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Colombie: stop à la vague de violence et de harcèlement visant les syndicaliste du secteur de l'éducation!

Publié 10 juillet 2018 Mis à jour 17 juillet 2018

L'Internationale de l’Education soutient son affilié, la Federación Colombiana de Educadores, dénonçant et condamnant fermement les assassinats et autres menaces visant les éducateurs/trices, les syndicalistes et les leaders sociaux/ales colombien(ne)s.

Plusieurs enseignant(e)s ont été assassiné(e)s, menacé(e)s et pris(es) pour cibles par des groupes violents sévissant en Colombie.

Le défenseur des droits humains colombien, Carlos Alfonso Negret, a déploré l'assassinat de 311 leaders sociaux/ales et défenseurs/euses des droits humains dans le pays entre le 1er janvier 2016 et le 30 juin 2018.

Rien qu'au mois de mai, quatre enseignant(e)s syndicalistes ont été tué(e)s dans différentes régions du pays, à savoir Holman Mamián Mamián à Cauca, Evelia Atencia Pérez et Hernando Manjarrez Escudero à La Guajira, et Delmayro Reyes González à Valle del Cauca. Six autres personnes ont été victimes d'agressions, dont une blessée, dans un camion à Arauca.

Deyanira Ballesta, une enseignante du département de Bolivar, a également reçu des menaces de mort qui, enregistrées et mises en ligne, font désormais la une de l'actualité nationale. D'une voix glaçante, un homme lui lance: « Quittez cette région ou je vous tue. Vous savez que nous avons le pouvoir de tuer qui nous voulons. Vous comprenez? J'inviterai les responsables de l'éducation à venir récupérer votre cadavre. » Ballesta vit désormais sous protection dans un endroit tenu secret.

Le 3 juillet, six leaders sociaux/ales ont été tué(e)s à Chocó, dans la municipalité de Palmar de Varela, durant la rencontre de la Coupe du monde opposant la Colombie à l'Angleterre, notamment Ana María Cortés, tuée à Cáceres, dans le département d'Antioquia; Luis Barrios Machado, à Palmar de Varela, dans le département de l'Atlántico; Felicinda Santamaría, à Chocó, dans la municipalité de Quibdó; et Margarita Estupiñán à Vaquerío, dans la région d'El Recreo.

Le 7 juillet, l'enseignant Frank Darío Rincón a été poignardé à mort dans le centre de Pitalito, à Huila.

L'enquête concernant ces meurtres est toujours en cours

La Federación Colombiana de Educadores(FECODE) a dénoncé ces crimes et ces actes de violence, appelant à la protection de l'ensemble des enseignant(e)s et éducateurs/trices.

Dans un communiqué daté du 26 juin, le syndicat d'enseignants demande de « respecter la vie de tous les éducateurs du pays, rejetant avec véhémence ces actes de violence utilisés comme armes politiques contre les enseignants ». Exprimant sa solidarité avec les familles et ami(e)s des enseignant(e)s, le syndicat s'est opposé catégoriquement à ce que ces terribles événements soient utilisés à des fins politiques.

Le syndicat explique également: « Tout le monde sait que les opérations de trafic, les organisations criminelles, la violence régionale et d'autres personnes impliquées représentent une menace permanente pour les enseignants et les établissements scolaires du pays ».

En tant qu'éducateurs/trices, « nous vivons constamment sous la menace, sans défense et à la merci de ceux et celles qui nous veulent du mal », a déploré la FECODE.

Soulignant que, dans certains cas, les autorités colombiennes ont déjà interpellé les responsables, mais sans fournir d'informations sur les raisons de leurs actes, la FECODE demande aux autorités d'ouvrir une enquête à propos de ces meurtres et de mettre en place des mesures de sécurité pour protéger les enseignant(e)s ayant fait l'objet de menaces, rappelant à chacun(e) que « les écoles sont des lieux de paix ».

Vidéo de la FECODE condamnant les meurtres et demandant l'ouverture d'une enquête dans ce cadre

Le 5 juillet, le Bureau des Nations Unies pour la Colombie a également publié une déclaration dans laquelle il « condamne avec véhémence les assassinats des défenseurs des droits humains et des leaders sociaux ».

Ce même jour, la fédération syndicale colombienne CUT a, elle aussi, publié une déclaration condamnant « ces actes abominables », demandant « des mesures immédiates de la part des autorités » et invitant la population colombienne à participer aux mobilisations « pour la paix et la vie » qui seront organisées le 7 août à travers l'ensemble du pays, en vue de « dénoncer et faire cesser cette vague de violence ».

Contexte

L'Internationale de l’Education (IE) est bouleversée de constater une nouvelle dégradation de la situation des éducateurs/trices et des militant(e)s syndicaux/ales, après plusieurs décennies de violations extrêmes des droits humains dans le pays.

En mai 2017, l'IE a lancé un appel à l'action urgente demandant à la communauté internationale d'exprimer sa solidarité à l'égard des éducateurs/trices colombien(ne)s, suite à l'explosion d'une bombe devant le siège de la FECODE à Bogotá, ayant entraîné des dommages importants aux équipements, tant au siège que dans les habitations voisines. A cette période, l'IE avait instamment demandé aux autorités colombiennes d'approfondir l'enquête visant à identifier les responsables des attaques et de proposer des solutions pertinentes et durables pour soutenir et promouvoir l'enseignement public gratuit et de qualité. L'IE a également souligné que « la communauté éducative colombienne mérite que les autorités protègent et respectent le personnel enseignant et l'ensemble des employés de l'éducation et reconnaissent leurs contributions efficaces à l'édification de sociétés où règnent la paix, la tolérance, le respect et la coexistence ».

Une étude de l'IE publiée en 2009, consacrée à la violence politique dirigée contre les enseignant(e)s syndicalistes colombien(ne)s, est également disponible ici.