Corée: un syndicat de l’éducation perd son procès visant à restaurer son statut légal
Un tribunal coréen a une fois de plus ignoré les recommandations de l’Organisation internationale du travail concernant la décision de révoquer le statut légal d’un syndicat d’enseignants du pays.
« Accepter des travailleuses et travailleurs pensionnées ou licenciés en tant que membres et dirigeantes et dirigeants d’un syndicat est reconnu internationalement », a indiqué le Secrétaire général de l’Internationale de l’Education (IE) Fred van Leeuwen en réponse au jugement de la Cour administrative de Séoul.
Dans son prononcé, la cour a déclaré que le Korean Teachers and Education Workers’ Union (KTU) était une organisation syndicale illégale car « le fait de compter parmi ses membres des enseignant(e)s ayant été licencié(e)s compromet l’indépendance et l’autonomie d’un syndicat d’enseignants - une situation qui, au final, porte préjudice à l’éducation et aux élèves ».
Le Président du KTU, Kim Jeonghun, qui a entamé une grève de la faim le 9 juin dernier en vue d’infléchir la décision du tribunal, a affirmé que son syndicat ne baisserait pas les bras.
KTU : interjeter appel contre une décision abusive et poursuivre la lutte en faveur de l’éducation de qualité.
« Nous comptons immédiatement faire appel de cette décision et engager d’autres procédures légales », a déclaré Jeonghun à l’IE, ajoutant que d’autres actions seraient menées pour réformer la loi. « Cela fait maintenant 25 ans que nous nous battons pour empêcher la détérioration de l’éducation, et nous continuerons à lutter dans ce sens. »
Comptant 60.000 membres, le Korean Teachers and Education Workers’ Union, fondé en 1989 et légitimé en 1999, s’efforce de garantir que chaque élève coréen(ne) puisse bénéficier d’une éducation de qualité, et cherche à instaurer la justice sociale au sein de la société coréenne en luttant contre les responsables des écoles privées livrés à la corruption, les systèmes administratifs trop bureaucratiques et la concurrence acharnée parmi les élèves.
Loin de se laisser décourager, Jeonghun a déclaré que « le KTU mènerait des actions pour lutter contre les mesures gouvernementales et sensibiliser l’opinion publique au niveau national et international ». Le Président du syndicat a également exprimé sa plus vive reconnaissance à la communauté syndicale, en particulier à l’IE, à la Confédération syndicale internationale (CSI), au Comité syndical consultatif auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), à l’Organisation internationale du travail (OIT) et aux collègues du monde entier qui soutiennent sans réserve le KTU.
Prochaines étapes pour le KTU
Dans l’hypothèse où la décision du 19 juin serait entérinée par la Cour supérieure de justice, le KTU se verrait frappé d’interdiction d’utiliser la dénomination « organisation syndicale » et de s’engager dans des négociations légitimes avec les autorités éducatives.
En octobre, le KTU a déposé plainte devant le tribunal administratif de Séoul contre la décision du gouvernement d’annuler la légitimité du KTU pour avoir refusé à maintes reprise de se plier à l’injonction du gouvernement de ne plus affilier le personnel enseignant victime de licenciements.
Le Groupe de travail de l’OIT a également adopté une déclaration stipulant que le gouvernement de Séoul faisait la sourde oreille aux recommandations réitérées en permanence par une organisation des Nations Unies, selon lesquelles il appartient au syndicat d’enseignants de décider si oui ou non il accueille dans ses rangs des enseignant(e)s ayant perdu leur emploi.
IE: un mouvement de solidarité internationale pour le respect des droits syndicaux du KTU
L’Internationale de l’Education a été scandalisée par la révocation du statut légal du KTU en octobre 2013 pour avoir rejeté l’ultimatum lancé par le gouvernement, demandant de modifier les dispositions de son règlement intérieur relatives à l’affiliation du personnel enseignant retraité et licencié.
Dans une lettre adressée au nom du syndicat le 18 juin, le Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen, a souligné: « La communauté internationale reconnaît le droit pour un syndicat d’affilier des travailleuses et des travailleurs retraités ou licenciés et de leur offrir des postes à responsabilités. Le Comité de la liberté syndicale de l’Organisation internationale du travail n’a cessé d’insister auprès du gouvernement pour qu’il abroge la loi interdisant au personnel retraité ou licencié de s’affilier à un syndicat et refusant aux non-membres le droit de se porter candidats aux postes décisionnels d’une organisation syndicale. »
L’Internationale de l’Education, de même que ses affiliés à travers le monde, s’est engagée à soutenir les enseignant(e)s de Corée dans la défense de leurs droits civils, politiques et syndicaux, et continuera à faire pression sur le gouvernement pour qu’il respecte les normes internationales du travail.