L’EPT au point mort: Rapport mondial de suivi 2012
Trois ans avant 2015, l’échéance pour atteindre l’Education pour tous (EPT) et les Objectifs du Millénaire pour le développement, le programme (EPT semble au point mort, révèle le Rapport mondial 2012 de suivi sur l’EPT. Le rapport, intitulé ‘Jeunes et compétences : L’éducation au travail’, met l’accent sur les compétences dont les jeunes ont besoin afin de devenir des citoyennes et citoyens productifs et de trouver un emploi décent. Il a été lancé à Paris, en France, et dans le monde entier le 16 octobre 2012.
Le Rapport montre que, malgré les efforts consentis, notamment en vue d’atteindre l’objectif de l’éducation de base universelle, des progrès insuffisants ont été accomplis en vue d’assurer la réalisation de la totalité des objectifs de l’EPT d’ici 2015. Moins de la moitié des enfants du monde ont reçu un enseignement préprimaire en 2010, tandis que plus de 60 millions d’enfants en âge d’être scolarisés dans le primaire et 71 millions d’adolescent(e)s en âge de fréquenter le premier cycle de l’enseignement secondaire n’étaient pas scolarisés durant la même année. Toujours en 2010, on comptait encore 775 millions d’adultes incapables de lire ou d’écrire.
L’éducation primaire universelle et les objectifs de l’EPT en péril
À propos de certaines avancées et tendances préoccupantes, le Rapport souligne : « Le nombre d’enfants non scolarisés en âge de fréquenter l’enseignement primaire a chuté de 108 millions à 61 millions depuis 1999, mais les trois quarts de cette diminution ont été obtenus entre 1999 et 2004. Entre 2008 et 2010, les progrès ont complètement stagné. » Le rapport révèle en fait qu’entre 2008 et 2010, le nombre d’enfants non scolarisés a augmenté de 1,6 million en Afrique subsaharienne. Cette tendance inquiétante laisse penser que l’éducation primaire universelle, de même que d’autres objectifs de l’EPT sont fortement compromis.
Tout en reconnaissant que « pour améliorer l’apprentissage, les enseignant(e)s sont la ressource la plus importante », le manque d’enseignants formés dont souffrent encore de nombreux pays représente un obstacle majeur à la réalisation des objectifs de l’EPT. Les dernières estimations laissent penser que, pour 112 pays, les effectifs devraient intégrer au total 5,4 millions d’enseignant(e)s du primaire supplémentaires d’ici 2015. De nouveaux recrutements sont nécessaires pour couvrir à la fois les 2 millions de postes supplémentaires requis pour réaliser l’enseignement primaire universel.
Importance des enseignant(e)s dans la réalisation des objectifs de l’EPT
L’IE applaudit le fait que le rapport reconnaisse le rôle important joué par les enseignant(e)s dans la réalisation des objectifs de l’EPT et appelle les gouvernements et autorités nationaux du monde entier à investir dans les éducatrices et éducateurs, leur formation, leur développement professionnel continu, leur salaire et leurs conditions de travail.
Le rapport fait remarquer à juste titre que « la plupart des pays qui ont accéléré leurs progrès en direction de l’EPT au cours de la dernière décennie l’ont fait en accroissant substantiellement les dépenses d’éducation ou en les maintenant à des niveaux déjà élevés. » Le rapport reconnaît l’ambition de nombreux pays de réduire, voire de supprimer les droits de scolarité, mais ils n’obtiendront que peu de résultats tant que subsistera le problème des coûts indirects liés à l’éducation primaire et secondaire, et la barrière financière qu’ils représentent pour de nombreuses familles.L’IE insiste sur le fait que des progrès durables et équitables ne peuvent être réalisés en matière d’éducation qu’en investissant dans l’enseignement public et en le renforçant. La privatisation et la commercialisation de l’éducation ne constituent certainement pas une solution car elles mèneraient à l’exclusion.
Autre tendance préoccupante, l’aide à l’éducation a stagné à 13,5 milliards de dollars américains en 2010. Sur ce montant, 5,8 milliards de dollars américains étaient destinés à l’éducation de base. Ce montant est largement insuffisant pour combler le déficit de financement de 16 milliards de dollars américains.
Allocation d’au moins 6% du PIB national à l’éducation
Le rapport de cette année souligne la nécessité de développer les compétences des jeunes pour l’emploi, en constatant que partout dans le monde, les gouvernements se heurtent aux conséquences durables de la crise financière et aux défis posés par des économies de plus en plus tributaires du savoir. L’IE confirme et insiste sur le fait que les gouvernements et les partenaires de développement doivent investir dans l’éducation, y compris la formation technique et professionnelle, de sorte à permettre aux jeunes de développer tout leur potentiel.
Le Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen, applaudi la publication du Rapport mondial de suivi2012 et a demandé avec insistance aux gouvernements et à la communauté internationale d’accroître leurs investissements dans l’éducation et d’accélérer leurs progrès vers la réalisation des objectifs de l’EPT : « Nous demandons instamment aux gouvernements d’allouer au moins 6% de leur produit intérieur brut (PIB) national à l’éducation et à tous les partenaires de développement d’attribuer au moins 10% de l’aide officielle au développement à l’éducation de base », a déclaré van Leeuwen.
Le Rapport mondial de suivi 2012 est disponible en suivant ce lien.