Chili : après le sauvetage des mineurs, il faut garantir la santé et la sécurité des travailleurs
L’IE et son affilié chilien, Colegio de Profesores, demandent de garantir les droits des travailleurs à la santé et à la sécurité sur le lieu de travail.
Le président du syndicat chilien Colegio de Profesores, Jaime Gajardo, a déclaré : « Nous sommes contents que les mineurs de San José aient été sauvés. Nous pensons que la vie l’a emporté, que les droits de l’homme l’ont emporté et que les habitants du Chili l’ont emporté.
« Il est important que tous les gouvernements s’attaquent au problème de la sécurité au travail avec une législation concrète qui garantirait la participation du travailleur. Dans notre pays, nous devons également rendre le travail de tous les Chiliens plus humain » a-t-il ajouté.
« Le travail précaire et le manque de sécurité sont profondément ancrés aujourd’hui, pas seulement dans l’industrie minière, mais dans tous les secteurs. Nous devrions fournir plus de protections aux travailleurs par rapport à la santé et la sécurité » a précisé Gajardo.
Ailleurs, le Directeur général de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), Juan Somavia, a déclaré : « En tant que Directeur général de l’OIT et en tant que Chilien, je partage l’émotion de millions de personnes à travers le monde à la vue de ces héros revenus des entrailles de la terre. Nous ne pouvons oublier comment a débuté cette dramatique histoire : les mineurs sont restés pris au piège sous terre parce que les mesures de sécurité étaient insuffisantes. C’est une réalité que l'OIT connaît bien.»
Somavia ajoute : « le secteur minier emploie près d’un pour cent de la main-d’œuvre dans le monde, mais compte, à lui seul, huit pour cent des accidents mortels (…). Chaque jour, 6300 personnes meurent dans le monde des suites d’un accident ou d’une maladie liés au travail, soit plus de 2,3 millions de décès par an. De surcroît, 337 millions d’accidents se produisent chaque année sur le lieu de travail. »
Les 70 syndicats nationaux des mineurs affiliés à la Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de l’énergie, des mines et des industries diverses (ICEM) ont suivi de près la situation après cette catastrophe et ont envoyé des messages de solidarité. L’ICEM estime qu’au moins 12 000 mineurs sont tués chaque année au travail.
Le secrétaire du secteur Mines de l’ICEM, Joe Drexler, a déclaré : « Les syndicats des mineurs applaudissent les efforts du gouvernement chilien et la réaction internationale. Toutefois, les syndicats sont inquiets de ce qui va se passer après le sauvetage. Est-ce que cet incident international et dramatique incitera les gouvernements et les employeurs à mieux protéger la vie des mineurs ? Cette question ne s’adresse pas seulement au Chili, mais à tous les gouvernements et employeurs dans le monde. »
Drexler a signalé que la raison principale des « tragédies à répétition dans les mines est l’opposition du gouvernement et des employeurs à la syndicalisation. Tant que les mineurs ne disposent pas de droits protégés par un syndicat et une convention collective de travail, ils seront forcés de travailler dans des conditions qui mettent leur vie en danger. Au Chili, la législation du travail est faible. Les employeurs ne sont pas obligés de négocier même après la création d’un syndicat et plusieurs syndicats peuvent exister sur un site, ce qui profite aux employeurs qui sont en mesure de continuer à diviser les travailleurs. »
Drexler a ajouté : « À moins que les gouvernements n’améliorent les lois concernant le secteur minier et la législation du travail, il n’y aura aucune amélioration des conditions de travail des mineurs. Le Président du Chili, Sebastián Piñera, qui a paradé devant les caméras du monde entier et dont la popularité est montée en flèche depuis l’effondrement de la mine, est clairement opposé aux syndicats. »
« Une seconde cause majeure de catastrophes minières est la faible mise en application des lois et règlementations pour le secteur minier. L’ICEM soutient la convention 176 de l’OIT sur la sécurité et la santé dans les mines depuis 1995. Elle a été développée sur une base tripartite avec les syndicats, les gouvernements et les employeurs pour assurer que les lois et les règlementations respectent les normes essentielles pour assurer la protection des mineurs. Toutefois après 15 ans, seuls 24 pays ont ratifié la Convention », affirme Drexler.
Le sort des travailleurs chiliens a engendré une vague de solidarité dans le monde entier. Le Secrétaire général du Trades Union Congress au Royaume Uni, Brendan Barber, a envoyé une lettre à l’ambassadeur chilien pour « appeler le gouvernement chilien à ratifier la convention 176 de l’OIT sur la sécurité et la santé dans les mines car cela serait un pas vers la mise en place des systèmes nécessaires pour assurer qu’une pareille catastrophe ne se reproduise plus dans l’industrie minière chilienne. »