Myanmar: l'IE mène une mission d'exploration
Le Bureau régional Asie-Pacifique de l'IE (IEAP) a récemment mené avec succès une mission d'information au Myanmar. Du 30 juin au 2 juillet, l'équipe de l'IEAP se trouvait à Rangoun afin d'examiner les données disponibles et de collecter des informations sur le terrain. Cette mission visait également à procéder à une analyse approfondie de la situation actuelle du pays, en se concentrant sur le secteur de l'éducation et les enseignant(e)s.
La mission d'exploration fait suite à la décision du Bureau régional de l'IE, prise en mars dernier, d'examiner l'engagement stratégique de l'IE au Myanmar et de mettre en place un nouveau cadre de coopération. L'Organisation internationale du Travail (OIT), la Confédération syndicale internationale (CSI), l'UNESCO, la Fondation Friedrich Ebert (FES), la Federation of Trade Unions in Myanmar(FTUM) et la Myanmar Trade Union Federation(MTUF) participaient également à cette mission.
La mission de l'IEAP avait tout d'abord pour but de:
- collecter des informations sur le terrain et auprès des partenaires existants au Myanmar;
- confirmer les informations existantes;
- renforcer la coopération avec les partenaires actuels et potentiels;
- formuler des recommandations au regard des actions/de l'engagement futurs au Myanmar.
Développements politiques et syndicaux
« Il apparaît de façon évidente que le gouvernement aspire à une démocratisation politique et à l'ouverture de ses frontières économiques à d'autres pays, aux investisseurs et aux partenaires de développement. Cependant, nous ne devons pas être induits en erreur par ces développements, car le Myanmar demeure toujours sous le joug des forces militaires. Un engagement progressif, prudent et stable doit donc être de mise », a annoncé Rey Dolot, Coordinateur régional de l'IE pour la région Asie-Pacifique.
Cependant, il a qualifié de regrettable la partition du mouvement syndical au Myanmar alors que ce dernier n'en est toujours qu'à ses prémices. L'IE doit trouver un équilibre politique entre la FTUM et la MTUF, des organisations avec lesquelles elle travaillera en étroite collaboration.
Selon Rey Dolot, dans le cadre d'un projet pilote, il est sage de soutenir la proposition de la FTUM de nommer un syndicaliste qui se consacrera aux enseignant(e)s de l'enseignement de base, qui auront uniquement besoin d'une formation spécifique dans le domaine de la syndicalisation du secteur de l'éducation, étant donné qu'ils auront déjà suivi une formation syndicale de base. Cependant, l'IE doit également aider le groupe auquel la MTUF appartient et qui soutient depuis longtemps la syndicalisation des enseignant(e)s universitaires.
Le Coordinateur de l'IE a également souligné qu'il existait deux démarches en matière d'engagement. Dans le cadre de l'approche descendante, les autorités – le ministère du Travail, le ministère de l'Education et l'IE – seront présentées et décrites. Cette démarche conduira probablement à la signature d'un protocole d'accord. L'approche ascendante, quant à elle, implique de débuter la syndicalisation dans les zones rurales où les mouvements syndicaux sont moindres comparés aux zones urbaines.
Rey Dolot a ajouté que les actions immédiates devaient inclure:
- la cartographie des régions pilotes identifiées, en particulier pour les besoins spécifiques des enseignant(e)s sur le terrain;
- la formation de syndicalistes au domaine de l'éducation, en collaboration avec la FTUM et la MTUF;
- le recrutement d'un assistant administratif/de projet local;
- l'organisation d'une formation professionnelle les samedis et/ou les dimanches;
- et enfin, la mise en place d'un consortium de soutien.
« Le mouvement syndical prospère en dépit de la sphère démocratique restreinte dans laquelle il opère. Ce développement positif devient manifeste, notamment dans les secteurs de l'agriculture, de la fabrication, de la construction et des transports. Cependant, le secteur de l'éducation (en particulier au niveau universitaire) est uniquement parvenu à syndiquer et à enregistrer 11 organisations de niveau de base, deux universités supplémentaires étant en cours d'inscription », a ajouté M. Dolot.
Statut de l'éducation et des enseignant(e)s
Au Myanmar, la scolarité obligatoire nationale est de 5 ans, une durée nettement inférieure aux normes internationales. La formation d'un an avant l'entrée en fonction des enseignant(e)s dans l'enseignement de base ne permet pas non plus de fournir une éducation de qualité. Les dépenses publiques en faveur de l'éducation sont extrêmement faibles et s'élèvent à 1,2 % seulement du budget national. Le Myanmar recense environ 117.691 enseignant(e)s du primaire, 106.515 enseignant(e)s du secondaire et 5.730 enseignant(e)s du supérieur.
La proportion moyenne élèves-enseignants équivaut à 46:1 dans les écoles primaires. Selon Rey Dolot, le taux de scolarisation des filles ne s'élève qu'à 30 % dans le secondaire, et atteint à peine 7 % dans l'enseignement supérieur.
Le Coordinateur de l'IE a également mis en lumière le salaire moyen des enseignant(e)s dans l'enseignement de base: entre 100 et 120 dollars par mois, et 150 dollars par mois pour un(e) maître-assistant(e). Il a ajouté que pour joindre les deux bouts, les enseignant(e)s étaient contraints de donner cours dans une autre école ou de cumuler d'autres petits boulots. L'âge de la retraite est fixé à 60 ans et un professeur universitaire, par exemple, reçoit une pension moyenne de 70 dollars par mois.