Etats-Unis: les enseignant(e)s de Chicago en grève contre les changements au niveau des salaires et évaluations
Près de 6.000 enseignant(e)s américain(e)s risquent de perdre leur emploi à la suite des récentes réformes adoptées à Chicago, une ville qui recense la troisième plus grande circonscription scolaire du pays.
Désormais, le travail des enseignant(e)s de Chicago sera évalué sur la base des notes obtenues par leurs étudiant(e)s lors des tests standardisés. Le dimanche 9 septembre dernier, c'est cette décision, couplée à d'autres problèmes relatifs notamment aux avantages des enseignant(e)s et au gel des salaires, qui a poussé le Chicago Teachers Union(CTU), représentant près de 30 000 enseignant(e)s dans tout l'Etat, à lancer la plus grande grève du secteur de l'éducation de ces 25 dernières années.
Echec des négociations
Cette grève, qui a empêché 350.000 étudiant(e)s de suivre leurs cours, a été considérée comme une décision prise à contrecœur par la Présidente du CTU Karen Lewis, mais nécessaire, après l'échec de plusieurs tentatives de négociation sur une période de huit mois entre le syndicat et les dirigeants d'écoles. « Il est impossible de mesurer l'efficacité d'un éducateur », a déclaré Mme Lewis.
« De trop nombreux facteurs échappant à notre contrôle influent sur les notes obtenues par certain(e)s étudiant(e)s lors des tests standardisés, notamment la pauvreté, l'exposition à la violence le fait d'être sans logement, ou encore la faim », a-t-elle ajouté.
Au lendemain de la grève lancée dimanche, le syndicat a entamé des négociations avec les parlementaires de Chicago et le maire Rahm Emanuel. Cependant, un accord collectif n'a toujours pas été trouvé.
Les syndicats américains apportent leur soutien
L'affilié de l'IE, l' American Federation of Teachers(AFT), a publié une lettre de soutien à son propre affilié, le CTU.
Dans cette lettre, Randi Weingarten, Présidente de l'AFT, a déclaré: « L' American Federation of Teachers et ses membres de l'ensemble du pays se tiennent résolument aux côtés du CTU. Nous soutiendrons ses membres dans leurs efforts visant à garantir un accord équitable leur permettant d'offrir les meilleures opportunités possibles à leurs étudiantes et étudiants. »
« Les membres du CTU – ces femmes et ces hommes qui passent chaque journée aux côtés des enfants de Chicago – souhaitent que leur opinion et que leur expérience soient respectées et valorisées. Ils veulent être considérés comme des partenaires égaux pour garantir la réussite de chaque étudiant(e) de Chicago. C'est sur cette volonté qu'a reposé la philosophie du CTU tout au long des négociations. Aujourd'hui encore, elle constitue la pierre angulaire de cette grève. Les étudiants, les enseignant, le personnel de soutien à l'éducation, tout comme la ville de Chicago, méritent un système scolaire qui convienne à tous. En fin de compte, voilà l'essence-même de cette grève. »
La National Education Association(NEA), un affilié de l'IE, a elle aussi publié une lettre de solidarité envers le CTU. « Au nom des plus de trois millions de membres que compte la National Education Association dans l'ensemble du pays, je souhaite, par cette lettre, vous témoigner toute ma solidarité à votre égard, ainsi qu'envers vos collègues du Chicago Teachers Union», écrivait Dennis Van Roekel, Président de la NEA. « Plus de 90 % de vos membres ont participé au vote d'autorisation de la grève. Quel chiffre incroyable ! Ce taux de participation illustre à quel point vos membres ont le souci d'offrir le meilleur environnement qui soit pour l'apprentissage et le développement des étudiants, et nous tenons à vous en féliciter. Vous êtes en première ligne pour donner aux étudiants les outils nécessaires à leur réussite sur les bancs de l'école comme dans la vie. Je souhaite de tout cœur que ce problème se résolve rapidement afin que vous puissiez retourner à ce qui vous est cher: offrir des écoles publiques de qualité aux étudiant(e)s de Chicago. »
L'IE témoigne sa solidarité
L'IE tient à exprimer toute sa solidarité envers le CTU et nos affiliés, l'AFT et la NEA. Fred van Leeuwen, le Secrétaire général de l'IE, a déclaré: « L'IE représente les enseignantes et enseignants du monde entier. Ceux de Chicago doivent être entendus: la sécurité de l'emploi des enseignantes et enseignants ne doit pas souffrir de mauvaises réformes de l'éducation. Il est impossible de parvenir à une éducation de qualité sans enseignants de qualité et efficaces. Leurs droits doivent être respectés. La qualité de l'enseignement ne peut être évaluée sur la base des résultats des étudiantes et étudiants aux tests standardisés. Les enseignantes et enseignants de Chicago méritent un système d'évaluation juste, ainsi que des salaires et des avantages adéquats. »