Zimbabwe: Le Gouvernement doit payer les frais de délocalisation d'enseignant(e)s du supérieur
La College Lecturers Association of Zimbabwe (COLAZ), l’un des affiliés nationaux de l’IE, a apporté des commentaires sur le paiement de 5,3 millions de dollars américains qu’un tribunal a ordonné le Gouvernement de verser à 18 maîtres de conférences mutés de manière discrétionnaire. COLAZ les a représentés au tribunal.
Mutation illégale d’enseignant(e)s
Ce paiement doit couvrir les frais de délocalisation et des intérêts à verser en sus à des enseignant(e)s, muté(e)s suite à une décision unilatérale imposée en 2012 après que de multiples allégations aient été faites contre eux/elles, y compris celle d’avoir participé à une grève.
Les travailleurs/euses ont fait valoir que les frais de délocalisation, qui couvrent les frais du petit-déjeuner, du déjeuner et des indemnités supplémentaires, étaient calculés en fonction du taux des indemnités journalières et de déplacement convenues, pour le personnel employé dans l’éducation supérieure et tertiaire.
Fermement opposés à ces mutations, ils ont souligné que le Gouvernement avait violé l’article 13 (2) du règlement de la Commission des services publics, vu que les mutations n’avaient jamais été planifiées.
Ils ont également déploré que le principe d’impartialité n’avait pas été respecté considérant les sanctions imposées, certain(e)s enseignant(e)s ayant reçu une amende tandis que d’autres ont été muté(e)s pour avoir commis les mêmes infractions.
Le tribunal du travail a ordonné au Gouvernement, représenté Dr Washington Mbizvo, Secrétaire permanent pour l’enseignement supérieure et tertiaire, de prononcer la nullité des mutations et d’assumer tous les frais de relocalisation, et chaque maître de conférences devant en conséquence recevoir un montant minimum de 10.500 dollars américains.
La Présidente principale du Tribunal du Travail, Betty Chidziva, a jugé que le Gouvernement n’avait pas respecté la décision du tribunal après que ce dernier ait ordonné à l’employeur des enseignant(e)s de payer chaque maître de conférences la somme moyenne de 297.000 dollars américains. Dans son jugement, elle a indiqué que le Gouvernement n’avait pu expliquer les raisons de non-respect du jugement du tribunal et n’avait pas tenté de faire une demande pour le suspendre.
Chidziva a décidé que les fonctionnaires avaient le droit d’être consulté(e)s avant une mutation éventuelle et aurait dû obtenir une longue période de préavis.
En 2011, une grève nationale de 6 jours avait été organisée pour forcer le Gouvernement à réexaminer le salaire et les conditions de travail des maîtres de conférences.
Une victoire pour tous/toutes les travailleurs/euses du Zimbabwe
« Cette décision du tribunal représente une énorme victoire, non seulement pour COLAZ, mais aussi pour les travailleuses et travailleurs de la fonction publique du Zimbabwe en général », a déclaré David Dzatsunga, Président de COLAZ.
« Notre allégation que le Gouvernement du Zimbabwe est coupable d’abus des droits de ses travailleurs commis par des dirigeants politiquement nommés agissant avec impunité a été reconnue » a-t-il ajouté.
Datzunga a poursuivi en disant que « la décision obstinée, illégale et vindicative prise par le Secrétaire permanent du Ministère de l’enseignement supérieur et tertiaire de transférer les dirigeants nationaux et de section était une tentative calculée mais finalement inutile de détruire le syndicat. Nous sommes reconnaissants du travail remarquable qu’ont effectué nos avocats du Centre de travail du Zimbabwe, notamment notre camarade avocat -conseil Tawanda Katsuro, qui a remporté toutes les affaires juridiques qu’il a traitées pour notre compte.
En outre, il a félicité en particulier un autre affilié de l’IE, le Progressive Teachers Union of Zimbabwe, pour l’encadrement de son syndicat et pour l’octroi d’une subvention monétaire qui a permis d’apporter une aide financière aux personnes mutées.
Il a reconnu « que l’adhésion de COLAZ à l’IE a été décidée au cours de ce procès et a servi à élargir notre réseau d’amis/es avec l'ACPPU/Canada en particulier, qui a fourni un soutien technique et financier au syndicat en matière de renforcement des structures syndicales ». « Nous avons grand espoir que ce verdict contribuera à mettre fin à la culture de la peur qui a suscité une apathie dans l'adhésion. Il s’agit d’une occasion à saisir pour rajeunir le syndicat, augmenter le nombre d’adhésions et faire avancer notre cause en tant que travailleuse et travailleurs. Il donne aussi espoir aux 12 autres maîtres de conférences dont les cas sont toujours pendants ».
« Si cette victoire n’est en aucun cas la fin des défis auxquels nous nous heurtons, elle représente indéniablement une étape majeure dans notre lutte collective pour démocratiser l’environnement du travail au Zimbabwe », a souligné Dzatsunga.
Respect des droits humains et syndicaux
« Les autorités publiques du Zimbabwe doivent respecter les droits humains et les droits syndicaux des enseignantes et enseignants de tous les niveaux de l’éducation », a déclaré Fred van Leeuwen. « Les enseignants ne peuvent pas tout simplement être séparés de leurs familles et de leur travail habituel et de leur cadre de vie, et être censés fournir une éducation de qualité aux étudiants » !
Il a également souligné que le Gouvernement doit investir dans l’éducation et qu’il a la responsabilité de veiller à ce qu’une éducation publique gratuite de qualité pour toutes et tous soit fournie dans le pays.