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Internationale de l'Education
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Australie: la réforme du financement de l’éducation en péril

Publié 4 avril 2013 Mis à jour 8 avril 2013

Les écoles publiques australiennes perdraient 390 millions de dollars de financement en 2014 si les gouvernements fédéral et des Etats de l’Australie ne mettent pas en œuvre la réforme Gonski du financement des écoles d’ici le début de l’année prochaine. C’est ce qu’annonce l’Australian Education Union (AEU), affilié à l’IE, dans une nouvelle analyse budgétaire qu’il vient de publier.

Cette coupe de 390 millions de dollars mettrait en péril plus de 3.000 postes d’enseignantes et d’enseignants, indique l’auteur de l’analyse, le Dr Jim McMorrow.

En prévision d’une réunion organisée le 19 avril, la Première Ministre Julia Gillard négocie actuellement avec les Etats un accord portant sur une augmentation de 6,5 milliards de dollars par an, financés conjointement par les Etats et par le fédéral, jusqu’en 2019. Certains Etats refusent cependant de signer l’accord.

Système déficient de financement

En vertu du système actuel de financement des écoles, le gouvernement fédéral prend en charge la plus grande part du financement des écoles privées. Depuis sa mise en place en 2002, les plus grandes hausses de financement ont profité aux écoles privées les mieux nanties.

« Ce système de financement ne tient pas compte des besoins réels des étudiantes et étudiants », a confié Angelo Gavrielatos, Président fédéral de l’AEU.

L’AEU a mené une campagne très active afin d’encourager le Gouvernement à voter une réforme du modèle de financement, qui veille à ce que chaque enfant ait les mêmes chances de recevoir une éducation de qualité. Le nouveau modèle reposerait sur les conclusions du rapport Gonski Review of Federal Schools funding’.

Campagne « give a Gonski»

Achevé en décembre 2011, le « Gonski Review » a constitué l’analyse la plus approfondie jamais réalisée sur le financement des écoles australiennes au cours des 40 dernières années. Commandité par le gouvernement fédéral, il a été supervisé par un groupe d’expert(e)s, sous la baguette de l’homme d’affaires David Gonski.

L’analyse a notamment révélé que l’Australie investit beaucoup trop peu dans l’éducation et que la répartition des fonds est peu efficiente, efficace ou équitable.

Le rapport Gonski souligne également des fossés croissants en matière de résultats scolaires: les étudiant(e)s vivant dans les régions défavorisées auraient jusqu’à trois ans de retard par rapport à leurs congénères des régions aisées. Un(e) étudiant(e) de quinze ans sur sept n’est pas alphabétisé(e).

Le rapport recommande par conséquent un niveau minimum de financement pour chaque étudiant(e), et un financement renforcé pour les étudiant(e)s défavorisé(e)s.

Les écoles publiques recevraient dès lors le montant de base intégral, versé par les gouvernements d’État et fédéral, et les écoles privées recevraient une somme qui dépendrait de l’aptitude des parents à payer les frais d'inscription.

Les enseignant(e)s ne se tairont pas

Alors que l’AEU a entamé une campagne intense de deux semaines qui s’achèvera le 19 avril, date de la réunion décisive entre la Première Ministre et les Premiers d’Etats, le Ministre de l’Education du Queensland, John-Paul Langbroek, qui reste opposé à la réforme du système de financement, a annoncé qu’il pourrait revoir les conditions de travail afin d’inciter les directeurs/trices d’écoles et les enseignant(e)s à cesser la campagne.

« Il cherche à faire taire les enseignantes et les enseignants », estime Gavrielatos. Et d’ajouter: « Les semaines à venir seront décisives par rapport à l’objectif politique à long terme que nous nous sommes fixés en vue d’un financement complet et équitable de l’éducation ».

« Si l’on veut l’égalité des chances et l’inclusion sociale, il faut investir directement et de manière significative dans les écoles publiques », argumente Susan Hopgood, Présidente de l’IE et Secrétaire fédérale de l’AEU. « Il y va de l’intérêt de nos enfants, de nos communautés et de la prospérité future de la nation. »