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La violence à l’école : l’apport de la recherche québécoise

published 2 February 2017 updated 2 February 2017
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School-based violence is an increasingly hot topic in many places around the world. Research carried out in Quebec (Canada) reveals that while the phenomenon is not on the rise as media reporting suggest, teacher and school staff training remains an important gap. Recent research works in this domain converge to underline the importance of initial and in-service training of school personnel to prevent school-based violence and establish positive school environments for all students.

La violence chez les jeunes, et particulièrement à l’école, demeure un sujet préoccupant partout dans le monde (Debarbieux, 2008). Les croyances à l’effet qu’elle serait en progression sont principalement alimentées par des cas rapportés par les médias, laissant croire que les écoles sont devenues des endroits dangereux à fréquenter, les comportements des élèves se détériorant au fil des ans.

Pour ce qui est du cas québécois, les études menées par des chercheurs de la Chaire de recherche sur la sécurité et la violence en milieu éducatif de l’Université Laval (SEVEQ/Beaumont, Leclerc et Frenette et Garcia, 2016) ne concluent cependant pas à une augmentation des comportements de violence dans les écoles. L’étude comparative menée dans 123 écoles primaires et secondaires (près de 38,000 répondants élèves, personnel scolaire et parents), suggère plutôt que des changements pour la plupart positifs se sont produits entre 2013 et 2015. Les résultats soulignent notamment que le climat scolaire demeure perçu positivement par les élèves, le personnel scolaire et les parents, au primaire comme au secondaire. En 2015, les élèves du primaire et du secondaire rapportent voir par exemple moins d’impolitesse envers le personnel scolaire, moins d’adultes étrangers dans les limites de l’école, mais un peu plus de conflits entre groupes ethniques. En 2015, tant les élèves que le personnel scolaire jugeaient plus sécuritaires presque tous les lieux de l’école portés à leur attention. Les comportements d’agression physique, électronique ou matérielle entre élèves tendent à diminuer, mais davantage ceux de forme insulte/menace ou sociale (exclusions, commérages, ragots). Enfin, en 2015, le personnel scolaire rapportait moins de menaces entre collègues et une stabilité quant aux agressions des élèves à leur égard.

Bien que ces résultats soient encourageants, un manque de formation initiale et continue du personnel scolaire pour prévenir et gérer la violence à l’école semble toujours présent au Québec comme dans bien d’autres pays (Debarbieux, 2008). D’après l’étude québécoise de Beaumont et ses collaborateurs (2016), en 2015, près de 75 % du personnel au primaire et 80 % au secondaire déclarait n’avoir reçu aucune formation initiale universitaire, alors que près de 50 % au primaire et de 66 % au secondaire n’avaient bénéficié d’aucune formation continue sur la question.

Pour une meilleure formation initiale et continue du personnel scolaire

Pour soutenir le personnel éducatif dans sa mission d’éducation et de socialisation, la formation du personnel, qu’elle soit initiale ou continue, doit être basée sur les résultats de recherche les plus récents dans le domaine. Ainsi, depuis quelques années, un changement de paradigme s’observe pour expliquer la violence à l’école et les meilleures interventions pour la prévenir. Par exemple, les méthodes coercitives (ex. suspensions, punitions, etc.) ont été jugées inefficaces pour enseigner aux élèves de meilleures façons de se comporter. On reconnaît aussi que les pratiques, centrées principalement sur les élèves jugés « fautifs », négligeaient de s’occuper de l’élève victimisé et tenaient peu compte des effets négatifs produits sur le climat de l’école et sur l’ensemble des élèves. Pour illustrer ce changement de paradigme, la sixième conférence mondiale sur la violence à l’école tenue à Lima en 2015 avait pour titre : "Violence à l'école et politiques publiques" : De la violence à l'école ….au bien-être scolaire. Avec les avancées de la recherche (Cohen, Espelage, Twemlow, Berkowitz, et Comer, 2015), la violence à l’école est maintenant étudiée dans une perspective éducative plus large que celle qui se limite à intervenir sur la dyade agresseur–victime. L’amélioration globale du climat scolaire visant le bien-être global des élèves devient une nouvelle approche d’intervention. On reconnaît aussi que les comportements des enfants sont influencés par plusieurs facteurs (ex., personnels, familiaux, sociaux et scolaires), qu’ils répondent à certains besoins (ex., reconnaissance, appartenance) et qu’ils se développent, se maintiennent ou se transforment selon l’ascendance qu’exercent sur eux leurs différents milieux de vie. Le personnel scolaire possède ainsi un énorme pouvoir d’influence pour créer des milieux scolaires positifs et ainsi prévenir et réduire la violence (Astor, Benvenishty et Estrada, 2011).

