Un nouveau rapport révèle la baisse du financement public alors que la tendance à la privatisation dans le secteur de l’éducation se développe en Europe
Le Comité syndical européen de l’éducation révèle, dans son dernier rapport, combien les conséquences de la crise économique et des programmes d’austérité continuent de faire des ravages dans les systèmes éducatifs européens, sur les conditions de travail des enseignant(e)s et sur la négociation collective.
Le Comité syndical européen de l’éducation (CSEE), le bureau régional européen de l’Internationale de l’Education (IE), a publié le 21 avril deux nouveaux rapports d’enquête intitulés « Financement dans l’éducation, conditions de travail des enseignant(e)s, dialogue social et droits syndicaux » dans les pays d’Europe centrale et orientale et en Europe de l’Ouest.
« Bien que la situation soit, dans l’ensemble, plus inquiétante à l’Est de notre continent, il n’en reste pas moins que de nombreuses tendances dangereuses et similaires se manifestent aussi bien en Europe occidentale qu’orientale », a déclaré le directeur européen du CSEE, Martin Rømer. « Dans de nombreux pays », a-t-il poursuivi, « le champ des négociations a été réduit alors même qu’il devrait être élargi en vue de relever les nombreux nouveaux défis auxquels doit faire face la communauté éducative ». Les deux rapports révèlent en effet que:
- dans la majorité des cas, les conséquences des mesures d’austérité se font toujours sentir et les budgets de l’éducation restent sous pression, impactant les salaires et avantages sociaux des employé(e)s de l’éducation, leurs conditions de travail ainsi que la qualité et la disponibilité de leur formation et de leur perfectionnement professionnel;
- les pays d’Europe ont presque tous vu s’opérer des réformes de l’éducation nationale et des systèmes de formation, étroitement liées à une diminution du financement de l’éducation et entraînant une hausse de la privatisation;
- s’il est vrai que les pays d’Europe centrale et orientale ont constaté une augmentation du nombre d’établissements d’enseignement privés, tout particulièrement dans le secteur de la petite enfance et dans l’enseignement supérieur, ce sont lesétablissements d’enseignement financés par des fonds publics qui ont connu la plus forte croissance dans la plupart des pays d’Europe occidentale;
- les sociétés/entreprises de conseil mondiales qui influencent la politique de l’éducation et l’offre de produits éducatifs et/ou scolaires sont présentes dans la majorité des pays européens;
- dans le domaine du dialogue social, le CSEE s’inquiète que des décisions affectant les enseignant(e)s et la communauté éducative soient prises en dehors de toute consultation formelle avec les partenaires sociaux, notamment en matière de réformes de l’enseignement et des systèmes de formation ou pour les questions d’ordre professionnel.
Les deux rapports tirent la sonnette d’alarme sur la pression croissante découlant de la mise en œuvre inappropriée d’une idéologie et d’approches néolibérales axées sur le marché et le commerce dans le secteur de l’éducation. Ils s’inscrivent également dans la lignée de la stratégie complémentaire du CSEE liée à la Réponse globale de l’IE à la commercialisation et à la privatisation de et dans l’éducation. Cette initiative a pour objectif de démontrer que la commercialisation et la privatisation portent préjudice à l’enseignement public et à la société dans son ensemble.
Lire le rapport d’enquête sur les pays d’Europe centrale et orientale ici
Le rapport d’enquête sur les pays d’Europe occidentale est disponible ici
Les deux enquêtes de cartographie ont été réalisées en 2015. La grande majorité des syndicats d’enseignants d’Europe, représentant 65 organisations membres du CSEE de tous les niveaux de l’enseignement, issues de 39 pays européens (dont 23 Etats membres de l’UE), ont répondu aux enquêtes.