France: les syndicats de l’éducation réaffirment leurs valeurs
Après les terribles attaques de janvier qui ont visé le journal Charlie Hebdo, des policiers et le magasin Hyper-Cacher, à Paris, des organisations syndicales françaises ont engagé un travail commun nouveau par le biais d’une déclaration co-signée.
Le 5 juin, les organisations syndicales CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC, UNSA, FSU (auxquelles appartiennent la majorité des affiliés français de l’Internationale de l’Education) et Solidaires, ont publié un texte commun sur des engagements partagés intitulé: « Après le 11 janvier 2015: Vivre ensemble, travailler ensemble. »
Un socle commun sur les valeurs et les pratiques syndicales
Elles ont mis l’accent sur le besoin d’agir contre le racisme, l’antisémitisme, les discriminations, le fondamentalisme et toutes les formes de totalitarisme: « Le mouvement syndical, riche d’une large diversité, est constitutif d’une sociétédémocratique. Il se retrouve sur les valeurs essentielles que sont l’égalité, la fraternité, lasolidarité, le respect des droits de l’Homme et les libertés. Son action est inconciliable avec toute logique discriminatoire, sexiste, raciste ou antisémite. »
Le texte émis représente un socle commun sur les valeurs et les pratiques sur lesquelles se rejoignent et doivent s’engager les militant(e)s des différents syndicats contributeurs, à savoir:
- L’emploi et le travail: « Des facteurs essentiels d’émancipation etd’intégration sociale »;
- Agir contre les discriminations à l’embauche et au travail: « Des préjugés au racisme et à l’exclusion, les chemins de l’inacceptable »;
- Agir dans les cités, les quartiers, les villes et les villages: « Vivre ensemble dans le respect et le bien-être »;
- Education, école: « Les parcours de la citoyenneté : On ne nait pas citoyen, on le devient »; et
- Laïcité au travail: « La liberté dans le respect mutuel ».
L’école, cruciale à la construction de la citoyenneté
En matière d’éducation, « la construction de la citoyenneté se fait tout au long de la vie, elle concerne les jeunes mais aussi les adultes », ont rappelé les organisations syndicales, ajoutant qu’une telle construction ne se fait pas en une seule étape, car il s'agit d'un processus de formation.
Elles ont expliqué que c'est qu’« être citoyen, c'est être reconnu comme membre d'une société et pouvoir participer à sa vie politique et économique », et avoir des droits (droit à l'éducation, au travail, à la protection sociale, aux libertés, aux droits fondamentaux, etc.), mais aussi des obligations (respect de ces droits par exemple).
Elles sont d’avis que l’école a « un rôle déterminant » à jouer et doit donc faire l'objet de débats afin de définir « un projet d’école le plus consensuel possible ».
Elles ont aussi noté que le défi éducatif majeur est de surmonter « la corrélation existante entre inégalités scolaires et inégalités sociales particulièrement fortes dans notre système éducatif et qui parfois se conjuguent avec des inégalités territoriales ». Elles ont fait observer que si l'éducation et les enseignements que dispense l’école se trouvent en totale contradiction avec ce que dit et fait la société, l’école risque d’être impuissante.
Un projet de l’école adossé à un projet de société
L’école, les différents lieux de formation formelle comme informelle, la famille, les institutions doivent parler des mêmes choses, car l'apprentissage sera difficile voire voué à l'échec si les jeunes sont sommés de choisir entre la culture scolaire ou associative et celle de leur famille, ont-elles souligné. « D’où l'importance d'un partage du projet de l’école qui ne peut s'adosser qu'à un projet de société dont les valeurs et principes font culture commune dans la société. »
La déclaration syndicale commune insiste dès lors fortement sur le fait que les militant(e)s syndicaux/ales agissent:
- Pour une école de la réussite de tous les jeunes;
- Pour une école qui développe, en lien avec la recherche, l'esprit critique, les savoirs et les compétences pour permettre à chacun de réaliser son projet, de développer sa vie personnelle et professionnelle;
- Pour une école au cœur de l’égalité et des luttes contre les discriminations; et
- Pour permettre à tous les personnels de mener à bien leurs missions.
Les organisations syndicales ont par ailleurs indiqué avoir décidé de travailler ensemble pour rechercher et exiger des réponses à la crise économique et sociale. C’est pourquoi elles ont solennellement appelé tou(te)s leurs adhérent(e)s et militant(e)s, et au-delà tou(te)s les travailleurs/euses, à se rassembler dans les entreprises pour barrer la route au populisme, aux idées d’extrême droite et à la démagogie, et militer résolument pour les valeurs du syndicalisme et des principes républicains.