Le Chili se mobilise pour l'enseignement public
Ces derniers mois, la société civile chilienne s'est organisée en masse pour défendre le droit à un enseignement public gratuit pour toutes et pour tous.
Mené par les syndicats d'enseignants, ce puissant mouvement populaire exige une profonde réforme du système éducatif chilien. Au Chili, le processus de privatisation de l'éducation, initié dans les années quatre-vingts sous la dictature du Général Pinochet, s'est renforcé sous le gouvernement actuel de Sebastián Piñeira, obligeant ainsi l'ensemble de la société chilienne à se mobiliser en masse pour le droit fondamental à un enseignement public gratuit et de qualité.
Le mouvement social pour l'enseignement public, mené par des syndicats d'étudiants et d'enseignants, a permis de faire davantage pression sur le gouvernement en appelant à un véritable dialogue national au regard de l'éducation, pouvant inclure un référendum.
Le Colegio de Profesores de Chile, un affilié de l'IE, a récemment présenté une proposition intitulée Acuerdo social por la educación (Accord social pour l'éducation), en collaboration avec les fédérations d'étudiants. Cette proposition exige de mettre un terme au profit dans l'éducation par le biais de mesures concrètes telles que la décentralisation sans privatisation, ou encore la garantie du financement de l'enseignement supérieur.
Cette proposition fut rejetée par le ministre de l'Education, Felipe Bulnes, qui a préféré proposer des solutions pour un petit groupe d'étudiant(e)s, cherchant ainsi à diviser le mouvement de l'intérieur. Ainsi, la contre-proposition du gouvernement chilien intègre une plus forte privatisation. La liberté de l'éducation se limite à la liberté de choisir l'enseignement, pour ceux qui en ont les moyens.
Début mai, on a pu observer sur l'ensemble du territoire chilien des mobilisations fortement réprimées par les forces de police. Plus de 800 personnes ont été arrêtées, dont de nombreux mineurs. « Lorsque la répression constitue l'unique forme de dialogue, il est impossible de parvenir à un accord », a réagi, dans un communiqué, le Colegio de Profesores de Chile(CPC), affilié de l'IE.
Loin de se lamenter, le peuple chilien est descendu dans les rues le 18 août dernier, à l’occasion d'une manifestation baptisée la « Marche des parapluies », en référence aux milliers d'étudiant(e)s, d'enseignant(e)s et de citoyen(ne)s qui ont défilé sous une pluie battante, qui n'a pas eu raison de cette manifestation pacifique.
Les prochaines semaines seront déterminantes pour le combat solidaire du peuple chilien. Les syndicats, les enseignant(e)s et les étudiant(e)s ont annoncé une grève nationale les 24 et 25 août prochains.
Au lycée A 131 de Buin, dans la province de Maipo, des étudiant(e)s ont entamé une grève de la faim il y a 32 jours. Dans tout le pays, on dénombre d'ores et déjà 31 jeunes en grève de la faim. La majorité d'entre eux sont des étudiant(e)s du secondaire, âgé(e)s de 16 à 18 ans.
Dans ce contexte, le CPC a fait savoir au gouvernement qu'il existait des moyens de sauver leur année scolaire, notamment par le biais de la replanification. Jaime Gajardo, Président des enseignant(e)s du primaire au niveau national, a expliqué que « face à une situation aussi exceptionnelle que la situation actuelle de l'éducation au Chili, les autorités ont le pouvoir de replanifier les programmes, et d'empêcher ainsi que les étudiant(e)s ne ratent leur année ».
L'IE soutient les syndicats d'enseignants chiliens et insiste sur le fait que l'éducation est un droit fondamental qui ne peut ni être considéré comme une marchandise, ni être livré au marché.