France: Les enseignant(e)s du primaire en grève contre la réforme
Le Syndicat national unitaire des instituteurs professeurs des écoles et PEGC (SNUipp-FSU), l’un des affiliés nationaux de l’IE, a annoncé que, le 12 février, près de 6 enseignant(e)s sur 10 (58 %) étaient en grève pour demander une réforme des rythmes réussie pour tou(te)s les élèves sur tout le territoire et prenant en compte l’avis des enseignant(e)s et des parents.
A Paris, où les enseignant(e)s sont particulièrement remonté(e)s contre le maire, Bertrand Delanoë (PS), la grève a été suivie par « près de 80 pour cent » d'entre eux/elles, d'après le Secrétaire départemental du SNUipp-FSU Paris, Jérôme Lambert.
Report demandé de la réforme des rythmes scolaires
C'est la cinquième fois en trois semaines que les enseignant(e)s se mobilisent, dans des mouvements d'ampleur variable et sur des motifs différents, le principal étant le report de la réforme des rythmes scolaires.
Le décret publié à la fin janvier prévoit le retour à la semaine de 4,5 jours dès 2013, avec école le mercredi matin. A titre dérogatoire, les communes, qui ont jusqu'au 31 mars pour se prononcer, peuvent attendre 2014 et opter pour le samedi matin.
Majoritaire dans le primaire, le SNUipp-FSU réclame le report à 2014 d’une réforme qu’il juge bâclée. Il estime que dans de telles conditions, le passage aux quatre jours et demi ne profiterait en rien aux élèves et dégraderait les conditions de travail des enseignant(e)s, contraints de travailler une demi-journée de plus - le mercredi matin - sans compensation. Mais il se dit favorable à «une réforme des rythmes réussie».
SNUipp-FSU: consulter les enseignant(e)s pour la réussite des élèves
« Malgré les efforts des communes, la réforme bafouille dans sa mise en œuvre, faute de temps, de financements et souvent de concertation locale, » a indiqué le Secrétaire général du SNUipp-FSU, Sébastien Sihr.
« Nous constatons que malgré les engagements ministériels, tant vantés au départ de la concertation, rien ne garantit l’amélioration du bien-être des élèves et de leurs meilleures conditions d’apprentissages, comme celle de la qualité de vie professionnelle des enseignants et de leurs conditions de travail. C’est une grande déception et une vraie exaspération qui dominent aujourd’hui. »
Sihr a ajouté qu’un échec de la réforme des rythmes fragiliserait la priorité au primaire que le SNUipp-FSU a saluée et qui est concrètement attendue dans les écoles. Son syndicat demande au ministre de rendre plus lisible son action en direction du primaire. Il estime que cette réforme des rythmes insuffisamment préparée relègue au second plan des sujets essentiels pour une meilleure réussite des élèves: révision des programmes, scolarisation des tout-petits, revitalisation de la maternelle, avenir des RASED, Education prioritaire, direction d’école.
« C’est bien pour donner à la réforme le temps de réussir que le SNUipp-FSU estime qu’un report à 2014 est nécessaire, ainsi qu’une réécriture du décret, a expliqué Sihr. « Toute modification en 2013 ne peut se faire qu’avec l’accord de toutes les parties prenantes (enseignants, parents et élus). C’est une des conditions de la réussite de cette réforme. »
Cinq autres fédérations d'enseignants, CGT, FO, SUD, CNT et FAEN, minoritaires, ont mobilisé également, mais sur des revendications plus larges: abrogation du décret sur les rythmes, abandon du projet de loi sur l'école, et amélioration des conditions de travail et de rémunération.
Un mouvement non unitaire
Deux autres organisations enseignantes, également affiliées à l’IE, l’Union des syndicats autonomes – Education (UNSA Education) et la fédération des syndicats généraux de l’Education nationale et de la recherche (SGEN-CFDT), ont pris quant à elles leurs distances avec la protestation. Elles critiquent néanmoins aussi les imperfections du décret et la façon de faire du Ministre, et estiment urgent d’abandonner la semaine de quatre jours, et ce au bénéfice des élèves mais aussi des enseignant(e)s sous pression.
UNSA Education: Soyons exigeants !
Le Secrétaire général de l’UNSA Education Laurent Escure a expliqué que « l’UNSA Education n’appelle pas à la grève nationale du 12 février prochain organisée ensemble ou séparément par des fédérations et syndicats du ministère de l’Education nationale. Dans cette plateforme, le flou des revendications domine quand elles ne sont pas contradictoires. Entre ceux qui refusent tout ou partie de la loi sur la refondation - mais pas la programmation des 60.000 postes qui l’accompagne -, ceux qui prônent le statu quo complet et ceux qui pensent que notre système doit évoluer - mais si possible plus tard -, il est très difficile de s’y retrouver. »
Sur le fond, a-t-il noté, l’UNSA Education considère que, pour sortir l’Ecole de la crise systémique dans laquelle elle est entrée il y a plus de 15 ans, et qui a été aggravée par les suppressions massives de postes ainsi que par les attaques idéologiques des cinq dernières années, il est urgent de donner toute sa chance à sa refondation. C’est pourquoi le syndicat a soutenu la loi d’orientation sur l’Ecole ainsi que la priorité budgétaire dont bénéficie le Ministère de l’Education nationale. Cette loi sur l’Ecole, si elle doit être confortée par une ambition éducative qui devra donner toute sa place à l’éducation non formelle et à ses personnels, constitue pour le syndicat une bonne base.
« L’UNSA Education et ses militants continueront, sans complaisance ni outrance, à être exigeants pour le changement, » a souligné Escure. « Notre fédération est ainsi en appui de ses syndicats qui portent les attentes, les inquiétudes et les revendications des collègues que nous représentons. Fidèles à nos principes, nous privilégions l’efficacité. »
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