L’IE condamne la tentative de coup en Equateur
Suite au renversement, au souvenir encore présent dans les esprits, du président Zelaya du Honduras en 2009, l’IE a condamné la tentative de coup d’État en Equateur.
Elle a exprimé sa volonté de défendre le principe des gouvernements élus démocratiquement dans toutes les régions.
Le 30 septembre, une manifestation de la police, destinée à protester contre des diminutions possibles d’avantages sociaux, a dégénéré alors que les forces de l’ordre, en colère, ont commencé à lancer des gaz lacrymogènes et à s’en prendre à Rafael Correa, Président de l’Equateur, alors qu’il communiquait avec elles dans des baraquements de l’armée.
Lorsque la police a commencé à manifester, des services de l’aviation militaire ont pris le relais en fermant les aéroports et en suspendant des vols, alors que des groupes de civils rejoignaient le soulèvement. Les manifestants ont ensuite encerclé le bâtiment, piégeant et maintenant enfermé le président pendant plus de 12 heures.
Le président Correa fut ensuite sauvé par une élite militaire et a déclaré que les troubles représentaient une tentative de coup ayant plongé le pays dans un état d’urgence.
Les manifestations représentent le défi le plus grand pour le président Correa, ancien professeur universitaire en économie, ayant été élu en 2007 et lors d’un second mandat en 2009, promettant une révolution sociale en faveur des indigents. Ancien ministre de l’Economie, il fut forcé de démissionner au bout de quatre mois après avoir publiquement critiqué la Banque mondiale car elle refusait d’accorder un prêt à l’Équateur.
Les récents chiffres indiquent que le gouvernement du président Correa a doublé les investissements en matière de sécurité sociale, accroissant les dépenses publiques tout en ayant réussi à annuler une dette à l’étranger de 3,2 milliards de dollars américains, s’étant révélée avoir été contractée illégalement. L’économie de l’Equateur a également réussi à échapper à la récession de 2009 et prévoit une croissance de 2,5 % cette année.
Prenant note du coup d’Etat au Honduras en 2009, ayant réussi illégalement à destituer le président Zelaya et à le faire quitter son pays natal, le président de l’Equateur a déclaré : « Nous avons reçu quelques informations permettant d’indiquer qu’après Zelaya, c’était mon tour. Cette prédiction s’est révélé être vraie. »
L’Union des nations sud-américaines (UNASUR) a condamné la tentative de coup. Le secrétaire général de l’UNASUR, Néstor Kirchner, a déclaré : « L’Amérique du Sud ne peut tolérer que des intérêts corporatifs viennent menacer et faire pression sur des gouvernements élus démocratiquement par peur de perdre des avantages indus. »
Lors d’une déclaration faite à la suite d’un sommet d’urgence à Buenos Aires, le président argentin, Cristina Fernández s’est joint à Evo Morales de Bolivie, Juan Santos de la Colombie, Sebastián Piñera du Chili, Alan García du Pérou, José Mujica de l’Uruguay et Hugo Chávez du Vénézuela, sans oublier à des délégués du Brésil et du Paraguay, afin de réagir face à la rébellion de la police ayant mis en difficulté le gouvernement de l’Équateur. Ils ont exprimé leur « profond engagement » en faveur de la préservation de la démocratie, en condamnant « vigoureusement » la « tentative de coup et le kidnapping du président Rafael Correa » tout en demandant que les responsables soit poursuivis en justice et punis.
Ils ont également déclaré qu’ils ne sauraient « tolérer toute opposition aux autorités constitutionnelles ou toute tentative de coup contre le pouvoir civil légitimement élu et, en cas de crises ultérieures, prendraient des mesures immédiates et notamment, la fermeture des frontières, la suspension du commerce, du trafic aérien ainsi que de la fourniture d’énergie et de services. »
Professeur de théorie politique à l’Université de Buenos Aires en Argentine, Atilio Borón, a déclaré : « La réaction de l’UNASUR, sans compter la défense de la démocratie par le peuple Equatorien déferlant dans les rues, fut plus intense qu’au Honduras mais aussi décisive quant à la prévention d’une conspiration dégénérant en coup ; objectif final de la manifestation des forces de l'ordre."
Bien que la déclaration finale n’ait pas spécifiquement mentionné le Honduras, le spectre du coup de 2009, ayant destitué le président Zelaya et le faisant quitter son pays par avion face aux fusils, était bien palpable. Le ministre des Affaires étrangères d’Argentine, Héctor Timerman, a déclaré que les pays de l’UNASUR ne laisseraient pas la crise s’envenimer, ajoutant : « Nous allons mettre des limites en ce qui concerne le Honduras. »
L’UNASUR n’a pas reconnu le leader hondurien et, en Amérique du Sud, les seuls pays ayant repris leurs relations avec le Honduras sont la Colombie, le Pérou et le Chili.