Victoire des syndicats du Honduras: mission de l'OIT pour analyser le respect des droits syndicaux
Le gouvernement du Honduras a accepté d'accueillir une mission de contacts directs de l'Organisation internationale du Travail (OIT), à la suite d'une recommandation émise par le groupe des travailleurs de l'OIT et soutenue par les employeurs. En raison de la persistance et de la gravité des violations des droits syndicaux, le Honduras a été le premier dossier analysé cette année par la Commission de l'application des normes de l'OIT.
« Nous avons agi en tant qu'équipe, et le gouvernement est bien conscient qu'aujourd'hui, nous avons marqué un but », a déclaré Julia Ondina Ortiz à Genève, au nom de la Federation of Teachers’ Organisations of Honduras(FOMH). Cette mission de contacts directs examinera l'application de la Convention 98 de l'OIT sur le droit d'organisation et de négociation collective, formulera des recommandations à l'attention du gouvernement, et rendra un rapport auprès de la Commission.
Fred van Leeuwen a salué cette victoire. En avril dernier, le Secrétaire général de l'IE s'était rendu au Honduras et avait fait part de son plein soutien aux syndicats dans leurs efforts visant à engager un dialogue avec le gouvernement.
« Nous continuerons d'apporter notre soutien aux affiliés honduriens dans leur préparation de la mission de contacts directs », a-t-il déclaré.
« Nous exhortons également le gouvernement à respecter les promesses faites en ce jour à la communauté internationale, notamment afin de réformer le Code du travail et de mettre en place une véritable négociation collective dans le secteur public, entre autres éléments tout aussi importants. Une première étape efficace consisterait à mettre un terme aux mesures de licenciement à l'encontre des dirigeantes et dirigeants de syndicats d'enseignants, ainsi qu'à rétablir dans leur fonction tous les syndicalistes licenciés l'an dernier. »
Les quatre syndicats d'enseignants honduriens affiliés à l'IE ont envoyé une délégation forte lors de la Conférence de Genève. Julia Ondina Ortiz a pris la parole devant la Commission de l'OIT afin de présenter en détail la situation particulièrement difficile à laquelle les syndicats d'enseignants du pays doivent faire face. C'est grâce à une étroite collaboration avec les centres syndicaux nationaux que les syndicats d'enseignants ont pu atteindre ce succès. D'autres pays ont également pris la parole en faveur de cette mission de contacts directs, notamment le Brésil, le Mexique, le Nicaragua, le Panama, ou encore les Etats-Unis.
En outre, la FOMH et l'IE ont déposé une plainte contre le gouvernement du Honduras auprès du Comité de la liberté syndicale de l'OIT. L' American Federation of Labor and Congress of Industrial Organizations(AFL-CIO), principal regroupement syndical aux Etats-Unis, a également porté plainte contre les violations des droits syndicaux dans les zones de traitement des exportations (ZTE), en recourant notamment aux mécanismes du Traité de Libre-Échange d'Amérique Centrale (CAFTA).
Dans sa déclaration devant l'OIT, Mme Ondina Ortiz a condamné son gouvernement, en rappelant que plus d'un millier d'enseignant(e)s avaient été licencié(e)s en 2012, pour le simple fait d'avoir participé à des rassemblements syndicaux. En 2013, 50 autres enseignant(e)s ont été menacé(e)s de subir le même sort, pour les mêmes raisons. Le Ministère de l'Education a refusé de renouveler les permis syndicaux pour les élus et a congédié 20 dirigeant(e)s qui avaient refusé de reprendre le travail pour une question de principe. Le système de prélèvement de cotisations syndicales est quant à lui suspendu depuis mars 2012. Le gouvernement a également exhorté les syndicats à remettre des rapports sur leurs activités et leurs finances, ce qui constitue une ingérence directe dans les affaires internes des syndicats. La condition des enseignant(e)s n'est pas respectée. En outre, le gouvernement a gelé les salaires et considère toute action de grève comme illégale. On a également pu observer une campagne permanente à l'encontre des dirigeants syndicaux, qualifiés de membres de la mafia par le gouvernement, mais aussi de criminels de droit commun ou encore de corrompus.
Ondina Ortiz a rappelé la disparition tragique d’Ilse Ivania Velasquez Rodriguez en mars 2011, décédée sous les coups des policiers lors d'une manifestation syndicale pacifique. Elle craint que, sans action de la part de l'OIT, une telle tragédie ne se reproduise.