Les universités instamment invitées à 'verdir' leurs politiques et pratiques
Des universitaires britanniques invitent instamment leurs collègues des universités du monde entier à agir contre le changement climatique afin de 'verdir' leurs campus et programmes universitaires.
Le University and College Union (UCU) a présenté un document de discussion et a tenu un atelier sur la question, lors de la 6ème conférence internationale sur l’enseignement supérieur et la recherche, qui a eu lieu à Málaga, Espagne, du 12 au 14 novembre.
Les représentants de l’UCU, Brian Everett et Rob Copeland, ont déclaré que les universitaires devaient agir, tant dans leur rôle professionnel que dans leur rôle syndical, pour promouvoir le développement durable.
« Nous aimerions voir les émissions de carbone et les autres préoccupations environnementales devenir des questions négociables, » déclare Brian Everett. « Les universités du monde entier sont d’énormes productrices d’émissions de carbone. A moins de prendre des mesures rapidement, leur contribution constante au réchauffement planétaire sera substantielle. »
Et d’ajouter: « Paradoxalement, c’est dans ces universités mêmes que sont réalisées les recherches pour réduire les émissions de carbone. Toutefois, cela ne suffit pas en soi. Les syndicalistes au sein des universités doivent négocier avec leurs employeurs pour les aider à réduire leur impact sur l’environnement ».
L’initiative de l’UCU a été déclenchée par une résolution adoptée lors du 5ème Congrès mondial, donnant mandat à l’Internationale de l’éducation d’informer ses membres et de passer à l’action « sur la question urgente de la prise de conscience environnementale et du réchauffement global, cette action devant être entreprise au niveau de chaque communauté, des organisations nationales affiliées et des organisations internationales. »
L’UCU invite instamment les syndicats à recruter des militants officiant comme représentants environnementaux chargés de promouvoir des politiques et des pratiques positives pour l’environnement. De plus, les éducateurs pourraient susciter une prise de conscience du changement climatique dans le contenu de leurs cours, contribuant ainsi à rendre le programme 'plus vert'.
Brian Everett a suggéré que diverses questions sont pertinentes pour des négociations visant à réduire les émissions de carbone. Ces questions comprennent : la conception et l’utilisation des bâtiments, les navettes et le télétravail, le changement des modèles de travail ainsi que les déplacements du personnel et des étudiants.
Brian Everett et Rob Copeland ont relevé les contradictions existant dans le fait de voyager pour assister à des conférences lointaines afin de discuter de questions telles que les économies d’énergie. Ils déclarent que les syndicats doivent examiner leurs façons d’opérer afin de réduire leurs propres 'empreintes carboniques' et envisager de recourir davantage à la téléconférence et moins aux réunions en vis-à-vis, tout en conservant des procédures démocratiques.
Ils reconnaissent également d’autres dilemmes qu’il est nécessaire de traiter. Par exemple, comment pondérer la valeur énorme de l’échange international d’étudiants eu égard à l’impact environnemental de leurs voyages ? Les universitaires du monde industrialisé devraient-ils plutôt contribuer au renforcement des capacités des pays en développement et récemment industrialisés à offrir une éducation supérieure de haute qualité?
Les représentants de l’UCU ont mis en garde contre les dangers qui pèsent sur les membres du personnel qui soulèvent des questions de controverse ou qui dénoncent les pratiques inacceptables de leurs employeurs. Il faudra protéger leur liberté académique ainsi que leurs droits en matière d’emploi. Sally Hunt, Secrétaire générale de l’UCU, a déclaré que son syndicat examine sa propre conduite à la lumière de la nécessité mondiale de réduire les émissions de carbone. « Nous avons un long chemin à parcourir, tout comme la plupart des universités et écoles supérieures du Royaume-Uni, mais nous sommes désireux d’accélérer le débat international ainsi que l’échange d’idées et de bonnes pratiques",a-t-elle déclaré.
Monique Fouilhoux, coordinatrice de l'unité Education et emploi à l’IE, et organisatrice de la conférence internationale, a relevé que nous vivons à une époque de mobilité accrue pour les étudiants et le personnel. « Les universités sont de grandes unités économiques en elles-mêmes, qui apportent leur contribution au changement climatique et à d’autres préoccupations environnementales. Les universités sont également au cœur de la recherche dans la lutte pour remédier aux problèmes posés par le changement environnemental et climatique, » déclare Monique Fouilhoux.
« Comme le démontre la conférence de Malaga sur l’enseignement supérieur, l’Internationale de l’Education est capable de rassembler les militants syndicaux des universités du monde entier afin d’élaborer des stratégies d’action au niveau mondial et national sur le changement climatique, tout comme sur d’autres questions, » a-t-elle déclaré.
Cet article à été publié dans Mondes de l'Éducation, No. 25, février/mars 2008.