Ei-iE

Résolution sur l'action syndicale pour lutter contre les politiques néolibérales dans l'éducation

Publié 11 octobre 2015 Mis à jour 31 mars 2017

Le 7e Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation (IE), réuni à Ottawa, au Canada, du 21 au 26 juillet 2015:

1. Réaffirme l’engagement de l’IE de promouvoir l’éducation en tant que droit fondamental et bien public pour tou(te)s et d’inviter instamment les gouvernements à prendre leurs responsabilités pour fournir un enseignement public gratuit de qualité;

2. Note avec beaucoup d’inquiétude les développements préoccupants que l’on peut observer non seulement en Europe, mais dans d’autres régions du monde concernant l’essor de politiques éducatives néolibérales sous couvert de lutter contre la crise économique. Les coupes budgétaires ont entraîné une réduction considérable des dépenses publiques. À cela s’ajoute le fait que la privatisation et la commercialisation des services éducatifs se développent rapidement dans le monde;

3. Exprime de vives préoccupations quant au rôle accru que jouent depuis 2011 certaines institutions internationales telles que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, qui ne cessent d’influencer les politiques mises en œuvre dans le secteur de l’éducation par les gouvernements nationaux;

4. Note que, dans la région européenne, qui revêt un caractère unique du fait de ses institutions et structures supranationales, la Troïka, qui n’a aucune légitimité démocratique, s’est immiscée dans l’élaboration des politiques éducatives et la planification des réformes structurelles publiques. Les mesures d’austérité toujours défendues par la plupart des gouvernements d’Europe méridionale, centrale et orientale affectent considérablement la qualité de l’enseignement public et l’accès à celui-ci et portent atteinte aux conditions de travail, aux rémunérations et aux pensions de retraite des enseignant(e)s et des personnels de l’éducation;

5. Déplore, à l’échelle mondiale, les pressions constantes sur le budget de l’enseignement public, qui conduisent inévitablement à la dégradation du statut de la profession enseignante. Il est inacceptable de voir la promotion de valeurs telles que la compétitivité et « l’esprit d’entreprise». L’évaluation des écoles et celle des personnels enseignants et des élèves sont souvent utilisées par les autorités éducatives comme des moyens de renforcer le contrôle sur la profession enseignante et sur les systèmes éducatifs, en particulier au travers de l’utilisation de régimes salariaux fondés sur la performance. L’éducation n’est pas une entreprise commerciale qui peut être échangée pour en tirer un profit économique privé. Les écoles de demain ne devraient pas transmettre aux élèves des connaissances et des aptitudes fondamentales fragmentées dans le seul but de permettre la transition de l’école vers le marché du travail. Elles devraient contribuer à préparer les citoyens de demain; et

6. Rappelle la résolution de l’IE de 2011 sur l’action syndicale contre les politiques néolibérales et les plans d’austérité en Europe et la résolution du Comité syndical européen de l’éducation de 2014 concernant l’impact des politiques néolibérales sur l’éducation, qui appellent toutes deux à une action coordonnée et unie des organisations membres en faveur d’un enseignement public gratuit pour tou(te)s sans discrimination.

Mandate le Bureau exécutif de l’IE afin qu’il:

7. Élabore des stratégies globales pour contrer l’impact des politiques néolibérales sur l’éducation;

8. Poursuive son travail auprès des organisations internationales actives dans le domaine de l’éducation, comme l’UNESCO, l’Organisation internationale du Travail, les Fédérations syndicales mondiales et l’OCDE, notamment; et

9. Collecte, publie et diffuse les données et les preuves relatives aux conditions de travail et aux rémunérations des enseignant(e)s et des personnels de l’éducation pour y inclure les rémunérations basées sur le mérite et les régimes salariaux fondés sur la performance. Grâce à la mise en place d’un groupe de travail sur les conditions de travail et les rémunérations, l’IE sera en mesure de présenter un rapport détaillé à ses organisations membres en vue d’élaborer des stratégies cohérentes pour améliorer la situation.