Le CSFEF s’engage pour une éducation de qualité pour tou(te)s
Le Bureau du Comité Syndical Francophone de l’Education et de la Formation (CSFEF) s’est réuni du 11 au 13 avril, à Chisinau, en Moldavie. Cette réunion a été précédée d’un colloque où a été débattu l’impact de la situation économique actuelle sur l’éducation publique, dans chaque pays représenté.
Le colloque a permis aux organisations membres du Bureau (CSQ/Canada, AEFO/Canada, SNES-FSU/France, SNUIPP-FSU/France, UNSA-Education/France, SNE-FDT/Maroc, SNEN/Niger, FENECO/République démocratique du Congo), SPIRU HARET/Roumanie et SER/Suisse, d’échanger avec des collègues de syndicats de pays d’Europe centrale et orientale (PECO) appartenant à la Francophonie: le syndicat de l’Education et de la Science de Moldavie et les trois autres syndicats roumains (FEN, FSLE, ALMA MATER), tous affiliés à l’IE; le SEB de Bulgarie s’étant excusé.
Une enquête sur les infrastructures scolaires, les ressources humaines, les conditions de travail des enseignants et les réponses syndicales possibles à ces différentes problématiques avait par ailleurs, été menée avant le colloque.
Politiques éducatives néo-libérales et privatisation
Les participant(e)s au colloque ont conclu que la situation de l’enseignement public face à la crise économique et financière est particulièrement contrastée selon les pays concernés. Les effets de la crise sont les plus graves dans les pays à l’économie déjà fragilisée, avant la crise financière de 2008.
Face à la crise actuelle, les gouvernements choisissent d’appliquer les politiques éducatives qui répondent à l’idéologie néo-libérale, dictée par la Banque Mondiale et le Fonds monétaire international.
Les syndicalistes enseignants ont observé un processus de décentralisation qui s’accélère partout, notamment dans la région des PECO.
En Moldavie, le pays hôte du colloque, la Ministre de l’Education, ex- technocrate de la Banque Mondiale, est totalement engagée dans un tel processus de décentralisation. L’autonomie des écoles primaires est presque atteinte dans la mesure où le/la directeur/trice d’école recrute les enseignant(e)s, paie leurs salaires et décide seul(e) de les garder ou de les licencier. Les participant(e)s au colloque ont souligné que le/la directeur/trice d’école doit ainsi assumer un rôle de chef d’entreprise, la situation étant identique pour les chefs d’établissement dans l’enseignement secondaire.
Et l’enseignement public en Roumanie suit le même chemin qu’en Moldavie, selon les syndicalistes.
Le colloque a également montré que la privatisation de l’école publique progresse véritablement.
Un vocabulaire lié à la loi du « marché » est de plus en plus utilisé dans l’éducation: concurrence, compétitivité, performance, évaluations à partir de tests pour les élèves et les enseignant(e)s au Canada, en Suisse, en France, en Roumanie et en Moldavie particulièrement.
En Afrique, le développement d’écoles confessionnelles inquiète très fortement. Dans des pays d’Afrique de l’Ouest, de religion musulmane (Niger, Mali, Mauritanie, Sénégal pour ne citer que ceux-là), il y a une véritable prolifération d’écoles coraniques, ont regretté les participant(e)s. Cette recrudescence d’écoles coraniques en remplacement de l’école publique et non comme complément à l’école publique est problématique en effet, quant à la qualité de l’éducation dispensée aux élèves.
Dégradation des conditions de travail et déprofessionnalisation
Les faibles rémunérations, liées aux contrats précaires, à l’absence de formation, au délabrement des locaux et des classes surchargées, entraînent également une sévère dégradation des conditions de travail des enseignants et à une véritable déprofessionnalisation.
Dans ce contexte très difficile, les organisations syndicales ont des difficultés à se faire entendre. Les participant(e)s ont souligné que seul un militantisme ancré dans le réel, au plus près des attentes des enseignant(e)s, pourra sauver l’école publique et une condition enseignante décente.
« La privatisation directe et permanente de l’éducation, motivée par de forts intérêts commerciaux, gagne du terrain », a déploré Agnès Bréda, la Représentante de l’IE présente au colloque.
« L’idée dominante qui sous-tend cette politique est que la concurrence relèvera le niveau mais il s’agit d’un choix idéologique! Dans tous les cas, les atteintes contre l’éducation publique, garante de l’égalité de chaque enfant en matière d’éducation, sont dévastatrices. Dans son combat pour préserver l’éducation publique, l’IE a besoin de syndicats forts devant construire leur force dans l’unité syndicale » a ajouté Bréda.
Elle a également rappelé que l’IE est maintenant engagée dans une campagne mondiale visant à mobiliser ses organisations membres et à militer pour une éducation de qualité par des actions fortes au plan mondial.
CSFEF: ne pas sacrifier les générations futures
Lors de son Bureau, le CSFEF s’est engagé dans le combat pour la défense d’un service public d’éducation de qualité, dans l’intérêt des jeunes générations.
Il a lancé un appel « Pour des enseignantes et enseignants à la hauteur des ambitions de l’institution scolaire ». Cet appel pourra être adressé aux Ministres de l’Education des pays de la Francophonie à l’occasion de la semaine mondiale d’action pour l’Education pour Tous, du 21 au 27 avril.