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Guerre et traumatismes : prendre en charge la santé mentale en Palestine

Publié 3 juillet 2024 Mis à jour 8 juillet 2024

En Palestine, les ravages de la guerre touchent plus durement que jamais les enseignant·e·s, les élèves et les populations locales. L’Internationale de l’Éducation (IE), épaulée de près par ses affiliés du monde entier, continue de soutenir ses membres face à l’incertitude et aux traumatismes d’une guerre dévastatrice.

Selon les derniers rapports publiés par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de 34.900 personnes sont décédées à Gaza depuis le début des bombardements et de la campagne terrestre d’Israël, lancés en réponse à l’attaque mortelle du 7 octobre dernier par le Hamas. Ces chiffres comprennent 7.797 enfants, 4.959 femmes et au moins 10.000 personnes encore non identifiées. En outre, environ 96 % des 2,15 millions de Gazaouites souffrent d’insécurité alimentaire grave, et 22 % sont au bord de la famine.

Suite aux nombreux dons reçus pour ses initiatives en faveur des enseignant·e·s de Palestine, l’IE a versé des fonds supplémentaires à ses organisations membres établies sur le territoire palestinien. Ce soutien financier permettra de concevoir des outils et des formations axés sur la santé mentale des enseignant·e·s dans le contexte de guerre actuel.

Lancée en janvier, l’initiative d’autonomisation Teachers Empowerment Initiative offre un soutien socio-émotionnel aux enseignant·e·s et aux élèves de Cisjordanie, ainsi qu’une assistance directe aux enseignant·e·s de Gaza et de Cisjordanie. Comme le prévoit la deuxième phase du programme, environ 80 enseignants et enseignantes ont bénéficié d’une formation sur le développement d’activités socio-émotionnelles et l’intégration de ces activités au programme scolaire, ce qui a eu pour effet d’améliorer significativement leurs compétences. Cette phase a été menée par le Syndicat général des enseignant·e·s palestinien·ne·s (General Union of Palestinian Teachers, GUPT), en collaboration étroite avec le Syndicat général des travailleur·euse·s des jardins d’enfants et des écoles privées (General Union of Workers in Kindergartens and Private Schools, GUWKPS). Elle a abouti à la formation d’une vingtaine d’éducateurs et éducatrices d’écoles privées et maternelles.

Les traumatismes de la guerre

Cette initiative est devenue une nécessité, à lumière des effets dévastateurs du conflit en cours sur les enseignant·e·s et élèves en Palestine. La guerre inflige aussi de graves traumatismes psychologiques et rend de nombreuses personnes anxieuses, tendues et déprimées.

Depuis le 7 octobre 2023, le secteur de l’éducation est la cible d’attaques incessantes à Gaza et en Cisjordanie. Des centaines de milliers d’enfants se retrouvent privés de leur droit à l’éducation, des dizaines de milliers d’enseignants et enseignantes ont perdu leur emploi, et des centaines d’écoles de la bande de Gaza ont été totalement ou partiellement détruites. Chaque jour, les pertes humaines continuent de croitre parmi les élèves et le corps enseignant, tandis que les forces militaires israéliennes bombardent la région et bloquent l’aide humanitaire.

En outre, les enseignant·e·s de Gaza et de Cisjordanie ne touchent plus aucune rémunération depuis le mois d’octobre 2023. En effet, leurs salaires ont été retenus en raison de l’interruption, par les autorités israéliennes, du versement des recettes fiscales au territoire palestinien occupé. Malgré ces conditions épouvantables, les enseignant·e·s maintiennent leur présence et leur engagement pour leurs élèves.

En juin, les organisations membres de l’IE en Palestine ont entamé la transmission de compétences en apprentissage socio-émotionnel. De telles formations sont vitales pour développer les compétences des enseignant·e·s en bien-être, qui recouvre notamment l’autogestion, la conscience de soi, la conscience sociale, les compétences relationnelles et la prise de décision responsable. Par ailleurs, il est essentiel d’assurer un soutien psychologique pour améliorer l’environnement éducatif en tant qu’élément primordial du bien-être des élèves et de leur intérêt envers leur parcours académique.

À long terme, l’initiative d’autonomisation que mène le GUPT en Palestine devrait bénéficier à des milliers d’élèves et d’enseignant·e·s en atténuant les effets des traumatismes, en reconstruisant le bien-être psychologique et en favorisant la résilience. Le programme prévoit d’élargir son impact en tissant un réseau de facilitateurs et facilitatrices formé·e·s.

Enfin, cette initiative cherche à accroître l’attention accordée à la santé mentale au sein de la société palestinienne, et en particulier au cœur du ministère de l’Éducation.

Solidarité des syndicats mondiaux

Du 28 au 30 mai 2024, des leaders des Fédérations syndicales internationales (FSI) et de la Confédération syndicale internationale (CSI) se sont rendus à Ramallah, en Palestine, pour exprimer leur solidarité avec les syndicats et les travailleurs et travailleuses de Cisjordanie et de Gaza.

Aux côtés notamment de leurs affiliés palestiniens, les FSI ont promis d’intensifier leur aide aux syndicats locaux durant cette période difficile pour leurs membres et d’honorer leur rôle de moteur du changement en Palestine.

La délégation a exprimé sa profonde inquiétude concernant la grave crise humanitaire qu’endure la population de Gaza. Elle a renouvelé l’appel du mouvement syndical mondial en faveur de la paix, de l’égalité et de la justice, déclarant : « Les syndicats font partie du mouvement mondial pour la paix. Nous défendons la paix, comme nous défendons des valeurs aussi fondamentales que la démocratie et l’humanité. C’est pour ces raisons que nous sommes ici. »

L’IE poursuit son plaidoyer en faveur de la fin de la guerre entre Israël et le Hamas, de la libération de tous les otages et de la cessation des violences aveugles.