Canada: le rôle des conseillers/ères scolaires se renforce au sein des communautés scolaires
Qu’il s’agisse d’assurer un encadrement psychologique ou de préparer les étudiant(e)s à leurs carrières futures, les conseillers/ères scolaires observent une évolution des pratiques au sein des établissements scolaires canadiens, où ils/elles occupent une place de plus en plus importante dans la vie des jeunes.
Le temps est bel et bien révolu où l’on ne recourait aux services de conseillers/ères scolaires que ponctuellement pour encadrer un(e) étudiant(e) en particulier. Aujourd’hui, ces conseillers/ères scolaires jouent un rôle central dans le développement des étudiant(e)s tout au long de leur scolarité dans l’enseignement primaire et secondaire.
« Le rôle des conseillers scolaires évolue. Ils occupent désormais une place de premier ordre dans la promotion des réformes éducatives et d’écoles sûres et saines », souligne Janice Graham-Migel, conseillère scolaire auprès du Conseil d’administration scolaire régional de Halifax et Présidente du Comité national des conseillers scolaires de l’Association canadienne de counseling et de psychothérapie(ACCP), une association nationale bilingue offrant aux conseillers/ères et psychothérapeutes professionnel(le)s l’accès à des programmes de formation exclusifs, des possibilités de certification et de perfectionnement professionnel, ainsi qu’un contact direct avec des collègues professionnel(le)s et des groupes de spécialistes.
Graham-Migel, qui a étudié la direction collégiale dans le cadre de son Doctorat en Administration éducative, délivré par l’Université de Toronto, a expliqué à l’Internationale de l’Education (IE) que « les conseillers scolaires jouent un rôle important dans le cadre de la collaboration inter-agences et interdisciplinaire, en cherchant à lever les obstacles à la réussite des étudiants ».
Ancienne enseignante actuellement membre de la Fédération canadienne des enseignantes et enseignants (CTF-FCE), Graham-Migel confirme ce glissement observé au sein de la profession de conseiller/ère qui, considérée initialement comme une simple fonction périphérique, fait aujourd’hui partie intégrante d’un programme invitant les conseillers/ères à jouer un rôle de leadership et à « développer les responsabilités en matière de direction au sein de la communauté scolaire ».
Bien que l’administration de l’éducation au Canada relève des autorités provinciales, ce glissement a pu être observé dans plusieurs régions à travers le pays. Bon nombre de conseils scolaires recommandent un(e) conseiller/ère par tranche de 500 étudiant(e)s. En ce qui concerne la Nouvelle-Ecosse, celle-ci déploie depuis plus de 20 ans son Programme global d’orientation et de counseling, mis en place pour mieux répondre aux besoins des étudiant(e)s au travers de quatre domaines prioritaires: conseil en matière de programmes scolaires; services professionnels; planification de l’avenir et de la carrière; et gestion des programmes et assistance au système. Ce programme vise en priorité le développement individuel, social et éducatif des étudiant(e)s, ainsi que leurs perspectives de carrière.
Planification des études et développement de la carrière
« Dans un marché du travail en rapide évolution et une société de plus en plus mobile, la planification des études et le développement de la carrière demeurent deux composantes essentielles du Programme global pour l’orientation et le counseling », affirme Graham-Migel. « Aider les étudiants à planifier leur avenir et à définir leurs objectifs, les soutenir dans leur transition vers les nouvelles réalités du travail et de l’emploi au Canada et les aider à se préparer à leurs études post-secondaires, aux formations et à leurs carrières, sont autant d’éléments essentiels dans le champ d’application professionnel du conseiller scolaire. »
Une approche holistique de l’enfant
La plupart des conseillers/ères scolaires étant issu(e)s de la profession enseignante, la CTF-FCE, partenaire de l’ACCP depuis 2015, a soutenu et assuré la promotion de la 4e Semaine canadienne du counseling, organisée chaque année pour mettre en lumière la contribution importante de la profession à la communauté éducative et au bien-être des étudiant(e)s.
Comme le souligne Heather Smith, Présidente de la CFT-FCE : « Les étudiants et les familles se heurtent à des défis toujours plus complexes. Les écoles sont confrontées à toute une série de problèmes moraux, éthiques, juridiques et médicaux, ainsi qu’à diverses questions en lien avec la santé mentale. Le conseiller travaille en collaboration avec la communauté scolaire pour apporter des solutions aux problèmes rencontrés dans les écoles, en partenariat avec d’autres professionnels et organisations, si nécessaire. »
Davantage d’attention a été accordée à l’importance du counseling l’an dernier au Canada, suite à l’accueil de plus 40.000 réfugié(e)s syrien(ne)s dans le pays. Bien que les besoins des jeunes varient d’une province à l’autre, certains points communs ont pu être identifiés, permettant de faire circuler des informations à travers un pays qui ouvre ses portes aux migrant(e)s.
Qu’il s’agisse de la sensibilisation aux conflits, de l’encadrement des étudiant(e)s présentant des symptômes liés à la frustration, au ressentiment, à la dépression, à la séparation et au stress post-traumatique, ou encore, de problèmes de pauvreté ou de langue, les conseillers/ères jouent un rôle essentiel dans l’adaptation des primo-arrivant(e)s.
Prévenir les problèmes de santé mentale
Un autre domaine nécessitant davantage de ressources est la prévention des problèmes de santé mentale, pouvant être traités de manière précoce.
Ariel Haubrich, Présidente de la Section des conseillers/ères scolaires de l’ACCP souligne: « A toute heure du jour ou de la nuit et tous les jours de la semaine, environ un enfant ou jeune canadien sur sept âgé de moins de 19 ans souffre d’un trouble mental sérieux l’empêchant d’accomplir les tâches de base, perturbant ses activités quotidiennes et réduisant ses chances de réussite à l’école. A mesure que nous comprenons mieux les effets délétères des problèmes de santé mentale sur le développement socio?affectif, la réussite scolaire et la planification de la carrière, nous constatons que l’intervention précoce et le soutien continu de professionnels bien formés peuvent avoir une incidence positive sur les résultats des jeunes et des enfants en âge de fréquenter l’école. »
La question du bien-être était le thème prioritaire de l’Assemblée générale annuelle de la CFT-FCE, réunie à Montréal en juillet dernier, où les éducateurs/trices et les principaux/ales représentant(e)s de la santé ont convenu de se pencher sur les problèmes de santé mentale. Afin de pouvoir poursuivre le débat, la campagne « VOX - Ecoutez ma voix» de la CTF-FCE offre aux enseignant(e)s l’occasion de joindre leurs voix à celles de leurs collègues à travers le Canada, pour promouvoir l’action politique au nom des enfants et des familles. Pour télécharger la boîte à outils de la CTF-FCE « Ecoutez ma voix - L’action politique pour changer 'ce qui est' en 'ce qui devrait être' », cliquez ici.