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Internationale de l'Education
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Finlande: les syndicats battent le pavé pour défendre les droits de négociation

Publié 21 septembre 2015 Mis à jour 22 septembre 2015

Le syndicat d’enseignants Opetusalan Ammattijärjestö a rejoint plus de 30.000 travailleurs/euses de tous les secteurs dans les rues de Helsinki, en Finlande, afin de contester le projet gouvernemental de nouvelles lois antisyndicales et de défendre les droits de négociation des syndicats.

Le 18 septembre dernier, sous une pluie torrentielle, les travailleurs/euses des trois centrales syndicales finlandaises, la SAK, la STTK et l’AKAVA, ont débrayé et sont descendu(e)s dans les rues afin de marquer leur opposition au nouveau projet de loi proposé par le nouveau gouvernement de coalition, qui vient mettre à mal les droits à la négociation collective. Outre ces manifestations dans la capitale, quelque 300.000 travailleurs/euses se sont mis(es) en grève et les syndicats ont organisé des manifestations dans tout le pays.

Il s’agit de la toute première fois en vingt ans qu’une mobilisation d’une telle envergure se tient en Finlande, un pays qui nourrit de longue date une tradition de règlement des différends par le biais de la négociation entre les syndicats et les employeurs. Les syndicats ont obtenu depuis très longtemps le droit de négocier des conventions collectives, et le droit de négociation est devenu intouchable au sein de la société finlandaise.

Le Président de l’ Opetusalan Ammattijärjestö(OAJ) et Vice-président de l’AKAVA, Olli Luukkainen, a souligné que les membres de l’OAJ, le syndicat le plus important faisant partie de l’AKAVA, figuraient en première ligne de la manifestation, non seulement pour défendre le droit de négociation, mais aussi pour demander au Gouvernement de cesser ses coupes dans le budget de l’éducation.

Cette manifestation ne visait pas directement les employeurs, dans la mesure où tous les accords conclus entre le syndicat et les employeurs sont toujours valides, a déclaré Luukkainen, avant de préciser que cette mobilisation consistait à défendre les droits de négociation, et qu’il ne s’agissait pas d’une grève à proprement parler. A l’heure actuelle, les syndicats ont pour objectif premier de défendre les droits de négociation, a-t-il annoncé, en soulignant que tous les employé(e)s devaient pouvoir jouir, par le biais de leur syndicat, du droit de négocier leurs horaires de travail, leur salaire et leurs vacances.

Les enseignant(e)s travaillant principalement pour les autorités locales et étant majoritairement payé(e)s par les municipalités, les accords sont légion dans le secteur de l’éducation. En fonction du secteur et du niveau d’enseignement, ils/elles sont soumis(es) à des accords et à des salaires différents.

La Finlande a organisé des élections parlementaires en avril dernier. Le Parti de la coalition nationale, les Vrais Finlandais et le Parti du centre, tous des partis de droite, ont mis en place un nouveau gouvernement qui a présenté son nouveau programme au mois de juin. Ce programme annonce des coupes importantes dans le budget de l’éducation, ainsi que dans le budget alloué à la coopération au développement.

Le gouvernement a en outre décidé qu’en raison de la morosité de son économie, la Finlande avait besoin d’un « accord sociétal », visant à réduire de 5 % les coûts du travail. De plus, le gouvernement a annoncé que, s’il ne parvenait pas à trouver un terrain d’entente sur cette question avec les syndicats et les employeurs, les coupes dans le secteur public seraient alors inévitables. Le gouvernement a également demandé à toutes les fédérations syndicales et à tous les syndicats d’accepter ce vaste accord.

Après une période de négociations plutôt courte, cet « accord sociétal » n’est pas devenu réalité. Les syndicats ont déclaré qu’il ne s’agissait pas de négociations au sens strict du terme, car le gouvernement avait déjà décidé du résultat à l’avance. En lieu et place de véritables négociations, les discussions ont davantage ressemblé à une « proposition à prendre ou à laisser », ce qui a précipité le départ des syndicats de la table des négociations, a ajouté Luukkainen.

Ainsi, juste après que les syndicats eurent refermé la porte des négociations, le gouvernement a annoncé que, dans la mesure où aucun accord sociétal n’avait pu être atteint, il était prêt à adopter une loi venant réduire les vacances dans le secteur public et modifier les indemnités versées pour le travail pendant le week-end.

« Nous sommes parfaitement conscients de la faiblesse de l’économie finlandaise », a souligné Luukkainen. « Cependant, ce n’est pas de cette façon que l’on résout ce type de problème. Nous ne pouvons en aucun cas cautionner la volonté du gouvernement d’occulter le droit de négociation des syndicats. De plus, les projets annoncés par le gouvernement viendront principalement affecter le secteur public et certaines catégories de travailleurs/euses, tels que les enseignantes et enseignants de l’éducation de la petite enfance et autres professions où les femmes sont majoritairement représentées. Les femmes faiblement rémunérées, telles que les enseignantes, ne peuvent à elles seules redresser l’économie du pays. »

A l’heure où de nombreux/ses manifestant(e)s prennent les rues d’assaut afin de défendre les droits des travailleurs/euses garantis par les conventions de l’Organisation international du Travail, Luukkainen a déclaré qu’il « était temps de reprendre place tous ensemble à la table des négociations ».