Côte D’Ivoire: la réconciliation et la reconstruction passent par les enseignant(e)s
Lors de son 22ème Congrès, tenu à Yamoussoukro du 1er au 4 avril, le Syndicat National de l’Enseignement Secondaire de Côte D’Ivoire (SYNESCI) a élu une nouvelle direction. Il a aussi a insisté sur le rôle prépondérant des éducateurs/trices en faveur de la réconciliation et la reconstruction au plan national.
Le syndicat a procédé au renouvellement du Comité directeur, avec comme Secrétaire général Siaka Traoré, qui succède à Mamadou Soro.
Plusieurs discours lors de l’ouverture du congrès ont salué l’action déterminante et les qualités du Secrétaire général sortant, qui ont permis au SYNESCI de survivre dans un contexte de crise socio-politique, et ce, malgré son exil forcé de 10 mois au Burkina Faso, après son retour de la Conférence régionale africaine en décembre 2010.
Des défis à la réalisation de l’Education pour Tous
Cet évènement a été l’occasion de mettre en exergue des défis auxquels fait face le système éducatif national dans la réalisation des objectifs de l’Education pour Tous, notamment: la pénurie d’enseignant(e)s qualifié(es), le paiement des arriérés de primes de promotion, la mise en application d’accords signés de 2011, et la réhabilitation des infrastructures scolaires.
Le Rapport d’activités morales et financières du syndicat a ensuite été adopté.
Le nouveau secrétaire général a souhaité que l’IE puisse entreprendre une initiative visant à supporter la réconciliation et la reconstruction, ainsi que la lutte contre le travail des enfants.
La Coordinatrice principale régionale, Assibi Napoe a assisté à ce Congrès aux côtés du Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen, parrain du congrès.
Elle a apporté le soutien de l’IE Région Afrique au syndicat en lutte depuis une dizaine d’années avec la politique menée par le Gouvernement. Elle a aussi pu participer à l’évaluation de l’activité syndicale depuis le dernier congrès de 2008 et contribuer aux débats et à la redéfinition de la politique syndicale du SYNESCI.
Elle a plaidé pour la prise en compte de la dimension du genre dans les instances du syndicat.
Elle s’est par ailleurs félicité de ce que la réconciliation et la reconstruction passent par les enseignant(e)s, et a souligné « la démonstration d’une démocratie interne au sein de l’organisation à travers la liberté d’expression. »
L’Education, cruciale pour la reconstruction nationale
Van Leeuwen a ajouté que « ce congrès, qui a lieu quelques mois seulement après les évènements tragiques qui ont mis à sang la Côte d’Ivoire, doit être aujourd’hui le congrès de la reconstruction, une reconstruction stimulée par la volonté d’établir une paix durable dans tout le pays. Les enseignants que vous êtes, doivent, maintenant plus que jamais, éduquer leurs élèves aux valeurs de la Démocratie et au respect de la Paix. »
« L’Internationale de l’Education est forte de cette solidarité qui vit en son sein partout où les droits humains sont bafoués, a-t-il déclaré. « Elle était à vos côtés durant toute cette période de conflit et elle l’est maintenant, pour accompagner votre reconstruction. »
Reconnaissant que l’Education est une pièce « maîtresse » de cette reconstruction, il a insisté sur le fait que la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui a le devoir de désarmer ses enfants à qui l’on avait donné trop tôt des armes pour tuer, et de leur offrir une éducation publique de qualité.
Investir dans l’Education pour développer le pays
Il a expliqué qu’investir dans l’Education pour développer son pays est, de loin, la meilleure réponse, mais ce fabuleux pari ne peut se gagner qu’avec le recrutement massif d’enseignants bien formés: « Aujourd’hui, nos plaidoyers ont permis que la Banque mondiale, l’UNESCO et d’autres organismes clés reconnaissent que la meilleure façon d’améliorer la qualité de l’Education est de former des enseignants de qualité. »
Il a condamné les seules solutions à la crise préconisées par les politiques néo-libérales de nos gouvernements que sont les mesures d’austérité. Ces dernières en effet ralentissent la croissance, retardent la reprise et réduisent la qualité dans les services publics.
Van Leeuwen a continué en indiquant: « Je reviens de New York où des Ministres de l’Education et des organisations syndicales affiliées à l’IE de 23 pays se sont réunis pour réfléchir à l’avenir de la profession enseignante. Ils venaient tous de pays industrialisés. Cette rencontre a été positive parce qu’elle a permis le dialogue entre des syndicats de l’éducation et leur dirigeants. »
Il s’est dit convaincu, grâce à la présence au congrès de la Ministre de l’Education, et ancienne membre du SYNESCI, Candia Camara, que le dialogue indispensable entre syndicats de l’éducation et le Gouvernement sur l’avenir de la profession enseignante existe bel et bien en Côte d’Ivoire.