Conférences nationales au Brésil: le pouvoir rendu au peuple
Fatima Aparecida, Secrétaire internationale de la Confederação Nacional dos Trabalhadores em Educação (CNTE), nous en dit plus sur ces expériences fructueuses de participation à l’élaboration de la politique publique.
Les Conférences nationales en matière de politique publique constituent des espaces ouverts de débat entre l’Etat et ses citoyen(ne)s sur des matières qui les concernent directement. Que pouvez-vous nous en dire?
Les Conférences nationales contribuent à renforcer les institutions étatiques autant qu’elles les responsabilisent. Ces conférences rapprochent les syndicats et mouvements sociaux des élu(e)s à différents niveaux du gouvernement (district, municipalité et province, jusqu’au niveau fédéral). A l’heure actuelle, une douzaine de conférences oeuvrent autour de Ministères et Secrétariats d’Etat du Brésil.
Comment cela a-t-il été mis en oeuvre dans le secteur éducatif?
La première Conférence nationale de l’Education a eu lieu en 2010. Auparavant, trois conférences avaient déjà été organisées sur des thèmes précis: l’enseignement primaire, l’enseignement professionnel et technique, et l’enseignement autochtone. La Conférence nationale visait en premier lieu à esquisser le nouveau Plan national d’Education (PNE), actuellement soumis au Congrès. De nombreuses résolutions issues de la Conférence ont été intégrées au projet de PNE soumis au Congrès, et d’autres y ont été jointes sous la forme d’amendements parlementaires.
La légitimité de la Conférence de l’Education dans le processus décisionnel étant établie, les idées qu’elle a générées sont devenues une référence essentielle dans les propositions de politique publique.
Quels sont les défis majeurs auxquels le pays est actuellement confronté?
Pour l’instant, les syndicats veillent à garantir la participation citoyenne au sein des conseils de surveillance de la politique publique.
En ce qui concerne l’enseignement, des commissions de contrôle budgétaire ont été mises sur pied dans chaque région administrative du pays. Mais le véritable défi consiste à éradiquer le patrimonialisme et le pouvoir qu’exercent les groupements politiques locaux qui refusent de confier les rênes à la population.
Parallèlement, le contrôle du pouvoir judiciaire fait l’objet d’une vive controverse au Brésil, à la suite d’une autre réforme démocratique entamée sous Lula. Le tout jeune Conseil National brésilien de Justice, composé à la fois de représentant(e)s du pouvoir judiciaire et de citoyen(ne)s, a été mis à mal par les hautes instances judiciaires, qui ont refusé de collaborer aux enquêtes menées par le Conseil. Du côté de l’exécutif, la Présidente Dilma n’a pas hésité à remplacer des ministres impliqué(e)s dans des pratiques susceptibles de compromettre leur devoir envers la population. En bref, nous débattons de mesures éducatives capitales pour faire progresser la démocratie dans notre pays.
Annexe: Récentes victoires en matière de droits des LGBT au Brésil
2004
Programme brésilien de lutte contre l’homophobie, Plan destiné à combattre la violence et la discrimination contre les lesbiennes, gays, bisexuel(le)s et transgenres (LGBT) et Promotion de la communauté LGBT.
2008
Première Conférence nationale sur les LGBT. Elle recommande la mise en oeuvre du Plan national des droits humains et la Promotion de la communauté LGBT.
2011
Le Président Lula met sur pied le Conseil National Anti-discrimination. Le Conseil réunit 15 Ministères et 15 organisations citoyennes, dont la CNTE.
Le Brésil accorde une pension aux couples homosexuels.
Deuxième Conférence nationale LGBT sur la politique publique et les droits humains:
- Elle recommande de faire interdire l’homophobie.
- La CNTE fait pression pour attaquer l’homophobie sur deux fronts:
- Programme et activités scolaires dans l’enseignement primaire, et
- Campagnes éducatives nationales contre l’homophobie et le harcèlement à l’école.