Kenya: Le secteur de l’enseignement supérieur maintient la pression sur les employeurs en vue d’établir un dialogue social
L’Universities’ Academic Staff Union, un affilié kenyan de l’Internationale de l’Education, est au cœur d’un conflit du travail avec la fédération des employeurs des universités publiques au sujet de la négociation et de l’application d’une convention collective.
L’origine du conflit est à chercher dans le refus des universités publiques, dans le cadre du Forum consultatif des conseils interuniversitaires publics (IPUCCF), de négocier, de signer et d’appliquer la convention collective 2017-2021. La convention précédente est arrivée à son terme le 30 juin 2017.
Les conditions d’emploi ont été ajustées pour tou(te)s les travailleurs/euses du secteur public, à l’exception du personnel universitaire, la structure salariale du personnel académique des universités publiques se caractérisant par des distorsions, une stagnation et des plans d’avancement peu intéressants. Le personnel universitaire est victime d’une discrimination du fait de l’absence de révision des conditions d’emploi, notamment les salaires de base, les arriérés de pension, les allocations et autres prestations.
« Le personnel académique des universités publiques kenyanes est surchargé et sous-payé », affirme Constantine Wasonga, Secrétaire général de l’ Universities’ Academic Staff Union(UASU), qui ajoute que « cela a un effet négatif sur la motivation du personnel, la recherche, l’enseignement et l’innovation ».
« Cette situation entraîne un faible taux de rétention des ressources humaines et une fuite massive des cerveaux des universités publiques », insiste David Edwards, Secrétaire général de l’Internationale de l’Education (IE).
Il est à noter que vingt-cinq universités publiques n’ont pas encore négocié et conclu leur convention collective interne, en raison d’un manque de fonds.
Depuis mars 2017, l’UASU a déployé des efforts concertés afin que la convention collective 2017-2021 soit négociée. Le 30 mars 2017, l’UASU a présenté sa proposition, mais la fédération des employeurs et le gouvernement n’ont pas présenté de commentaires avant l’échéance fixée au 31 mai 2017. Le syndicat a ensuite accordé un délai de réponse supplémentaire. Le 9 décembre 2017, les parties ont convenu que le cadre de reprise du travail pour les négociations devait être conclu avant le 31 janvier.
A l’issue d’une série de réunions manquées et de demandes de report et toutes les options étant épuisées, le syndicat a lancé un préavis de grève de sept jours et le 1er mars, les professeur(e)s des universités et collèges publics ont mené une grève nationale. La grève ayant été déclarée illégale par un tribunal du travail, l’UASU a formé un recours devant le tribunal de l’emploi et des relations de travail. L’affaire sera examinée le 27 mars. Dans l’intervalle, les membres du personnel universitaire ont retiré leurs services.
L’UASU s’inquiète du fait que divers services gouvernementaux sapent les relations de travail dans l'enseignement supérieur au détriment du personnel enseignant, en particulier:
- l’IPUCCF a échoué, de manière répétée, à conclure dans les temps des négociations sur des conventions collectives;
- les employeurs et le gouvernement abusent de la Commission des salaires et rémunérations (créée par la Constitution kenyane de 2010 pour conseiller et/ou fixer les niveaux des rémunérations des fonctionnaires) afin d’empêcher toute négociation collective; et
- le gouvernement n’est pas proactif pour apporter à l’IPUCCF des fonds qui permettraient aux universités publiques de remplir leurs obligations vis-à-vis de leurs salarié(e)s.
L’IE a écrit à la fédération des employeurs des universités publiques et à la commission sénatoriale de l’enseignement universitaire afin de demander que des négociations collectives soient menées sans délai et que des ressources financières adéquates soient libérées pour permettre la mise en œuvre de la convention, dès que celle-ci sera conclue.