes et de basculer vers une orientation choisie, clés d’une réelle refondation. Le socle commun de connaissances, une évaluation repensée, les projets éducatifs territoriaux, la e-Education comme la formation initiale et continue notamment, sont des engagements importants et bienvenus.

Il revient désormais au ministre d’apporter des précisions et de fixer un calendrier pour bâtir la loi d’orientation et de programmation. Ce calendrier doit permettre de traiter rapidement des urgences pour la préparation de la rentrée 2013. Il doit également inscrire sur la durée du quinquennat, les sujets à discuter qui permettront de mettre en œuvre concrètement la loi, mais aussi ceux qui ne sont pas ou peu abordés aujourd’hui, notamment le lycée.

Pour l’UNSA-Education, « la Refondation de notre Ecole sera réussie si ce dialogue avec les personnels est constructif et si l’ambition de la réussite de tous ne reste pas un slogan ».

SNES-FSU et SNEP-FSU: réactions mitigées

Le Syndicat national des enseignements de second degré (SNES-FSU) a quant à lui indiqué que, pour le second degré, les préconisations sont en rupture avec l’avis des personnels concernés.

Le SNES-FSU en conclu: « Force est donc de constater que ces propositions concernant l’avenir du second degré et de ses personnels sont problématiques, d’autant qu’elles n’ont pas fait accord dans les débats et en particulier avec les organisations les plus représentatives des personnels enseignants. » Egalement, « rien n’est dit sur la dégradation continue des conditions de travail, du grand bazar dans les lycées provoqué par la réforme des voies générales et technologiques, du refus très largement exprimé par les personnels du socle commun et de son livret. »

Inquiétudes quant au « socle commun »

Le SNES-FSU et le Syndicat national de l’éducation physique de l’enseignement public (SNEP-FSU) sont prêts à travailler à cette définition mais le maintien de la conception du « socle commun », même assorti de la préoccupation qu’il ne soit pas « conçu comme un savoir minimum », fait craindre que l’on retombe dans les travers dénoncés à propos de la loi Fillon.

Le SNES-FSU et le SNEP-FSU espèrent que la phase de négociations qui va s’ouvrir après les premiers arbitrages du Ministre de l’Education nationale permettra d’éviter des choix partisans contre les personnels de second degré et ce qui fonde leur professionnalité et leur engagement dans le service public d’Education nationale, choix qui ne permettraient pas aux collèges et lycées d’assumer pleinement leur rôle dans la réussite de tou(te)s les jeunes.

SNUipp: Bonnes orientations pour une priorité au primaire et plus de maîtres que de classes

Le Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC (SNUipp-FSU) a expliqué que, en redisant que sa priorité allait au primaire « là où sont acquises les bases solides qui détermineront la suite du parcours », le Président a souligné l’importance et le rôle spécifique de la maternelle, précisant qu’une politique de scolarisation des moins de trois ans serait engagée à partir de la rentrée « dans les territoires en difficulté ».

En ce qui concerne l’élémentaire, il a estimé que l’enseignement « doit bénéficier d’une pédagogie nouvelle » et repris la proposition du SNUipp, contenue dans le rapport, celle du « plus de maîtres que de classes ». Un mode de fonctionnement qui selon lui « facilitera le développement du travail en commun, introduira de nouvelles méthodes d’accompagnement des élèves et préviendra les premiers retards ».

Le temps de la négociation est venu

« Si le Président de la République a fixé un cap, c’est maintenant que va s’ouvrir l’étape décisive de la négociation », a souligné le SNUipp. « Car de fait, des pans entiers de cette refondation restent à préciser. Rien n’a été dit sur les RASED et les psychologues scolaires par exemple. L’oubli devra être réparé. Ils doivent pourtant avoir toute leur place dans la refondation. »

Pour le SNUipp-FSU, les orientations affichées doivent se traduire par des mesures concrètes qui transforment en profondeur le quotidien dans les écoles. Il s’agira bien, après le temps du discours, de réellement « changer la donne », de donner aux enseignants du pouvoir d’agir dans leurs classes pour faire reculer l’échec scolaire, en améliorant leurs conditions de vie professionnelle et personnelle. Car définitivement, rien de durable ne se fera sans eux.

IE: l’avis des enseignant(e)s est crucial

« L’IE accueille favorablement les discussions quant à l’évolution du système éducatif et du statut des enseignantes et enseignants en France », a déclaré le Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen. « Il est indispensable que les enseignantes et enseignants soient encore consultés quant à l’application pratique des mesures annoncées. Nous encourageons aussi les autorités nationales compétentes à poursuivre leurs investissements financiers dans une éducation publique de qualité pour toutes et tous. »