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L’IE fait souffler un vent de jeunesse qui renforce les syndicats au Sénégal et en Côte d’Ivoire

Publié 27 juin 2018 Mis à jour 1 octobre 2018

La continuation du programme mené par l’Internationale de l’Education au Sénégal et en Côte d’Ivoire vise à obtenir des résultats en termes de syndicalisation, d’implication des jeunes militant(e)s dans les instances des syndicats, et de renforcement de l’unité syndicale.

Depuis 2015, la Fondation Friedrich Ebert a permis à l’Internationale de l’Education (IE) d’organiser des ateliers de formation de jeunes militant(e)s de plusieurs pays d’Afrique francophone.

Les jeunes militant(e)s ayant participé aux ateliers de 2015 à 2017 ont décrit les difficultés auxquelles ils/elles avaient fait face, pour faire prendre en compte la question des jeunes dans leur organisation et mettre en œuvre les plans d’action qu’ils/elles avaient élaborés. Certain(e)s ont surmonté ces obstacles et obtenu des résultats concrets tout à fait intéressant, comme la création d’un poste de secrétaire national(e) en charge des jeunes. Les secrétaires généraux/ales des syndicats, de leur côté, ont noté le bénéfice de ces formations.

« J’ai remarqué que suite aux ateliers, les jeunes intervenaient de façon beaucoup plus constructive », déclare Siaka Traoré, Secrétaire général du SYNESCI de Côte d’Ivoire. « Lorsque je me suis rendu en tournée dans les  régions, j’ai observé que lorsque le jeune militant s’adressait aux jeunes collègues, son message passait davantage », constate Paul Gnelou, secrétaire général du SNEPPCI de Côte d’Ivoire.

Des jeunes militant(e)s engagé(e)s

Le premier atelier du programme 2018-2020 (« Jeunes enseignant(e)s pour une éducation de qualité et des syndicats efficaces - Renforcement des capacités pour le leadership, l'unité et le renouvellement dans les syndicats de l’éducation ») s’est tenu du 19 au 21 juin à Dakar, au Sénégal, avec deux jeunes (un homme, une femme) de chacun des six affiliés du Sénégal et de Côte d’Ivoire.

Pendant trois journées, des travaux de groupes ont conduit les participant(e)s à définir les qualités d’un(e) militant(e) syndical(e), à identifier toutes les implications du paiement des cotisations syndicales, à cerner les chemins vers l’unité, à analyser les différences entre enseignement public et enseignement privé, ainsi que les enjeux qui s’y rattachent, qu’il s’agisse des libertés syndicales ou de la qualité de l’éducation. Trois journées de contributions riches et de débats intenses, qui ont fait émerger d’autres questions, comme le lien entre syndicalisme et politique, ou encore la nécessité stratégique pour les syndicats de ne pas en rester aux seules questions de salaires et de carrière, mais de traiter également les problèmes liés aux conditions de travail, les questions professionnelles et celles relatives aux conditions d’apprentissage pour les jeunes.

Recruter de jeunes membres, un enjeu vital pour les syndicats

Pourquoi est-il important de recruter des jeunes dans des syndicats? Les réponses des jeunes participant(e)s sont multiples. D’abord, tout simplement parce que « ce métier est embrassé par beaucoup de jeunes », constate Abdoul Khadry Ghassama, du SELS du Sénégal. « C’est important d’avoir plus de jeunes pour avoir des idées neuves », estime Joëlle Zobo, du SYNAFETP de Côte d’Ivoire. Les jeunes également sont plus disponibles, « ils apportent leur bénévolat », observe Abiba Diarrassouba, de la CNEC de Côte d’Ivoire. Et en conséquence ils peuvent contribuer à la syndicalisation, « ils ont moins de contraintes pour se déplacer dans les zones les plus reculées du pays », renchérit Aïssatou Seck, du SELS du Sénégal.

Comment faire pour recruter davantage de jeunes?

Seydou Kasse, de l’UDEN du Sénégal, préconise aussi de « commencer par faire des campagnes de sensibilisation dans les écoles de formation, leur faire savoir qu’ils ont le droit de se syndiquer ». A tous les stades, dès la première affectation, le syndicat doit être présent: « Lorsque l’enseignant est affecté dans une localité, il faut que le secrétaire général de la section syndicale puisse l’accueillir, lui propose un soutien pour ses cours etc. Il ne faut pas lui parler directement du syndicat, mais l’aider s’il a des problèmes pour se loger par exemple », propose notamment Julien Yoman, du SYNAFETP de Côte d’Ivoire. Ensuite, la formation syndicale est fondamentale: « Par la formation, la sensibilisation, on peut arriver à convaincre les jeunes du fait qu’ils peuvent assurer cette relève », assure Mame Yacine Niang, du SYPROS du Sénégal.

Les réseaux sociaux, où les jeunes enseignant(e)s sont massivement présent(e)s, peuvent constituer un vecteur intéressant. « on peut créer par exemple un groupe d’échanges pour une promotion. Et ensuite proposer des thèmes qui intéressent le jeunes. Si l’on crée un cadre de dialogue, ils vont réaliser qu’ils sont écoutés, et ils vont venir militer dans le syndicat », ajoute Julien Yoman.

Les directions syndicales ont aussi un rôle à jouer, une responsabilité, car, « si le syndicat veut se pérenniser, renouveler ses forces, être dynamique, c’est bon que le syndicat ait une véritable politique de recrutement. Il faut que les dirigeants prennent conscience que l’action syndicale ne peut pas se pérenniser sans la jeunesse », affirme Jules Goué, du SYNESCI de Côte d’Ivoire.

Des perspectives intéressantes

Les secrétaires généraux des affiliés du Sénégal estiment de leur côté que les jeunes peuvent jouer un rôle important dans le lent processus vers l’unité. Ils ont proposé de créer un groupe « Jeunes » de la structure de l’IE au Sénégal, l’Union Syndicale pour une Education de Qualité (USEQ). Ce groupe pourrait, en lien avec les priorités des syndicats, initier et conduire des activités spécifiques aux jeunes enseignant(e)s.

En outre, la nécessité de trouver des moments pour que les jeunes se retrouvent, entre deux ateliers annuels, a été pointée. Et de façon plus générale encore, les affiliés vont devoir trouver les moyens d’une démultiplication, en s’appuyant sur le noyau de jeunes ayant participé à la formation. La conférence régionale Afrique qui se tiendra en novembre 2018, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, va constituer la prochaine étape d’un processus global de renforcement des syndicats par le renouvellement des générations.