David Edwards: recadrer le débat sur l'éducation de qualité
Une éducation de qualité requiert un environnement d'enseignement et d'apprentissage de qualité
« C'est sur des environnements de qualité pour l'enseignement et l'apprentissage que repose le troisième pilier.
La qualité des environnements d'enseignement et d'apprentissage peut être mesurée en comparant les taux de réussite et de décrochage scolaire, l'inclusion et l'exclusion, la pertinence et le dogme, ainsi que la collaboration, la création du savoir et la pensée critique, qui permettent aux étudiantes et étudiants de savoir où trouver des réponses et de formuler des questions.
Le voilà, notre défi! Nous devons diffuser et mettre en œuvre notre vision, associer nos forces à celles des jeunes, des parents, des militantes et militants, des citoyennes et citoyens concernés et de toute personne convaincue que la clé d'un avenir meilleur, plus juste et plus équitable réside dans un enseignement public de qualité. »
« Selon le document politique de l’IE, adopté lors du Congrès mondial de 2011, une éducation de qualité est le fruit de données et de résultats. A l'heure actuelle, les débats se concentrent uniquement sur les résultats, en se focalisant sur le fait que c'est en mesurant les choses que l'on parvient à les améliorer.
Certains gouvernements et organisations internationales tentent de s'emparer de la qualité afin de l'associer à l'idée de responsabilité. Il ne s'agit donc plus de veiller à ce que les décideurs politiques assument leurs responsabilités vis-à-vis des citoyennes et citoyens, ou à ce que ceux-ci gagnent le respect de leurs droits – ce sont plutôt les tests, les évaluations, les classements, les identifications, les éliminations et la sous-traitance à des sociétés privées qui sont à l'ordre du jour.
L'IE condamne la création systématique de systèmes éducatifs voués à l'échec, conséquence de décennies d'investissements trop faibles, de maigres attentes, d'une prise de responsabilité insuffisante de la part des donateurs, des gouvernements et des entreprises, ainsi que d'impôts peu élevés pour les sociétés.
Si vous êtes un enfant vivant dans le besoin, vous ne pouvez pas maîtriser les connaissances et compétences élémentaires en vous rendant dans une école appauvrie aux classes surchargées, aux matériels et outils de mauvaise qualité, et où les enseignants ne sont ni qualifiés, ni formés.
Des éducateurs/trices de qualité
« Dans notre profession, à savoir le domaine de l'éducation, que doit-on savoir en termes de contenu et de pédagogie? Sur le plan du développement, qu'avons-nous besoin de connaître sur le développement d'une personne à des âges différents?
Nous devons promouvoir une vision d'éducateur, afin de garantir la qualité dans notre secteur. »
Des outils pédagogiques de qualité
« Le deuxième pilier concerne la qualité des outils mis à notre disposition pour enseigner.
Dans de nombreuses régions du monde, les enseignantes et enseignants ne disposent ni de livres, ni de programmes adéquats, ni du matériel pédagogique approprié permettant aux élèves d'interagir, notamment dans le cadre des cours de sciences naturelles ou de chimie. Il est nécessaire d'investir dans ce domaine.
En outre, on observe l'apparition de nouvelles technologies auxquelles seul un nombre limité de nos membres ont accès, et qui sont parfois présentées comme des solutions de remplacement aux enseignantes et enseignants. En tant que travailleuses et travailleurs dans le domaine du savoir et de la sagesse, dont l'histoire et la profession remontent à plusieurs siècles, nous sommes cependant habitués à ces représentants commerciaux qui tentent de vendre des gadgets soi-disant capables de remplacer ou de supplanter l'enseignement et les interactions d'apprentissage de qualité qui résident au cœur de notre métier. Aussi loin que l'on se souvienne, nous aurions dû céder la place à la radio, aux enregistreurs de cassettes audio, à la télévision, à l'enregistrement vidéo, à l'ordinateur, à l'iPad ou encore au téléphone portable, soit des outils d'éducation ‘pilotée à distance’. Nous avons adopté et utilisé chacune de ces nouvelles technologies dans nos activités d'enseignement, et nous poursuivrons sur cette voie. »
Une crise de l'apprentissage évitable
C'est ça, la crise de l'apprentissage.
Même si, à de nombreuses reprises, l'IE a fait part de ses profondes préoccupations au regard de l'impact des politiques éducatives et du manque d'investissement dans l'éducation de qualité, certains décideurs politiques du secteur de l'éducation ont déclaré: « Ce ne sont pas les données ni les processus qui comptent, ce sont les résultats. Nous sommes convaincus qu'en se concentrant uniquement sur des résultats de qualité, nous parviendrons à mettre au point des méthodes innovantes pour atteindre un apprentissage de qualité. »
Ces décideurs politiques ont parcouru le monde à la recherche d'endroits susceptibles d'appuyer leurs hypothèses, leurs avis et leurs convictions. Après avoir découvert un enseignant capable de donner cours à une classe de 80 étudiantes et étudiants, qui obtenaient par ailleurs de bons résultats aux évaluations, ils ont déclaré: « Si c'est le cas ici, cela devrait être réalisable n'importe où. »
En quelques années seulement, l'accent a été placé sur les systèmes éducatifs, souvent jugés trop onéreux, à trop long terme ou encore d'une complexité excessive. L'idée dominante est alors devenue celle de mettre en place quelques innovations bon marché afin d'améliorer la qualité, et d'évaluer cette dernière en testant la capacité des élèves à écrire leur nom ou à lire quelques mots, et non en mesurant la qualité par des évaluations formatives des performances des enseignantes et enseignants au regard de différents critères.
Ainsi, nous avons à présent cette focalisation ‘innovante’, restreinte et relativement faible sur la qualité qui relègue l'éducation au rang de simple processus permettant aux jeunes d'acquérir les connaissances et compétences nécessaires à leurs employeurs.
Dans ces circonstances, le défi pour l'IE, en tant qu'organisation regroupant les forces, les aspirations et la solidarité des membres de ses 400 syndicats d'enseignants, consiste à promouvoir une autre vision de l'enseignement public de qualité. Cette nouvelle perspective doit prendre en compte la diversité des besoins d'apprentissage, les spécificités locales, ainsi que les défis mondiaux auxquels nous sommes actuellement confrontés, au regard de l'environnement, de la hausse des inégalités et de la violence.
Comment promouvoir une nouvelle vision? Comment engager des débats sur l'organisation d'un cadre fondé sur les droits, dans lequel les priorités des citoyennes et citoyens ont au moins autant de poids que celles des employeurs? Commençons par définir très simplement le concept de qualité et la façon dont elle est intrinsèquement liée à l'équité.
Pour ce faire, il convient d'envisager trois piliers majeurs: