Les syndicats sont prêts à façonner l’avenir de l’éducation
D’après Howard Stevenson, de l’Université de Nottingham, les défis auxquels fait face la profession enseignante ne peuvent être relevés que par des syndicats de l’éducation renouvelés et autonomes, qui accordent à leurs membres la marge de manœuvre nécessaire pour devenir des acteurs/trices du changement.
Lorsque l’enseignant et blogueur le plus influent du Royaume-Uni évoque Twitter comme « le seul endroit où les enseignant(e)s peuvent faire entendre leur voix », que cela révèle-t-il au sujet de la condition de la profession enseignante et des syndicats de l’éducation ? C’est, entre autres, sur ces menaces et opportunités que s’est penché Howard Stevenson, Directeur de recherche à l’Université de Nottingham, lors d’une présentation organisée devant le Bureau exécutif de l’Internationale de l’Education (IE), intitulée « Des syndicats en mutation dans un contexte difficile ».
Sur la base des recherches menées conjointement avec Nina Bascia, de l’Université de Toronto, et qui seront publiées par l’IE début 2017, Stevenson conclut que les éducateurs/trices doivent prendre le contrôle de leur profession. « Si nous ne nous attaquons pas aux problèmes de la profession, et si nous ne soutenons pas l’idéal vers lequel la vie professionnelle de nos membres doit tendre, nous allons perdre la bataille », a-t-il lancé.
« Les syndicats doivent lutter contre tous les facteurs qui mettent à mal les enseignantes et enseignants dans le cadre de leur travail – charge de travail insurmontable, programmes scolaires inappropriés, évaluations incessantes des étudiantes et étudiants. Cependant, ils doivent également promouvoir une vision bien plus optimiste et porteuse d’espoir de l’enseignement et de l’apprentissage », a-t-il ajouté. « La vision d’un nouveau professionnalisme démocratique reconnaît que l’expertise et le jugement professionnel des enseignant(e)s constituent les fondements mêmes du développement d’un enseignement public de haute qualité et socialement juste.
De nouveaux syndicats face à de nouveaux défis
« Les syndicats d’enseignants constituent la voix indépendante et démocratique dont les enseignantes et enseignants ont besoin pour amorcer le changement. Les syndicats d’enseignants doivent être ouverts à tous les enseignants. De leur côté, tous les enseignants doivent travailler avec leurs syndicats, et au travers d’eux. C’est de cette façon que nous pourrons véritablement changer les choses », a-t-il déclaré. « Cependant, les enseignants ne peuvent atteindre ces objectifs en agissant seuls. Les enseignants doivent affirmer leur organisation collective. Ce n’est qu’en travaillant ensemble qu’ils/elles pourront mettre en œuvre le changement tant attendu. »
Il a ensuite mis en lumière de nombreux défis auxquels font face les enseignant(e)s et leurs syndicats, notamment la pression exercée sur les syndicalistes, la charge de travail de plus en plus lourde et la course à la performance, ainsi qu’une nouvelle vision de la gestion publique fondée sur des approches de management.
En s’appuyant sur le cas de l’Ecosse, il a démontré de quelle façon il était possible de relever ces défis avec succès, en instaurant une relation solide et fonctionnelle entre les enseignant(e)s, les écoles et le gouvernement, et en permettant aux enseignant(e)s de participer activement au développement de l’apprentissage et des conditions de travail.
Le renouvellement syndical et une nouvelle approche organisationnelle par le biais d’un développement et d’un apprentissage professionnels meilleurs, la convergence des sphères professionnelles et techniques de l’éducation et une nouvelle définition de l’éducation sont autant d’éléments susceptibles de contribuer au renforcement global des organisations membres, a-t-il affirmé. Les effets positifs seraient légion, de la protection de l’éducation contre les effets de la crise à la lutte contre la déprofessionnalisation et contre les attaques à l’encontre des syndicats de l’éducation, a-t-il conclu.