Un nouveau rapport montre que les éducateurs sont ciblés lors de conflits armés
Une nouvelle étude publiée le 14 juillet par la Global Coalition to Protect Education from Attack (GCPEA) soutient que les attaques contre les enseignant(e)s et autres éducateurs/trices constituent une tactique fort usée en temps de guerre et une menace sérieuse pour l'éducation. Le rapport, intitulé Protecting Education Personnel from Targeted Attack in Conflict-Affected Countries (Protéger le personnel enseignant des attaques ciblées dans les pays affectés par les conflits), décrit la manière dont les enseignant(e)s ont été pris(es) pour cible à travers le monde et recense les diverses manières dont les communautés ont tenté de les protéger.
La GCPEA est une coalition d'organisations internationales, formée du Council for At-Risk Academics, Human Rights Watch, l'Institute of International Education’s Scholar Rescue Fund, Protect Education in Insecurity and Conflict, Save the Children International, le Réseau Scholars at Risk, l’UNESCO, l’UNHCR et l’UNICEF.
« En ce jour de Malala, nous devrions également commémorer le courage des enseignantes et enseignants, comme le père de Malala, qui mettent trop souvent leur vie en péril en allant simplement au travail dans le cadre de leurs fonctions », a déclaré Diya Nijhowne, le Directeur de la GCPEA. « Les attaques contre les enseignantes et enseignants s'en prennent au cœur même des communautés, et de plus amples efforts doivent être mis en œuvre afin de les protéger. »
Conseils sur les stratégies visant la protection des enseignant(e)s
Le rapport de 50 pages documente l'ampleur des attaques contre les enseignant(e)s, les motifs de ces attaques, et les stratégies déployées pour leur protection. Il offre également des conseils aux praticien(ne)s et aux décideurs/euses politiques en ce qui concerne les mesures pouvant être mises en œuvre afin d'améliorer la sécurité des enseignant(e)s.
Il s'appuie sur des entretiens avec des praticien(ne)s mondiaux/ales, des documents provenant d'organisations locales et internationales, et de la recherche sur le terrain effectuée aux Philippines. Il souligne l'effet dévastateur sur le système éducatif de la violence perpétrée à l'encontre des éducateurs/trices. Les attaques peuvent épuiser le corps enseignant, étant donné que les enseignant(e)s et les professeur(e)s sont intimidé(e)s, blessé(e)s, tué(e)s ou forcé(e) de prendre la fuite. A long terme, ces attaques peuvent exacerber la pénurie d'enseignant(e)s, perturber les cycles scolaires et d'emploi, et avoir un effet néfaste sur le développement d'un pays.
Au cours des cinq dernières années, les enseignant(e)s et autres personnels de l'éducation ont été assassiné(e)s, tué(e)s, blessé(e)s, torturé(e)s, détenu(e)s, extorqué(e)s et harcelé(e)s dans les zones de conflit et d'instabilité dans 23 pays au moins, d'après le rapport Education Under Attack 2014 (L'enseignement attaqué) de la GCPEA.
Soutien de Malala aux écolières nigérianes kidnappées
Au Nigéria, par exemple, où le groupe islamiste militant, Boko Haram, a enlevé près de 300 étudiantes en avril dernier, le Président de l'affilié de l'IE, la National Union of Teachers, a rapporté que le groupe avait également tué 171 enseignant(e)s depuis 2009. Une campagne sur les réseaux sociaux, #bringbackourgirls, a attiré un soutien mondial important pour les filles enlevées.
Au cours d'une visite au Nigéria, Malala Yousafzai, l'adolescente pakistanaise qui avait survécu à des blessures à la tête suite à une tentative d'assassinat par les Talibans pour avoir défendu le droit des filles à l'éducation, s'est engagée à aider à la libération de plus de 200 de ces écolières encore détenues.
La militante, qui fête ses 17 ans le 14 juillet, a également fêté son anniversaire à l'avance avec certaines des filles qui avaient échappé à l'enlèvement de masse qui avait eu lieu dans le village de Chibok dans le Nord-Est du pays.
« Je considère ces filles comme mes sœurs… et je continuerais de les défendre jusqu'à ce qu'elles soient libérées », a-t-elle déclaré lors d'une réunion tenue à Abuja, la capitale du pays, le 13 juillet en compagnie de certains parents des enfants enlevés. « Je vais participer de manière active à la campagne Bring Back Our Girls(Ramenez nos filles) afin d'assurer leur retour saines et sauves. »
La lutte de Boko Haram visant à imposer un califat islamique dans le pays le plus peuplé d'Afrique dure depuis près de 5 ans, et la violence du conflit s'est intensifiée au cours de la dernière année. Les civils sont de plus en plus ciblés et, l'année dernière, les insurgés ont brûlé vifs des dizaines d'enfants dans leurs dortoirs. Le Pakistan et le Nigéria font partie des pays ayant le plus grand nombre d'enfants n'allant pas à l'école. Au Nigéria, les filles représentent environ deux tiers des 10,5 millions d'enfants non scolarisés.
IE: Les gouvernements doivent veiller à la sécurité des enseignant(e)s
« Les enseignantes et enseignants jouent un rôle primordial dans l'éveil et l'inspiration de la prochaine génération de citoyennes et citoyens et de dirigeantes et dirigeants communautaires », a déclaré Fred van Leeuwen, Secrétaire général de l'IE.
« Pour le bien de leurs enfants, de leurs sociétés, et de leurs avenirs, il est impératif que les gouvernements décuplent leurs efforts et leurs ressources afin de protéger les enseignantes et enseignants. »
Il a ensuite souligné que l'IE plaide depuis de nombreuses années pour que les écoles soient considérées comme des lieux sûrs en cas de conflits armés.
Le rapport complet de la GCPEA (en anglais) peut être consulté ici.