Danemark: une menace de lock-out pèse sur le dialogue social
L'IE a apporté son soutien à la réunion des représentant(e)s organisée par son affilié danois, le Danish Union of Teachers (DLF). La réunion du 5 mars à Odense visait à protester contre le retrait par le Gouvernement du temps de préparation des enseignant(e)s.
Un total de 2.200 délégué(e)s et représentant(e)s syndicaux/ales de branches locales du DLF se sont retrouvé(e)s à l'occasion de cette réunion. C'était seulement la troisième fois depuis sa fondation en 1874 qu'autant de représentant(e)s de branches du DLF et de syndicalistes enseignant(e)s se réunissaient ensemble.
Menace de lock-out
« Les enseignantes et enseignants danois sont prêts à se battre », a indiqué le Président du DLF Anders Bondo Christensen. « Jusqu'ici, les négociations entre le DLF et l'organisation des employeurs pour un nouvel accord sur le temps de travail ont échoué. Le 4 mars, les parties se sont rencontrées pour la première fois au sein de l'Institution de conciliation. S'ils ne parviennent pas à une solution là non plus, les municipalités procèderont au lock-out des enseignantes et enseignants, et, de ce fait, fermeront les écoles publiques du Danemark. »
Bondo Christensen ne pouvait pas livrer d'amples détails sur les négociations concernant la menace de lock-out pesant sur 52.000 enseignant(e)s, mais a appelé les participant(e)s à se préparer à un conflit industriel. Il a expliqué que le DLF n'acceptera pas une semaine de travail de 37 heures sans temps de préparation pour les enseignant(e)s.
« Les employeurs nous ont présentés un modèle de temps de travail sans aucune limitation », a noté Anders Bondo Christensen. « Personne ne bénéficierait de cela, pas même les employés, étant donné que cela ne pourrait résulter que fortement démotiver les enseignants. »
Le DLF craint que les écoles publiques ne soient ramenées 30 ans en arrière si les employeurs réussissent leur action. La qualité de l'éducation et l'engagement des enseignant(e)s disparaîtront.
Coupe dans le temps de préparation
Au Danemark, les employeurs et le Gouvernement veulent revenir sur tous les accords sur le temps de travail dans le secteur de l'éducation. Les accords garantissent actuellement un temps de préparation des cours et des conditions de travail raisonnables. Egalement, les accords empêchent tout traitement discrétionnaire des employé(e)s. Les employeurs veulent annuler tous les accords passés avec les syndicats d'enseignants pour que les règles sur le temps de travail, par exemple le nombre hebdomadaires de leçons en classe, soient définies par les directeurs/trices des établissements scolaires. Ainsi, la possibilité pour les syndicats d'enseignants de négocier les règles du temps de travail pour leurs membres et assurer une éducation de qualité se voit considérablement réduite.
Solidarité internationale
Le Secrétaire général de l'IE David Edwards a délivré un message de solidarité internationale envers les collègues danois.
« Au plan mondial, le secteur public subit les assauts d'une conjonction d'opportunistes, de profiteurs et de factions politiques qui ont présenté avec succès leur sauvagerie comme une aide d'urgence, leur appétit insatiable pour des parts de marché accrues comme responsabilité sociale et leurs opinions partiales comme des faits avérés », a-t-il expliqué.
Réaffirmant que les autorités publiques portent la responsabilité de garantir l'éducation de qualité pour tous, Edwards a souligné que le Bureau exécutif de l'IE a fait part de son intention de mobiliser mondialement pour une éducation de qualité. L'IE a aussi mis sur pied une année entière d'activités et évènements dont le point d'orgue doit être une journée d'action mondiale vers la Journée mondiale des enseignant(e)s, le 5 octobre.
Le combat continue au plan mondial
« Aujourd'hui, vous prenez une position ferme », a déclaré Edwards. « Vous avez entendu des récits d'enseignantes et enseignants en état d'épuisement profond et dont la condition est en déclin qui se battent pour obtenir une unique heure de temps de préparation par semaine. Eux et leurs étudiantes et étudiants sont les victimes d'attaques incessantes qui présentent les enseignants comme des fournisseurs d'une instruction et l'apprentissage comme des tests. Des systèmes d'éducation nationale effectifs et équitables parlent néanmoins de leadership des enseignants, de formation des enseignants et de bourses des enseignants... et ils parlent d'eux non en termes de platitudes creuses, mais dans leurs dialogues quotidiens, respectueux des enseignants. »
Il a continué en expliquant que l'IE et ses 30 millions d'enseignant(e)s autour du globe sont solidaires de leurs collègues danois. « Nous combattons défensivement et offensivement pour le futur de l'enseignement public et nous combattons pour lui à l'occasion de batailles législatives, dans les médias, dans les rues et dans les salles de classe. Dès que nous obtenons des victoires, nous faisons ce que les enseignants font: nous partageons, nous organisons, nous réinventons et faisons passer nos idées... Nous réussissons toujours. « Et vous réussirez aussi. »
Lock-out des écoles publiques
Le 27 février, les employeurs ont unilatéralement déclaré que les négociations avaient échoué et leur organisation a donné un préavis de lock-out à tous les enseignant(e)s employé(e)s sous un accord collectif (quelques 50.000 enseignants du primaire et du secondaire inférieur - « folkeskoles »). Si les parties ne peuvent pas arriver à un accord à travers l'intervention d'un médiateur dans l'espace de 3 semaines, une action industrielle sera organisée et toutes les « folkeskoles » resteront sans enseignant(e)s.
Pour lire le discours de David Edwards dans son intégralité (en anglais), cliquez ici
Extrait du discours (en anglais) de David Edwards en solidarité avec le DLF:
La déclaration (en anglais) du Conseil des enseignant(e)s nordiques soutenant les enseignant(e)s danois(es) peut être trouvée ici
Regardez une vidéo sur la chanson écrite par des enseignant(e)s danois(es), et intitulée Hvis vi bar’ ku’ få lov (Si seulement il nous était permis) ici!
Une vidéo inspirée de la chanson Gangnam Style, revue par des enseignant(e)s danois(es) est disponible ici