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Les éducateur·rice·s dressent le bilan de la situation du système éducatif dans la région du Kurdistan irakien

Publié 27 mai 2019 Mis à jour 4 mars 2022

Les syndicalistes du secteur de l’éducation membres du Kurdistan Teachers’ Union et de l’Iraqi Teachers’ Union ont fait le bilan de la situation de l’éducation dans la région du Kurdistan irakien, exhortant les autorités publiques responsables à faire de l’éducation une priorité et à allouer un budget suffisant à ce secteur.

L’ Iraqi Academic Club au Royaume-Uni a tenu un séminaire à Londres le 25 avril dernier pour les membres des deux syndicats, à savoir le Kurdistan Teachers’ Union(KTU) et l’ Iraqi Teachers’ Union(ITU). Cet événement a accueilli un grand nombre d’universitaires irakien·ne·s, d’expert·e·s, et de représentant·e·s du gouvernement régional du Kurdistan, l’instance de gouvernance officielle de la région autonome du Kurdistan irakien.

Le Président du KTU, Abdalwahed M. Haje, a présenté la situation actuelle de l’éducation, ainsi que les principaux problèmes que rencontre ce secteur au Kurdistan, en particulier:

  • L’absence de philosophie éducative et de lignes directrices pour encadrer les projets culturels et atteindre les objectifs fixés.
  • L’insuffisance des budgets alloués aux ministères de l’Education et de l’Enseignement supérieur. La région nécessite la construction de 400 établissements scolaires modernes, l’introduction de programmes de formation en cours de service et la définition de normes professionnelles de base, davantage centrées sur la formation professionnelle et les individus ayant des besoins spéciaux.
  • Le nombre croissant de populations syriennes déplacées vers l’ouest et le sud de l’Irak, près de 1.200.000 personnes, nécessitant des services tels que l’éducation et l’approvisionnement en eau et en électricité. La région du Kurdistan a la responsabilité de fournir ces services à près de 300.000 d’entre elles.
  • L’influence du radicalisme intellectuel et religieux, responsable des menaces et des attaques dans l’est et le centre de l’Irak, a contribué à la prolifération des idées radicales, forçant ainsi nombre de citoyen·ne·s de ces régions à vivre sous le joug d’une idéologie pure et dure. S’il est vrai que l’Etat islamique (EI) a été vaincu militairement, il n’en demeure pas moins que ses idées survivent et continuent d’être diffusées.
  • Plusieurs communautés religieuses présentes au sein de la population (yézidies, chrétiennes et Ka'akiyeh) ont dû faire face à de nombreuses attaques et menaces terroristes. Des milliers de membres de ces communautés ont été assassiné·e·s ou emprisonné·e·s, en particulier les femmes, les enfants et les jeunes. Le groupe terroriste EI retient encore toujours 3.000 prisonnièr·e·s, tandis que des milliers d’enfants ne peuvent accéder à l’éducation dans ces régions.

Afin de répondre à ces problèmes, la haute direction du KTU propose les solutions suivantes:

  • L’éducation doit faire partie des priorités du gouvernement régional.
  • Un budget approprié doit être fixé pour l’éducation et l’enseignement supérieur.
  • L’efficacité des enseignant·e·s doit être évaluée, tandis que des programmes de formation doivent leur être offerts.
  • Créer des centres de recherche et d’investigation en vue d’identifier les lacunes et y remédier.
  • Préparer des programmes d’études, notamment pour l’enseignement professionnel.
  • Réduire la bureaucratie et accorder davantage de liberté pour pouvoir étudier, afin de renforcer la relation entre la faculté et la communauté estudiantine.
  • Accorder davantage d’attention aux écoles maternelles et à l’éducation précédant l’enseignement obligatoire.
  • Accorder davantage la priorité aux écoles proposant des cours en matinée. Les recherches confirment en effet que l’enseignement dispensé le matin se veut plus efficace (97 %) que celui proposé en soirée (73 %).
  • Réduire les différences entre écoles publiques et privées. Le gouvernement doit jouer son rôle et respecter les dispositions légales.

Les participant·e·s ont reconnu que le gouvernement ne semble pas manifester un grand intérêt pour l’éducation, raison pour laquelle les syndicats d’enseignant·e·s devraient exercer davantage de pression sur le gouvernement en vue de garantir un financement suffisant pour offrir une éducation de qualité.