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Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

d’Optimisme et de détermination

Publié 25 mars 2014 Mis à jour 7 avril 2014
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Aux obsèques célébrées quelques jours plus tard, Gemoraw Kassa, son ami de longue date et représentant de la communauté enseignante éthiopienne, se recueillait dans un coin de la salle. Steve lui avait tendu la main lorsqu’il avait traversé des moments difficiles. À l’annonce de son décès, Gemoraw a sauté dans le premier avion pour venir rendre un dernier hommage à son ami. La famille de Steve avait souhaité qu’il soit présent aux funérailles, mais était-il besoin d’insister ? Il serait là. Il éprouvait un profond respect pour cet homme qui, dans le cadre de sa mission politique auprès du gouvernement britannique, avait défendu passionnément l’éducation et la justice pour les enseignant(e)s aux quatre coins de la planète.

Ce jour-là, en proie à la détresse et à la solitude, Gemoraw a insufflé en nous cette idée que tous les efforts investis par Steve dans la campagne mondiale pour réaliser les Objectifs du Millénaire des Nations Unies pour le développement (OMD) ne pouvaient s’arrêter ici, après son départ tragique et prématuré. J’ai discuté avec Jerry Glazier, un membre du Bureau exécutif national du NUT, et Christine Blower, qui a succédé à Steve, et avant la fin de 2008, avec le soutien de sa femme Mary, nous étions déjà bien engagé(e)s dans ce long processus qui aboutirait à la création de la Fondation Steve Sinnott, une organisation caritative britannique destinée à promouvoir les OMD.

Dès le départ, notre objectif était de nous distinguer et d’offrir quelque chose de différent, toujours dans le respect des valeurs et des convictions défendues par Steve. Il plaçait, en effet, tous ses espoirs dans le courage et la détermination d’une jeune génération particulièrement motivée. Je me souviens de Steve au retour de ses voyages en Afrique, en Asie du Sud ou au Moyen-Orient, parlant avec enthousiasme des enseignant(e)s et des jeunes gens qu’il avait rencontré(e)s là-bas. Il était à la fois heureux et consterné d’entendre des jeunes lui poser cette question : « Est-ce vrai, Monsieur Steve, que dans votre pays, certains enfants ne veulent pas aller à l’école ? » Leur engouement pour la connaissance et l’apprentissage était tel qu’il leur était tout simplement impossible de comprendre l’absentéisme scolaire. C’est tout cela qui animait Steve, enseignant au plus profond de son être. Il évoquait avec la plus grande admiration ces enseignant(e)s qui réussissaient à accomplir une mission quasi impossible dans des conditions difficilement envisageables au Royaume-Uni.

Steve croyait également en la communauté. En tant que syndicaliste, son engagement consistait à faire valoir les principes les plus fondamentaux du syndicalisme, « Travailler ensemble », mettre de côté notre individualisme et notre égoïsme, et nous battre ensemble pour une cause et des objectifs communs. Lors des élections, il avait lui-même choisi comme slogan « Travailler ensemble, gagner ensemble », un concept qui, à ses yeux, n’avait rien d’une propagande électorale. Ancrée en lui, cette idée lui était venue tout naturellement. Il avait insisté pour clôturer chacune des conférences du NUT qu’il présidait par le légendaire morceau de Canned Heat « Let’s Work Together » afin de faire résonner ces paroles de ralliement :

Every boy, girl, woman and man Oh well now, come on you people Walk hand in hand Let’s make this world of ours A good place to stand

Les milliers de délégué(e)s présent(e)s aux conférences commençaient tout d’abord par fredonner quelques paroles hésitantes et embarrassées, mais très vite, face à l’enthousiasme irrépressible de Steve, toute la salle le rejoignait pour former un chœur immense, débordant d’émotion.

Forts de la réputation de Steve et des valeurs qu’ils défendaient, nous avions tout en main pour entreprendre quelque chose de différent. Il existe beaucoup d’organisations caritatives internationales qui toutes accomplissent un travail extraordinaire pour soutenir et faire progresser les OMD. En l’absence de nouvelles initiatives, la seule chose qu’il nous restait à faire était d’apporter une contribution financière au nom de Steve pour les aider à poursuivre leur travail exceptionnel. Mais nous avions la conviction de pouvoir faire bien plus que cela. Nous savions que nous avions la capacité de sensibiliser la communauté enseignante, les étudiant(e)s et les élèves, au Royaume-Uni comme ailleurs, afin de leur faire prendre conscience de l’enjeu et des objectifs des OMD, et par la même occasion, de les encourager à rejoindre les rangs de ceux et celles qui font tout leur possible pour les réaliser.

