Mise en œuvre réussie de politiques éducatives comptant sur l’implication des enseignant(e)s
Des travailleurs(euses) de l’éducation d’une trentaine de pays ont fait le lien entre la promotion de l’éducation en tant que bien public et autonomie des enseignant(e)s, engagement politique des gouvernements et reconnaissances des syndicats d'enseignants comme agents de changement.
La Conférence de l’Internationale de l'Education (IE) pour les affiliés des pays membres de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) a réuni plus de 150 délégué(e)s internationaux pour un séminaire de deux jours à Rome en Italie.
Les participant(e)s ont été reçu(e)s à Rome par les affiliés italiens à l’IE qui étaient ravis d’accueillir la conférence et de contribuer au travail de développement politique de l’IE. Ils ont rappelé aux participant(e)s que c’était la seconde fois qu’ils accueillaient la conférence des affiliés de l’IE à l’OCDE. Fred van Leeuwen, le Secrétaire général de l’IE, a souligné lors de son discours d’introduction à la conférence l’importance d’impliquer les enseignant(e)s et leurs syndicats dans le dialogue politique afin de favoriser sa réussite. Décrivant les développement politiques à la lumière du contexte international politique, économique et social actuel, de l’économie d’après-crise à l’afflux de réfugiés, van Leeuwen a regretté que, trop souvent, les gouvernements ne consultent pas les parties prenantes directement impliquées dans le secteur de l’éducation lorsqu’ils réalisent des changements au niveau politique ou mettent en place des engagements au niveau national ou international: « Les gouvernements affirment une telle chose lors d’une réunion internationale, mais font quelque chose de tout à fait différent de retour au pays. »
A ce propos, il a mis en garde contre la tendance croissante de la part des gouvernements à négliger l’éducation en la laissant aux mains « d’entreprises éducatives » à but lucratif. Il a souligné, qu’en dépit des preuves de l’OCDE montrant que le marché dans l’éducation a un impact négatif sur les résultats des étudiants et renforce les inégalités, « certains gouvernements tiennent à démanteler leur système scolaire public. Nous voyons déjà les effets de ces programmes avec la dissolution des systèmes scolaires traditionnels, particulièrement dans les pays à bas revenus. Nous remarquons l’émergence et l’expansion d’écoles privées, possédées par des entreprises et à but lucratif dans de nombreux cas. » Il a cité les exemples récents de tels développements aux Philippines et au Kenya, tandis qu’au Liberia « les autorités sont sur le point de remettre à une société à but lucratif toutes les écoles primaires et secondaires. »
Défis urgents pour les systèmes éducatifs
La conférence s’est concentré sur deux thèmes de travail proches. Elle a analysé le deuxième jour les effets de la commercialisation et de la privatisation sur l’éducation, tandis que le premier jour, les délégué(e)s ont abordé des actions fondées sur des faits afin de faire entendre la voix des travailleurs(euses) de l’éducation dans l’arène décisionnelle.
Le Professeur Dennis Shirley de la Boston Lynch School of Education a cadré le débat dans son discours d’ouverture en abordant les valeurs qui devraient façonner les systèmes éducatifs publics et en faire une réussite. Il les a comparées aux gouvernements qui souhaitent introduire des réformes qui remplacent la morale du service public par des mesures étroites, à enjeux élevés de performance en donnant un rôle prédominant au secteur privé. Il a souligné l’importance d’un « professionnalisme redynamisé de capital humain, social et décisionnel, de connaissances, de réseaux de pairs et d’autonomie ».
Lors d’une session sur les objectifs de développement durable qui serviront de référence aux politiques de développement jusqu’en 2030, les délégué(e)s ont appris directement des responsables de l’IE la façon dont les travailleurs/euses de l’éducation ont été impliqué(e)s dans la rédaction des objectifs et pourraient désormais influencer cet agenda international important. La Présidente de l'IE Susan Hopgood a souligné les défis que représentent ce nouveau programme pour l’éducation, insistant sur le fait que les 17 nouveaux objectifs « devront être intégrés dans des plans de mise en œuvre nationaux afin d’être réalisés ». Elle a également ajouté que ces nouveaux objectifs avaient des conséquences pour tous les gouvernements et que les travailleurs/euses de l’éducation en particulier ne devaient pas « laisser leurs gouvernements élaborer des réponses politiques éducatives de développement sans les impliquer ».
Quoi de neuf pour TALIS ?
L’Enquête internationale de l'OCDE sur les enseignants, l'enseignement et l'apprentissage (TALIS) est la seule enquête internationale qui reprend la voix des enseignant(e)s dans l’éducation et qui a un impact significatif sur le développement de politiques éducatives. C’est pour cette raison qu’elle a été abordée lors du premier jour de la conférence. John Bangs, Consultant senior de l’IE, a rappelé aux participants que TALIS reflète les avis des enseignant(e)s et des responsables d’établissement dans des domaines qui affectent leurs vies professionnelles. Cette enquête a permis la fourniture de preuves significatives aux sommets internationaux de la profession enseignante. Deux enquêtes ont déjà été publiées (TALIS 2008 et TALIS 2013) et des conclusions significatives dont notamment la découverte que le sentiment de confiance et d’efficacité des enseignant(e)s étaient aussi importants pour le succès éducatif des enfants que de bons salaires et compensations.
Karine Tremblay, analyste senior de l’équipe TALIS de l’OCDE, a présenté les développements et défis auxquels faisait face l’enquête. Elle s’est concentrée en particulier sur le contenu de la troisième édition de l’étude qui comprendra des réponses d’une quarantaine de pays.