A la porte des écoles: la privatisation de l'éducation écarte les filles et les femmes
Un nouveau rapport mondial révèle que les filles et les femmes pâtissent de la montée de la privatisation de l'éducation dans le monde entier, qui les laisse à la porte des classes.
Aujourd'hui, 13 organisations du monde entier, dont l'Internationale de l'Education (IE), ont remis un rapport intitulé « La privatisation et son impact sur le droit à l'éducation des filles et des femmes», disponible en anglais uniquement) au Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), braquant les projecteurs sur les conséquences nocives et discriminatoires que l'éducation privatisée fait subir aux filles et aux femmes. Le CEDAW a reçu ce rapport pour sa Discussion générale sur le droit à l'éducation des filles/femmes, qui s'est tenue à Paris.
Discrimination structurelle
« Pour les familles qui vivent dans la pauvreté, même les frais de scolarité peu élevés, demandés par les écoles privées, constituent un obstacle de taille à l'éducation des filles », a déclaré Lucy McKernan, rapporteur spécial des Nations Unies auprès de la Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights en se référant au rapport, avant d'ajouter qu'une fois que les populations doivent commencer à payer pour leur éducation, de nombreuses personnes se retrouvent exclues du système tout entier – des filles et des femmes pour la majeure partie. L'introduction des frais de scolarité implique que davantage de garçons que de filles sont scolarisés, car dans de nombreuses régions du monde, les parents décident alors d'envoyer uniquement leurs garçons, plutôt que leurs filles, à l'école. Dans le cas de l'Uttar Pradesh, en Inde, même les écoles qui prétendent demander des frais de scolarité peu élevés contraignent les familles à allouer près de la moitié des revenus du ménage à la scolarisation de tous leurs enfants.
Education pour TOUS
Les organisations ont émis au CEDAW des recommandations sur la formulation de la Recommandation générale sur le droit à l'éducation des filles/femmes, en particulier sur le fait que les Etats doivent offrir une éducation publique de qualité, accessible et gratuite, afin que les parents puissent choisir plus facilement d'envoyer leurs filles à l'école.
En citant les chiffres des Nations Unies, le rapport révèle également que sur les 123 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans, qui ne disposent pas des compétences de base en lecture et en écriture, 61 pour cent sont des filles. Ces chiffres alarmants sont d'autant plus inquiétants que les faits démontrent que, lorsque les filles reçoivent une éducation, leur famille et leurs enfants sont en meilleure santé, et que le taux de natalité diminue.
Briser les stéréotypes liés au genre
Selon le rapport, les gouvernements se mettent notamment en travers du chemin de l'éducation gratuite, l'éducation demeurant une faible priorité budgétaire pour nombre d'entre eux. En influençant la formulation de la Recommandation générale sur le droit à l'éducation des femmes/filles, les 13 organisations espèrent définir des lignes directrices claires au regard des inégalités de genre, que les Etats pourront suivre afin de renverser la tendance à la privatisation.