Nigéria: manifestation de masse en faveur du sauvetage de l’enseignement public
Le 13 août dernier, le Joint Action Front (JAF) a pris la tête d’une manifestation nationale de masse en faveur du sauvetage de l’enseignement public au Nigéria. L’affilié de l’IE dans ce pays, le National Union of Teachers (NUT), est membre du JAF.
Le slogan au centre de la manifestation de protestation qui a été organisée à Lagos était « L’éducation est un droit ». La principale exigence était adressée au gouvernement fédéral et aux gouvernements régionaux et visait à obtenir la mise en œuvre des accords signés avec le NUT et d’autres organisations du secteur de l’éducation.
L’incapacité du gouvernement à mettre en œuvre ces accords et à fournir le financement approprié de l’éducation à tous les niveaux a entraîné la fermeture d’un grand nombre d’écoles, d’universités et d’autres établissements d’éducation.
Protestations régionales
Les étudiants qui s’étaient mobilisés pour la manifestation ont également réclamé l’annulation des droits d’inscription et la mise en place d’un syndicalisme étudiant indépendant sur les campus. Ils ont également demandé que l’éducation bénéficie d’un financement adéquat, conforme à la recommandation de 26 pour cent de l’enveloppe budgétaire comme préconisé par l’UNESCO.
Les semaines qui viennent verront des manifestations et rassemblements du même ordre dans les villes d’Ibadan, de Kano, de Calabar, d’Owerri et d’Abuja. Ces rassemblements déboucheront immanquablement sur une manifestation de masse au plan national si le gouvernement ne prend aucune mesure.
Dans une déclaration publiée le 6 août à l’initiative du JAF et appelant à une protestation de masse, les dirigeants de ce mouvement ont expliqué que les enseignant(e)s et le personnel non enseignant en fonction au Nigéria sont les moins bien rémunérés du monde: en effet, le montant des dépenses publiques affecté à l’éducation n’atteint pas 8 pour cent, pour 38 pour cent environ en Afrique du Sud.
Il faut financer les infrastructures et les installations
« Le NUT a participé à de nombreuses grèves depuis 2009 en raison du fait que le gouvernement n’a pas mis en application les barèmes spéciaux des enseignants qui résultaient des accords conclus avec le gouvernement en 1992 », peut-on lire dans la déclaration.
« Notre insistance pour que les gouvernements du Nigéria financent l’éducation dans le respect de la norme internationale, soit 26 pour cent, et suppriment les droits d’inscription à tous les niveaux d’éducation se trouve au cœur même de l’appel que nous lançons en faveur du sauvetage de l’enseignement public », peut-on encore lire dans la déclaration. « Donner à l’éducation un financement adéquat, cela signifie assurer l’entretien des infrastructures et en construire de nouvelles (locaux de cours dotés de matériel audio-visuel, mobilier, possibilités d’hébergement, viabilités etc.) dans les établissements primaires, secondaires et du troisième cycle (universités, écoles polytechniques, instituts de formation, etc.) ainsi que la mise à disposition d’installations modernes (laboratoire, manuels, possibilités d’hébergement, matériel pédagogique, etc.).
La déclaration souligne que le sauvetage de l’enseignement public du troisième cycle implique l’autonomie et la liberté académique dans l’administration et la gestion des établissements d’éducation.
« La seule option acceptable pour la majorité des Nigérians, qui vivent dans la pauvreté, est celle du financement adéquat de l’enseignement public », souligne le document. « Il n’existe qu’un seul avenir pour les étudiants du Nigéria, celui de l’enseignement public. »
Toujours selon la déclaration, le développement du Nigéria est dans l’impasse, et seul le financement adéquat de l’éducation et l’accès garanti à l’éducation pour tous les Nigérians offriront au pays la possibilité de sortir des crises récurrentes liées à l’insécurité générale et au sous-développement, et ceci dans le respect des normes classiques et par la mise en place d’environnements scolaires incitant à l’apprentissage et au développement social.
Déclaration de l’IE: le gouvernement doit garantir l’éducation publique de qualité gratuite
« Dans le monde entier, les éducatrices et éducateurs apportent leur appui à la lutte que mènent nos collègues nigérians pour garantir l’enseignement public de qualité pour tous dans leur pays, » a déclaré le Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen. « Nous invitons instamment le gouvernement fédéral et les gouvernements régionaux du Nigéria à prendre leurs responsabilités afin de garantir un enseignement public de qualité gratuit bénéficiant d’un financement adéquat ».