L’IE porte un autre regard sur le projet de la Banque mondiale de privatiser l’éducation
La semaine dernière, des réunions avec des syndicats ont eu lieu à Washington. Au cours de celles-ci, les syndicats ont abordé les mesures d’austérité et ont proposé des réformes du marché du travail. C’est dans ce contexte que l’Internationale de l’Education a démantelé, point par point, la stratégie d’investissements privés dans l’éducation proposée par la Banque mondiale.
La réunion du 10-12 février avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale à Washington, aux Etats-Unis, a rassemblé les Secrétaires généraux de l’Internationale de l’Education (IE), de la Confédération syndicale internationale (CSI), d’IndustriAll, de l’Internationale des services publics (ISP) et de la Commission syndicale consultative (CSC) auprès de l’OCDE.
Entre autres, les sujets suivants sont particulièrement ressortis des débats: les mesures d’austérité, la contribution des institutions financières internationales à la réforme du marché du travail et à d’autres réformes structurelles, leurs réactions face à la répartition inégale des revenus et des richesses et face aux conséquences du changement climatique, et enfin, leurs politiques en matière de création d’emplois et de respect des normes internationales de travail.
Ces réunions étaient également l’occasion pour la Banque mondiale et la Société financière internationale (SFI), un groupe affilié à la Banque mondiale, de présenter leurs projets d’investissements privés dans l’éducation et la santé. Cependant, le Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen, a énuméré une longue liste de problèmes provoqués par la privatisation de l’éducation.
Claudia Costin, Directrice principale de l’Education à la Banque mondiale, Nicole Klingen et Elena Sterling de la SFI, ainsi que Kwaku Asante-Krobea de l’ISP et Amarsanna Ennebish de la Confédération des syndicats de Mongolie (CMTU-Mongolie) l’ont rejoint dans le débat.
Le Secrétaire général de l’IE a exposé les problèmes au niveau national, en attirant l’attention sur la dure réalité à laquelle sont confrontés les étudiants pauvres et leurs parents, incapables de payer les frais de scolarité. Il a souligné qu’un(e) enseignant(e) ougandais(e) moyen gagne 100 $ US par mois, et n’a donc pas les moyens d’envoyer ses enfants dans l’établissement où il travaille.
Il a ensuite pris un exemple de la stratégie adoptée par la Banque mondiale pour accroître la création d’établissements scolaires à but lucratif dont les frais sont peu élevés. Or, selon des recherches récentes, « ces établissements sont d’une qualité médiocre et les frais de scolarité y sont élevés ». Ce projet apparaît après que le mouvement pour l’abolition des frais de scolarité, dont faisait partie la Banque mondiale, a permis un accès à l’éducation pour les familles pauvres jamais égalé auparavant. Il est maintenant prouvé que les frais de scolarité journaliers constituent plus de la moitié des revenus des familles vivant sous le seuil de pauvreté.
Les réunions se sont déroulées en présence du président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, de l’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, qui remplaçait Christine Lagarde, et de plusieurs autres fonctionnaires de la Banque et du Fonds, ainsi que de 27 directeurs/trices exécutifs/ives, qui représentent des membres du gouvernement aux Bureaux exécutifs du FMI et de la Banque mondiale.