L'IE rejoint la délégation syndicale internationale à l'ambassade de Turquie
Aux côtés des représentants de la Confédération syndicale internationale (CSI), de la Confédération européenne des syndicats (CES) et des centres syndicaux belges, la FGTB et la CGSLB, l’IE a rencontré le conseiller de l'ambassadeur turc le 26 février dernier, à Bruxelles.
Cette rencontre avait pour objectif de faire part des inquiétudes du mouvement syndical international à l’égard du conflit social qui sévit au sein de l'entreprise de tabac TEKEL.
TEKEL était une société publique qui a récemment été vendue à British American Tobacco. En décembre 2009, à la suite de la vente et de la privatisation de l'entreprise, le gouvernement turc avait annoncé la fermeture de 12 usines ainsi que la réaffectation de 10.000 employés dans d'autres secteurs publics sous des contrats précaires, impliquant ainsi des baisses de salaire pouvant aller jusqu'à 40 % et une réduction des droits en matière d'emploi.
Cette annonce a suscité de nombreuses manifestations de la part des travailleurs, auxquelles le gouvernement a répondu par une répression policière généralisée. En gage de soutien aux travailleurs de TEKEL, la confédération des syndicats turcs (Türk-Is) a organisé une grève générale nationale le 4 février dernier.
Lors de sa visite à l'ambassade, la délégation syndicale a formellement exhorté les autorités turques à ne plus recourir à la violence à l’encontre les travailleurs en grève. La délégation a également fait part de ses inquiétudes au regard de la détérioration de la situation des syndicats en Turquie, dénoncée en 2009 par le Rapport annuel des violations des droits syndicaux de la CSI.
Une copie de la motion d'urgence sur la Turquie, adoptée par le Bureau exécutif de l'IE en décembre 2009, a été remise au représentant de l'ambassadeur. Cette motion appelle les autorités turques à cesser tout recours aux tribunaux contre les syndicats.
La violation des droits syndicaux en Turquie ne se limite pas aux travailleurs de TEKEL. Dominique Marlet, représentante de l'IE au sein de la délégation et coordinatrice pour les droits humains et syndicaux, a attiré l'attention sur toute une série d'attaques commises par les autorités turques à l'encontre des syndicats d'enseignants, dont « l’occupation et la perquisition des locaux du syndicat par les forces de police, l’arrestation et la mise en détention préventive de dirigeants syndicaux et le recours à une violence excessive par la police envers des enseignants lors de manifestations pacifiques ».
La CES a notamment regretté le manque d'efforts la Turquie au regard du chapitre social dans les négociations d'adhésion avec l'Union européenne.
Au début du mois de mars, la Commission d’experts de l’OIT enverra une mission tripartite en Turquie. Elle adressera ensuite aux autorités turques des recommandations sur le respect des droits syndicaux fondamentaux : la liberté d'association, d'expression, de réunion pacifique et de négociation collective.
L’IE continuera à suivre de près la situation en Turquie.