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Internationale de l'Education
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Le sommet historique sur la pauvrete menace par des chicaneries

Publié 31 août 2005 Mis à jour 31 août 2005

Confédération internationale des syndicats libres (CISL) Internationale de l'Education (IE) Commission syndicale consultative auprès de l'OCDE (TUAC)

LE SOMMET HISTORIQUE SUR LA PAUVRETE MENACE PAR DES CHICANERIES

Les 170 dirigeants mondiaux qui seront réunis la semaine prochaine aux Nations Unies à New York devront agir pour combattre la pauvreté dans le monde. Jamais auparavant le monde n'avait vu autant de mobilisations autour de ce message : Nous devons agir pour combattre la pauvreté dans le monde, et nous devons le faire tout de suite !

155 millions de personnes unissent leurs efforts dans la Campagne mondiale de lutte contre la pauvreté. Et des millions d'autres personnes dans le monde les ont rejointes en participant aux concerts "Live 8" qui ont rassemblé jeunes et moins jeunes sous les feux des médias. Des personnalités du monde du sport, de la culture et des affaires ont rejoint la cause. Les dirigeants du G8 réunis en Écosse en juillet dernier ont pris de nouveaux engagements. Le "bandeau blanc" est devenu un symbole de solidarité humaine, sur les terrains de jeu comme sur les plateaux de télévision.

Mais en dépit de tout cela, jamais auparavant une scène n'avait été montée pour recevoir ensuite une telle douche froide. Alors que les dirigeants se préparent à partir pour New York, les négociateurs travaillent sans relâche, en raison de manœuvres de dernière minute de l'administration américaine pour faire échouer le programme mondial établi pour s'attaquer à la pauvreté, et le réduire à néant.

Tant d'espoir avait été placé dans ce sommet, tant de travail avait été accompli pour persuader les gouvernements que le temps était venu d'atteindre les objectifs clés du développement – les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Et aujourd'hui, d'un seul coup, tout cela est menacé. Le nouvel ambassadeur auprès des Nations Unies, nommé par le président américain George W. Bush, prétend que les États-unis n'ont jamais pris d'engagements envers des objectifs spécifiques de développement.

Les travailleuses et les travailleurs de notre planète connaissent bien la pauvreté. A l'heure actuelle, un emploi n'implique pas que vous pouvez nourrir votre famille, que vous pouvez vous permettre d'envoyer vos enfants à l'école ou que vous pouvez même avoir accès à l'eau potable. Et cette situation ne se limite pas aux pays pauvres, elle est bien réelle également dans de nombreux pays industrialisés. La plupart des pays ont des travailleurs pauvres. Les emplois sont de plus en plus précaires et les conditions de travail sont souvent dangereuses. Quand le mouvement syndical mondial réclame du travail décent, il veut parler d'un travail sans harcèlement ni discrimination, un travail qui apporte suffisamment pour vivre et qui ne mette pas la santé ou la vie en danger. Tout cela peut sembler être des droits fondamentaux mais la réalité de l'économie mondiale actuelle est que la majorité des travailleuses et des travailleurs ne jouissent pas de ces droits élémentaires. Voilà pourquoi le mouvement syndical mondial s'est fait partie prenante de l'Action mondiale contre la pauvreté. Cette réalité nous touche tous.

Au cœur de la bataille des mots qui se livre avant le sommet de New York, il y a une profonde divergence de vues à propos de la manière de s'attaquer à la pauvreté dans le monde. Depuis que les dirigeants du monde se sont réunis aux Nations Unies il y a cinq ans – en 2000 – un large consensus a émergé, rassemblant les gouvernements, la communauté internationale, des économistes et théoriciens de premier plan et des représentants de la société civile, notamment les syndicats, les milieux d'affaires, des organisations de développement et des personnalités. Ce consensus réclame plus de ressources pour l'aide, l'annulation ou la restructuration de la dette et un commerce équitable. Ce consensus s'est concentré sur la vision contenue dans les huit objectifs clairement définis du millénaire pour le développement.

Mais il existe une autre théorie qui soutient que les discours de compassion et les appels à un effort volontaire peuvent se combiner avec privatisation, remplacement de la responsabilité des gouvernements par le libre marché et libéralisation du commerce. Ces derniers jours, l'administration américaine a choisi de récuser le consensus mondial des cinq dernières années, rejetant une vision d'objectifs clairs et d'indicateurs de progrès mesurables. En lieu et place, John Bolton, le nouvel ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations Unies a dit aux représentants de 190 autres pays de mettre leur travail de côté et de se concentrer plutôt sur les demandes américaines d'une réforme de l'ONU.

Le mouvement syndical veut lui aussi une ONU plus efficace. Le mouvement syndical veut une meilleure réponse aux violations des droits humains, et en particulier des droits des hommes et des femmes victimes d'exploitation. Le mouvement syndical veut une action plus efficace contre la terreur et pour la sécurité - car ce sont les travailleuses et les travailleurs ordinaires qui sont le plus souvent les victimes.

Mais en rejetant les OMD, rien de tout cela ne sera accompli. Le consensus mondial a mobilisé des personnes aux quatre coins de la planète précisément parce qu'il représente une vision capable de s'attaquer à toutes ces questions pressantes, et capable de le faire de façon réaliste et avec un large soutien populaire. Nos adhérents et adhérentes ont démontré leur capacité à se mobiliser au sein de grandes coalitions contre la pauvreté – aux États-unis et dans beaucoup d'autres pays. Nos dirigeants doivent savoir que s'ils font preuve de volonté politique et de détermination à New York, ils pourront compter sur le soutien des populations et que nos organisations joueront leur rôle dans la mobilisation de ce soutien.

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Guy Ryder est le secrétaire général de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) qui compte 145 millions de membres dans 154 pays. Guy Ryder a été invité à s'adresser aux dirigeants rassemblés au Sommet des Nations Unies.

Fred van Leeuwen est le secrétaire général de l'Internationale de l'Education (IE) représentant plus de 29 millions d'enseignants dans 166 pays. Fred van Leeuwen préside actuellement la Conférence des Fédérations syndicales internationales.

John Evans est le secrétaire général de la Commission syndicale consultative (TUAC) auprès de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).