Les Emirats arabes unis prennent des mesures répressives contre l’Association des enseignants
L’IE a condamné la prise de contrôle brutale de l’Association des enseignants aux Emirats arabes unis, une importante organisation de la société civile appelant à davantage de démocratie dans le pays.
Un décret a été signé, le 2 mai, par la ministre des Affaires sociales, Mariam Mohammed Khalfan Al Roumi, pour dissoudre le comité directeur élu de l’Association des enseignants et le remplacer par des membres nommés par l’Etat. Ce décret est similaire à celui promulgué par la ministre, le 21 avril, qui dissolvait le conseil de l’Association des juristes. L’action de la ministre fait suite à un appel public à une plus grande démocratie dans le pays, lancé le 6 avril et signé par les deux associations conjointement avec deux autres organisations non gouvernementales.
L’Association des enseignants a été fondée en 1980 pour représenter et défendre les droits des enseignants et compte plus de 280 membres aux Emirats. Les enseignants se plaignent régulièrement de leurs bas salaires malgré leurs qualifications de haut niveau. De nombreux enseignants ont quitté la profession en raison des salaires insuffisants et Dubaï est à présent confronté à une pénurie d’enseignants.
Le Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen, a affirmé: « Cette attaque délibérée contre les associations professionnelles préconisant le respect de la démocratie et des droits fondamentaux des travailleurs est inacceptable. Les autorités des Emirats arabes unis doivent immédiatement mettre fin à leur prise de contrôle hostile de la société civile, libérer les militants pacifiques pour la démocratie et établir sans délai un dialogue sur les réformes nécessaires dans le pays avec les représentants légitimes des travailleurs. Dans le cas contraire, les autorités des Emirats arabes unis rejoindraient ces régimes considérés par la communauté internationale comme responsables de la répression des droits syndicaux et de la démocratie politique. »
Selon le décret ministériel, l’Association des enseignants a violé la section 16 de la loi sur les associations de 2008 des Emirats arabes unis, qui interdit aux organisations non gouvernementales et à leurs membres de s’ingérer « dans la politique ou des questions portant atteinte à la sûreté de l’Etat et à son régime au pouvoir ». Le décret ministériel contre l’Association des juristes cite la même violation. La loi sur les associations contrôle étroitement les organisations non gouvernementales autorisées à opérer aux Émirats arabes unis.
Depuis le 8 avril, les Emirats arabes unis détiennent au moins cinq militants importants en faveur de la démocratie pour avoir prétendument commis des actes qui « constituent une menace pour la sûreté de l’Etat », « compromettent l’ordre public », « s’opposent au système gouvernemental » et « constituent une offense au Président, au Vice-président et au Prince héritier d’Abu Dhabi ». Les forces de sécurité ont détenu, le 10 avril, Nasser bin Ghaith, professeur d’économie à l’université Paris-Sorbonne d’Abu Dhabi, qui avait critiqué les autorités des Emirats arabes unis pour ne pas avoir entrepris de réformes politiques significatives.
L’IE assure les associations d’enseignants de son soutien et de sa solidarité en cette période difficile et a rejoint le mouvement syndical international dans le cadre de la coordination d’actions internationales visant à protéger les droits syndicaux et des travailleurs dans la région. L’IE n’entretient pas encore de relations formelles avec l’Association des enseignants aux Emirats arabes unis.