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Burkina Faso: les syndicats unis pour améliorer la condition enseignante

Publié 14 juin 2018 Mis à jour 2 octobre 2018

L’Internationale de l’Education encourage vivement les quinze syndicats de l’éducation au Burkina Faso à prendre une part active dans un projet multipartenaires visant à élaborer de façon concertée de nouvelles politiques pour les enseignant(e)s.

Le gouvernement norvégien finance un programme de deux ans dans quatre pays africains, à savoir le Burkina Faso, le Ghana, le Malawi et l’Ouganda, intitulé « Renforcer la coopération multipartenaires pour soutenir les politiques relatives aux enseignants et améliorer l’apprentissage ». Ce programme est coordonné par l’UNESCO, et comprend plusieurs acteurs internationaux: UNICEF, Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Organisation internationale du Travail, Banque Mondiale, Partenariat mondial pour l’éducation et Internationale de l’Education (IE). La première série de rencontres destinées à lancer le projet au Burkina s’est tenue du 4 au 6 juin à Ouagadougou. Afin de s’y préparer, l’IE avait organisé deux ateliers, les 12-13 avril et les 30 mai-1er juin, avec l’ensemble des 15 syndicats qui constituent la Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE).

Un grand besoin de dialogue social

Qu’il s’agisse du Rapport d’Etat du système éducatif national (RESEN), publié en 2017, ou du Plan Sectoriel de l’Education et de la Formation 2018-2030, les syndicats de l’éducation n’ont à aucun moment été conviés à apporter leur contribution en termes d’analyse et de propositions. Suite à la mobilisation intersyndicale débutée le 5 octobre 2017, la CNSE a signé avec le nouveau ministre un protocole d’accord, en janvier dernier. Depuis, une série de rencontres bilatérales de mise en œuvre du protocole est en place, indice plutôt encourageant quant à la perspective d’un dialogue permanent. D’ailleurs, certaines mesures figurant dans ce protocole figuraient dans le PSEF, comme l’attention aux enfants des familles les plus pauvres, qui sont maintenant prioritaires pour bénéficier de bourses d’études. La mesure-phare du protocole, l’adoption d’un statut valorisant pour les enseignants, fait encore l’objet de négociations. En effet, les attentes de la base sont fortes, et elle pourrait accroître la pression si les mesures prévues n’étaient pas conformes aux revendications.

Des syndicats experts et forces de propositions

Lors des ateliers organisés par l’IE, les participant(e)s ont effectué un travail approfondi sur les pistes d’actions figurant dans le PSEF, pour les trois axes accès, qualité et pilotage. La maîtrise des dossiers est un préalable indispensable à tout dialogue social de qualité, mais la tâche des syndicats est rendue très difficile par l’absence d’application d’un texte de loi qui prévoit un système de décharges syndicales.

Lors de la réunion organisée par le ministère et l’UNESCO, avec la présence de représentants du monde de l’éducation de toutes natures, les syndicats burkinabè ont très clairement exprimé leur grand intérêt pour ce projet qui se propose de soutenir l’élaboration d’une politique pour les enseignant(e)s. « Je pense que c’est un bon projet car il met l’accent sur les enseignants, pour que cela soit profitable aux apprenants », analyse Anatole Zongo, Secrétaire général du Syndicat National des Enseignants du Secondaire et du Supérieur.

Les syndicats ont en effet montré qu’ils abordaient ce travail multipartenarial avec l’esprit ouvert et avec l’intention d’être porteurs de propositions en lien étroit avec la situation sur le terrain. Ils ont souligné l’importance d’un usage judicieux et transparent des ressources disponibles.

« Ce projet constitue un test pour évaluer la volonté réelle du ministère de dialoguer de façon permanente avec les syndicats », estime Florian Lascroux de l’IE.

Pendant une année, l’IE va organiser des ateliers de formation et toutes activités susceptibles de renforcer les syndicats de la CNSE, afin de leur permettre de jouer pleinement leur rôle de représentants de la profession auprès des autorités.

Jefferson Pessi de l’IE insiste lui sur le fait que « ce type d'initiative, visant à impliquer les syndicats dans l’élaboration et la mise en œuvre des plans du secteur de l'éducation, en faisant le lien entre les objectifs politiques généraux et la concrétisation pour les enseignantes et les enseignants, est fondamental pour renforcer le mouvement syndical ».