D’autres conditions gagnantes pour un climat scolaire positif

La formation continue du personnel éducatif est l’une des conditions permettant de créer des milieux scolaires positifs et ainsi prévenir et réduire la violence. D’autres facteurs favorables ont aussi été identifiés par la recherche : le leadership de la direction, une gestion positive des comportements, l’inclusion et la participation de tous les élèves à la vie de l’école, un programme scolaire intégrant les apprentissages sociaux, des politiques et procédures claires, la rapidité à percevoir les problèmes et à y réagir, ainsi que le partenariat avec les familles et la communauté (Beaumont, 2012 ; Department of Education, Employment and Workplace relation (2011).

Agir en considérant ces conditions favorables peut favoriser la création d’un climat scolaire positif et inclusif (Poulin, Beaumont, Blaya et Frenette, 2015) et contribuer à prévenir et à réduire la violence à l’école. Rendant le milieu scolaire agréable, ces conditions de prévention fondamentale ont le potentiel de réduire les risques de victimisation à l’école, mais aussi de prévenir l’apparition d’autres problématiques (ex. : absentéisme, décrochage) pouvant nuire à la persévérance et à la réussite des élèves (Beaumont et Poulin, 2012).

REFERENCES

ASTOR, R. BENBENISHTY, R. & ESTRADA, N. (2009). Centrality in Orchestrating Safe Schools Violence and Theoretically Atypical Schools: The Principal's, American Educational Research Journal, 46, 423-461.

BEAUMONT, C,, LECLERC, D., FRENETTE, E. ET GARCIA, I. (2016). Portrait de la violence dans les établissements d’enseignement au Québec : Changements entre 2013 et 2015. Rapport de recherche du groupe de recherche sur la Sécurité et la violence dans les écoles québécoises (SEVEQ). Chaire de recherche sur la sécurité et la violence en milieu éducatif, Université Laval, Québec, Canada. Document téléaccessible à : www.violence-ecole.ulaval.ca

BEAUMONT, C. (2012). L’engagement du personnel scolaire dans un projet collectif de prévention de la violence: un défi de taille. Dans C. Carra, Galland, B. et Verhoeven. M. (Eds), Désordres scolaires et construction des normes à l’école (pp. 201-215). Paris: Presses universitaires de France.

BEAUMONT, C. & POULIN, R. (2012). Une de?marche re?flexive pour intervenir conjointement sur la violence et d’autres proble?matiques scolaires, Revue Non-Violence Actualite?, no. 325, Novembre-De?cembre 2012, 15-18.

COHEN, J., ESPELAGE, D., TWEMLOW, S. W., BERKOWITZ, M. W. ET COMER, J. P. (2015). Rethinking effective bully and violence prevention efforts: Promoting healthy school climates, positive youth development, and preventing bully-vitim-bystander behavior. International Journal of Violence and Schools, 15, 2-40.

DEBARBIEUX, É. (2008). Les dix commandements contre la violence à l’école. Paris : Odile Jacob.

DEPARTMENT OF EDUCATION, EMPLOYMENT AND WORKPLACE RELATION (2011). National Safe Schools Framework RESOURCE MANUAL : This resource manual provides support for schools in their implementation of the National Safe Schools, Australian Government, document téléaccessible à : http://foi.deewr.gov.au/node/20170

POULIN, R., BEAUMONT, C., BLAYA C., & FRENETTE, E. (2015). Le climat scolaire : un point central pour expliquer la victimisation et la re?ussite scolaire, Revue canadienne de l’éducation 38:1, 1-23. Téléaccessible à : http://www.cje-rce.ca/index.php/cje-rce/article/view/1640

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