Bénin: la violation des droits syndicaux des éducateurs et leurs syndicats doit cesser
Le Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen, a adressé une lettre de protestation au Président béninois, dénonçant « la manière dont le gouvernement du Bénin traite actuellement et depuis quelques mois les organisations syndicales et leurs membres. » Il a également envoyé une lettre de soutien de l’IE aux collègues béninois.
« Les informations recoupées en notre possession montrent que votre gouvernement et vous-même avez fait le choix des menaces, des intimidations et de la répression à l’encontre de plusieurs milliers d’enseignantes et d’enseignants syndicalistes, au mépris de la loi et des instruments internationaux pertinents que votre pays a librement ratifiés ou signés », a condamné Van Leeuwen.
Depuis le 24 janvier, les enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire ont déclenché un mouvement de grève pour exiger, entre autres, la jouissance de l’augmentation des indices décidée entre le gouvernement et les centrales syndicales au profit de tous les agents du secteur public.
Mesures gouvernementales brutales face à la grève
Le gouvernement a réagi en prenant des mesures visant à casser la grève, en annonçant pêle-mêle la radiation systématique de la fonction publique de tout(e)s les enseignant(e)s reversé(e)s et contractuels qui poursuivraient les débrayages; la suspension des formalités de reversement en cours des ex-enseignant(e)s communautaires, suivie de la radiation des intéressé(e)s de la fonction publique; la suspension de leurs fonctions suivie de la radiation systématique de tous les responsables exerçant des fonctions d’autorité; et la radiation des enseignant(e)s agents permanents de l’Etat soi-disant coupables d’abandon de service.
Déplorant un contexte d’extrême brutalité à l’encontre des enseignants en grève, dont le seul crime est de défendre les droits qui leur sont pourtant reconnus par la loi et les règlements du Bénin, et les instruments juridiques internationaux ratifiés par le pays, Van Leeuwen a déclaré: « Ce faisant, votre gouvernement et vous-même feignez d’ignorer que le droit à l’éducation est un droit humain fondamental, et que les droits syndicaux sont essentiels à l’expression de la liberté et de la démocratie. »
Dialogue social indispensable
Van Leuween a ajouté que « l’IE demande la restauration sans délai du dialogue avec les organisations syndicales représentatives de la profession enseignante, en vue de résoudre la crise actuelle et de la préparation consensuelle par tous les acteurs de l’école du ‘Plan d’Action National’ qui doit être présenté par le Bénin dans le cadre du Partenariat Mondial pour l’Education. L’Internationale de l’Education regrette qu’au Bénin l’implication des syndicats d’enseignants tarde à se matérialiser dans le groupe local d’éducation prévu par le partenariat. »
Le Coordinateur régional de l’IE, Samuel Ngoua Ngou, a déclaré: « Il est incompréhensible que le Gouvernement ne veuille pas résolument s’engager en faveur d’une éducation de qualité, gage de la réussite de l’émergence économique et sociale du Bénin. Ce pays, comme tant de nations africaines, se doit d’investir dans son école et dans des personnels de qualité pour l’animer, afin de réaliser l’Education pour Tous d’ici 2015. »
Grève suspendue pour inviter aux négociations
Rappelant que les organisations syndicales ont donné des gages de bonne volonté afin d’éviter de porter la responsabilité d’une éventuelle ‘année blanche’, il a précisé que le 27 mars, elles ont appelé à la reprise des cours dès le lendemain, et à la suspension du mouvement de grève jusqu’au 25 avril, date limite donnée au Gouvernement pour satisfaire aux conditions suivantes: la réparation morale face aux injures, violences et arrestations faites aux enseignants(e); l’arrêt des menaces de retenue sur salaire, de radiation et toutes autres formes de représailles ; et l’ouverture de négociations franches et sincères.
La lettre du Secrétaire général de l’IE peut être lue dans son intégralité ici.
La lettre de soutien de l’IE envoyée aux collègues béninoises et béninois est disponible ici.