Tunisie: les enseignant(e)s uni(e)s pour demander une indispensable réforme éducative
Avec le soutien total de leurs syndicats, les enseignant(e)s du primaire et du secondaire de tout le pays se sont rassemblé(e)s pour demander au gouvernement de garantir une éducation de qualité pour tou(te)s les étudiant(e)s de Tunisie.
Le 12 janvier, des enseignant(e)s du primaire et du secondaire tunisien(ne)s se sont réunis devant le ministère de l’Education pour demander la démission du ministre de l’Education et une réforme éducative réussie. Cette mobilisation faisait suite à leur grève générale du 5 janvier, qui a elle-même a clôturé une série d’actions syndicales visant à assurer une éducation de qualité pour tou(te)s.
Depuis novembre 2016, deux syndicats membres de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et de l’Internationale de l’Education, le Syndicat général de l'enseignement de base (SGEB-UGTT) et le Syndicat général de l'enseignement secondaire (SGES-UGTT), sont en effet fortement mobilisés et collaborent dans des actions de revendication.
Le 30 novembre, 25.000 enseignant(e)s - l’un des plus grands rassemblement d’enseignant(e)s que le pays ait jamais connu - étaient déjà venu(e)s de toute la Tunisie à la capitale pour demander le limogeage immédiat du ministre de l’Education.
Des grèves tournantes ont eu lieu par districts du 15 au 28 décembre, les enseignant(e)s du primaire et du secondaire de trois à quatre régions faisant grève à tour de rôle. « Il y a eu une bonne réponse des enseignants, à 95 pour cent de moyenne dans les établissements du secondaire », a souligné Nejib Sellami, responsable international du SGES-UGTT.
Le Ministre de l’Education Néji Jalloul ne cessant d’insulter les enseignant(e)s à la télévision et dans les médias, il existe une forte mobilisation des enseignant(e)s à son encontre, a-t-il expliqué.
L’interférence ministérielle doit cesser
Il a ajouté que les syndicats souhaitent réaffirmer la dignité des enseignant(e)s, et demandent une réforme profonde du système éducatif. Les syndicats considèrent que les interventions du ministre sont inadéquates et protestent contre son interférence dans les travaux du Comité national de dialogue national, qui pilote cette réforme. Ce comité tripartite créé en 2015 comprend, outre l’UGTT, le ministère de l’Education et l’Institut arabe des droits de l’Homme. En septembre 2016, le SGES-UGTT a suspendu sa participation au comité, insistant sur le fait que le comité doit pouvoir travailler de façon indépendante du ministre de l’Education.
Le Comité a toutefois d’ores et déjà fait ressortir des points d’accord concernant la réforme éducative, a insisté Sellami, notamment sur un système d’évaluation qui soit semestriel et non trimestriel, le rythme des vacances et le nombre des devoirs. Il travaille encore à trouver un accord quant aux programmes, aux objectifs et au cadre juridique du système éducatif.
Sellami a par ailleurs noté que parmi les sujets de mécontentement des enseignant(e)s figure la prime de rentrée scolaire cette année: le ministre a indiqué qu’elle serait versée à la fin du mois de janvier, mais dans les faits, les enseignant(e)s s’attendent à ce qu’elle ne soit pas versée avant mars. Or la prime est nécessaire pour les enseignant(e)s, qui la reçoivent chaque année depuis 2006, pour réussir leur rentrée scolaire, acheter des fournitures pour les éudiant(e)s, etc.
De même, le ministre Jalloul avait négocié pour 2017 avec l’UGTT une hausse de salaire des enseignant(e)s d’environ 60 dinars (environ 25 euros). Celle-ci sera finalement versée sur deux ans, une moitié en janvier 2017, et l’autre en janvier 2018.
Le SGES-UGTT attend désormais les élections du bureau exécutif de l’UGTT lors du congrès de ce dernier qui aura lieu du 22 au 25 janvier, avant de décider de nouvelles actions.
Pas de recrutement
« La réforme éducative est un enjeu vital pour la nouvelle Tunisie issue du ‘Printemps arabe’ », a aussi déclaré Sellami. Pour lui, « le ministre n’est pas sérieux par rapport à une école gratuite et démocratique ». La preuve en est qu’aucun recrutement d’enseignant(e)s dans le primaire ni dans le secondaire n’est prévu pour 2017 et 2018, et que le budget du ministère de l’Education est insuffisant pour améliorer l’état des écoles publiques et les conditions d’enseignement et d’apprentissage.