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La semaine dernière, Chicago a annoncé la fermeture d'une cinquantaine d'écoles publiques, dont une majorité dans les quartiers sud et ouest de la ville, les plus défavorisés. Ces fermetures représentent environ 8 % des 681 écoles publiques de Chicago, le troisième district éducatif du pays en termes de taille.

Plus de 400 000 élèves sont inscrit(e)s dans ces écoles publiques, dont une majorité est noire ou d'origine hispanique et issue de familles à bas revenus. Une centaine d'écoles avaient déjà fermé depuis 2001 à Chicago, dans lesquelles 88 % de la population était noire, indique le New York Times.

Barbara Byrd-Bennett, responsable des écoles publiques de la ville, invoque la nécessité pour la ville de réduire son déficit de 1 milliard de dollars. Les représentant(e)s du système éducatif reconnaissent par ailleurs que la fermeture de ces 54 écoles ne réduira pas le déficit budgétaire en 2013, étant donné que les économies réalisées seront réinvesties, en plus d'un budget de 233 millions de dollars, dans les écoles qui accueilleront cette année les élèves provenant de ces écoles.

Byrd-Bennett avance également que la fermeture d'écoles permet à des élèves "piégé(e)s" dans des établissements de faible niveau d'en rejoindre de meilleurs. Le syndicat met toutefois en garde: le changement d'école n'entraîne pas forcément un relèvement du niveau. De récentes études (rapport en anglais) ont montré que seule une très faible minorité d'élèves concerné(e)s par la fermeture d'écoles à Chicago est replacée dans des établissements scolaires d'un niveau nettement supérieur.

Les deux affiliés nord-américains de l'IE, l' American Federation of Teachers(AFT) et la National Education Association(NEA),ont sévèrement condamné cette décision. Selon le Chicago Teachers Union(CTU), elle nuira en fin de compte aux enfants les plus défavorisés des villes, en les contraignant à se rendre dans des écoles plus éloignées de leur domicile et à apprendre dans des classes surpeuplées.

Problème de sécurité

Le syndicat craint concrètement que ces fermetures n'obligent certains enfants à quitter une école sur le territoire d'un gang au profit d'une autre située sur celui d'un gang rival. Ils devront sortir de leur quartier en empruntant ce que les responsables du système éducatif ( Chicago Public Schools System) qualifient de "couloirs sécurisés". Ces "couloirs" ont été mis en place par la ville de Chicago afin que les enfants puissent traverser de manière plus sûre les territoires des gangs pour se rendre à leur nouvelle école.

"Cette décision amène sciemment des enfants à traverser des quartiers si dangereux qu'un couloir sécurisé doit être créé pour les protéger", constate Dennis van Roekel, Président de la NEA. "Dans ces couloirs, la sécurité sera apparemment assurée par des pompiers en service, qui ne sont pas formés pour assurer ce genre de mission et qui seront censés répondre aux alertes incendie alors qu'ils gardent le couloir", a-t-il ajouté.

"Outre toutes les conséquences qu'elles peuvent avoir sur la continuité et la stabilité de l'apprentissage, l'expérience montre que les fermetures massives déstabilisent les quartiers. La sécurité de ces enfants suscite par ailleurs une grande inquiétude, dans une ville où il règne déjà une violence excessive", confie Randy Weingarten, Présidente de l'AFT.

"De plus, cette stratégie de fermeture des écoles ne répond pas à une demande des habitantes et habitants de Chicago. D'après un récent sondage du Chicago Tribune, seulement 19 % d'entre eux la soutiennent", a-t-elle précisé.

Coup de pouce aux écoles à charte

Certain(e)s enseignant(e)s et membres de la communauté pensent que cette décision vise à promouvoir les écoles à charte, quelques-unes ayant en effet ouvert leurs portes précisément dans les quartiers où des écoles publiques devraient fermer. Les représentant(e)s du système éducatif de Chicago ont en effet annoncé l'année dernière l'ouverture d'au moins 17 nouvelles écoles à charte dans le district d'ici l'automne prochain.

Un enseignement public de qualité pour tous

L'IE soutient les membres du CTU, les parents, les élèves et toute la communauté de Chicago qui défendent les écoles publiques de la ville et se battent pour assurer l'égalité des chances pour tous les enfants, en matière scolaire.

L'IE estime que les résultats scolaires ne peuvent dépendre du contexte familial, de la richesse de la famille ni de son aptitude à payer. Chacun devrait bénéficier des mêmes chances de développer ses talents personnels – tant en fonction de ses capacités que de ses besoins – de sorte à pouvoir contribuer pleinement au développement durable et démocratique de la société.