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Internationale de l'Education
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Les enseignants philippins remportent leur lutte contre l'exploitation

Publié 21 décembre 2012 Mis à jour 4 janvier 2013

Au début de cette semaine, un tribunal fédéral américain de Los Angeles a exhorté une agence de recrutement à verser des dommages et intérêts d'un montant de 4,5 millions de dollars américains à 350 enseignant(e)s philippin(e)s. Recruté(e)s dans le cadre d'un programme d'accueil de travailleurs, ces enseignant(e)s avaient été forcé(e)s de signer des contrats abusifs dès leur arrivée aux Etats-Unis.

Ecoutez le reportage de RadioLabour sur cette affaire!

Désolé, votre navigateur ne prend pas en charge cette piste audio. N'hésitez pas à télécharger directement le reportage à partir du site Web de RadioLabour (lien ci-dessous) Source : RadioLabour

Au terme de deux semaines de procès, un tribunal fédéral américain de Los Angeles, où l'agence de recrutement Universal Placement International est enregistrée, s'est prononcé sur ce recours collectif. Les poursuites ont été engagées au nom des enseignant(e)s par l' American Federation of Teachers(AFT), un affilié de l'Internationale de l'Education aux Etats-Unis, ainsi que par le Southern Poverty Law Center, une organisation pour les droits civiques à but non lucratif et visant à promouvoir la justice pour les citoyen(ne)s les plus vulnérables.

Les enseignant(e)s ont commencé à affluer aux Etats-Unis en 2007 dans le cadre d'un programme d'accueil de travailleurs permettant à des ressortissants étrangers disposant de compétences particulières de travailler sur le territoire américain pendant une période maximale de six ans. En vue d'obtenir un emploi, la plupart des enseignant(e)s ont été contraint(e)s de verser à l'agence une cotisation d'environ 16.000 dollars américains (soit l'équivalent de plusieurs fois le revenu moyen d'un ménage aux Philippines).

Presque tous les enseignant(e)s ont dû emprunter de l'argent afin de pouvoir s'acquitter de cette cotisation de recrutement. Les recruteurs ont conseillé aux enseignant(e)s de se tourner vers des prêteurs privés qui facturaient entre 3 et 5 pour cent d'intérêts mensuels. Les enseignant(e)s ont été contraint(e)s de payer ces frais exorbitants, au risque de compromettre les investissements considérables qu'ils avaient déjà réalisés lors du processus de recrutement. Les recruteurs ont même confisqué leurs passeports et leurs visas jusqu'à la réception du paiement.

Outre le versement de cotisations initiales, les enseignant(e)s ont été contraint(e)s d'accepter de céder près de 10 pour cent de leur salaire. Les enseignant(e)s ayant refusé de signer les contrats ont été menacé(e)s d'être renvoyé(e)s chez eux/elles sans récupérer les milliers de dollars qu'ils/elles avaient d'ores et déjà versés. Ces contrats ont été déclarés illégaux et inexécutables par le tribunal en charge de cette affaire.

« Ce verdict révolutionnaire réaffirme le principe selon lequel tous les enseignant(e)s travaillant dans nos écoles publiques doivent être traité(e)s de façon équitable, quel que soit leur pays d'origine », a déclaré Randi Weingarten, Présidente de l'AFT. « Ces abus scandaleux illustrent de façon dramatique les situations d'exploitation pouvant se produire lorsqu'aucun contrôle digne de ce nom n'est exercé sur le secteur du recrutement professionnel. Les pratiques appliquées dans le cadre de cette affaire, à savoir des contrats de travail conclus sous la contrainte et autres arrangements rappelant la servitude, ne doivent pas avoir leur place sur les lieux de travail du XXIe siècle. »

Selon Fred van Leeuwen, Secrétaire général de l'IE, « Les affiliés de l'IE du monde entier ont mis en lumière les violations bien trop fréquentes des droits humains et syndicaux fondamentaux des migrant(e)s. La contribution positive de ces travailleurs/euses migrant(e)s dans leur pays d'origine comme dans leur pays d'accueil doit être reconnue. En outre, leur bien-être et leurs droits doivent résider au cœur des politiques et des accords. Ce verdict envoie un message clair : les pratiques d'exploitation et d'abus à l'encontre des enseignant(e)s migrant(e)s ne peuvent être tolérées. Nous saluons ce pas en avant dans la bonne direction. »

Le 6e Congrès mondial de l'Internationale de l'Education, qui s'est tenu en juillet 2011 au Cap, en Afrique du Sud, a adopté une résolution sur la migration et la mobilité enseignantes affirmant « sa conviction que le phénomène migratoire doit être abordé dans une politique de respect des droits humains, conformément aux instruments fournis par la démocratie ».

Pour consulter la résolution dans son intégralité, veuillez cliquer ici : http://pages.ei-ie.org/library/fr/libraries/detail/172