Nigéria: Les enseignant(e)s ne sont pas en sécurité dans leur classe: 171 tué(e)s depuis 2009
L'indignation et la vague de soutien mondiales suite à l'enlèvement des écolières au Nigéria ont fait la lumière sur les risques que courent de nombreuses personnes pour le bien de l'éducation, et sur la menace constante qui pèse sur les enseignant(e)s dans le cadre de leur travail.
Alors que le monde entier s'indigne des atrocités du groupe extrémiste Boko Haram, le plus grand syndicat d’enseignants du pays a révélé l'étendue de la violence à l'encontre des enseignant(e)s.
Selon Obong Ikpe J.Obong, Secrétaire général du Nigeria Union of Teachers (NUT), Boko Haram est responsable du meurtre de 171 enseignant(e)s depuis 2009.
C'est ce qu'il a déclaré le 8 mai à Gordon Brown, l'envoyé spécial des Nations Unies, et à Fred van Leeuwen, le Secrétaire général de l'Internationale de l’Education (IE), lors d'une réunion avec les dirigeant(e)s syndicaux/ales au Forum mondial pour l'Afrique à Abuja.
Il a également informé Brown et Van Leeuwen de l'assassinat, il y a quelques semaines, de six enseignant(e)s à leur domicile, et de l'enlèvement de 20 membres de leurs familles, dans la ville de Dikwa, située dans l'état de Borno.
A la lumière de l'insurrection visant le système éducatif au Nigéria, et plus précisément dans la région Nord-Est du pays, l'IE s'est engagée à aider le gouvernement nigérian à développer une initiative de « Sécurité à l'école ». Elle permettra l’octroi de fonds en vue d'améliorer la sécurité des écoles du pays, tant pour les étudiant(e)s que pour les enseignant(e)s, en postant par exemple des gardes aux écoles et en améliorant les bâtiments pour davantage de sécurité.
« Au Nigéria, la classe se fait parfois sous un arbre, ce qui ne constitue en aucun cas un endroit sûr. La construction d'écoles s'inscrira dès lors dans les programmes », a déclaré Van Leeuwen. « La sécurité des enseignantes et enseignants est également cruciale pour assurer que les élèves bénéficient d'une éducation. »
Le Secrétaire général de l'IE a cependant souligné que la priorité absolue est de retrouver les écolières enlevées.
« C'est au nom de toute la communauté des enseignantes et enseignants que j'exprime notre révolte face à ce qui s'est produit et que j'exhorte le gouvernement à faire tous les efforts possibles pour retrouver ces jeunes filles », a-t-il déclaré. « Nous pensons qu'il est également important que tout le monde, pas uniquement au Nigéria, mais dans le monde entier, sache que l'enlèvement d'enfants dans les écoles représente une menace sérieuse pour l'ensemble du système scolaire. »
A la demande de l'IE, le NUT va demander aux communautés enseignantes dans le Nord du pays d’être à l’affut d’informations afin de retrouver les jeunes filles enlevées. Van Leeuwen a également annoncé que l'IE a demandé aux syndicats de l'éducation au Tchad, au Niger et au Cameroun d'engager leurs membres, tout particulièrement dans les zones frontalières avec le Nigéria, pour tenter de trouver la trace des jeunes filles, qui pourraient avoir été emmenées hors du pays.