Travailler ensemble n’était pas la seule notion chère à Steve, il accordait également beaucoup d’importance au respect... le respect de l’humanité inscrite en chacun et chacune d’entre nous. Nous avons refusé de sombrer dans une forme de charité condescendante, caractéristique de l’Occident. Nous savons bien entendu que le manque de matériel et de ressources entrave le parcours éducatif des enfants, mais nous connaissons aussi les précieuses valeurs que véhiculent la culture et la tradition. Les OMD doivent considérer l’éducation comme un moyen de s’extraire de la pauvreté, tout en préservant et en valorisant l’ensemble des atouts culturels de ceux et celles à qui le savoir et l’apprentissage ouvrent de nouvelles portes vers la liberté. Pour Steve et nous-mêmes, une telle approche est résumée en quelques mots dans le thème de la campagne que mène la coalition britannique dans le cadre de la Campagne mondiale pour l’éducation : Envoyez mon ami à l’école. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : une véritable amitié pour tous les enfants et tous les jeunes, chantant leurs propres chansons, jouant leur propre musique, racontant leurs propres expériences et perpétuant leur propre histoire... Autant d’identités captivantes qui n’attendent qu’à être partagées. Désormais constituée en bonne et due forme, la Fondation Steve Sinnott est considérée par les lois britanniques comme une organisation caritative. Mais l’éducation n’est jamais une question de charité. Il s’agit d’un trésor à partager entre amis.

En mai 2009, nous avons inauguré la Fondation Steve Sinnott dans les bureaux du NUT, à Londres. En octobre, nous l’avons inaugurée dans les bureaux de la National Education Association, à Washington, aux États-Unis. Le 1er décembre 2009, nous avons clôturé notre programme inaugural à l’occasion d’un événement organisé dans les bâtiments du Parlement britannique, auquel ont assisté plusieurs responsables politiques nationaux, parmi lesquels l’ancien Secrétaire d’État à l’Éducation britannique, et son successeur, l’actuel Secrétaire d’État. Leur présence cristallisait tous nos espoirs. Le respect qu’inspirait la réputation de Steve nous offrait la crédibilité dont nous avions besoin pour faire la différence. Le 1er janvier, nous avons ouvert un bureau à Watford en Angleterre  et nous nous sommes mis au travail.

Nous avons créé une communauté mondiale en ligne à l’adresse www.stevesinnottfoundation.org.uk pour permettre à toutes les personnes porteuses de petits projets enthousiastes de faire connaître leur travail au monde entier et de partager leurs idées et leurs problèmes. Notre site Internet abrite désormais des informations relatives à plus de 350 projets de ce type. La communauté compte plus de 2.300 membres et notre site a déjà été consulté par plus de 200.000 visiteurs.

Le magazine ENGAGE que nous publions en est à son huitième numéro et propose un large éventail d’articles en lien avec les OMD pour 2015 et au-delà, rédigés par des enfants, des enseignant(e)s, des responsables de projets, des universitaires, des personnalités politiques, notamment Gordon Brown, ancien Premier Ministre britannique et actuel Envoyé spécial des Nations Unies pour l’Éducation, et plusieurs meneurs de campagne bien connus comme Sir Bob Geldof.

Nous soutenons directement un projet de construction d’une école au Népal, ainsi qu’un programme de développement professionnel pour les enseignant(e)s du Sierra Leone. Nous tentons de récolter des fonds dans le cadre d’un projet de bibliothèque en Tanzanie et nous assurons actuellement la gestion d’un programme en plein développement destiné à créer des partenariats entre écoles.

Pour des raisons évidentes, nous entretenons des relations étroites avec le National Union of Teachers en Angleterre et au Pays de Galle, un syndicat auquel nous exprimons toute notre reconnaissance, ainsi qu’à ses associations et sections locales, pour tout le soutien qu’il nous a apporté, notamment le matériel dont nous avions besoin pour mener nos activités et nous développer. Nous restons toutefois une organisation indépendante disposant de ses propres instances décisionnelles Nous bénéficions également d’un précieux soutien de la part de l’ Ulster Teachers Associatio n et de l’ Association of Teachers and Lecturers du Royaume-Uni, et nous consolidons nos relations avec d’autres organisations d’enseignants au Royaume-Uni et ailleurs, ainsi qu’avec l’Internationale de l’Éducation.

Si nous souhaitons atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, il nous faut à la fois nous développer en taille et renforcer notre influence. En décembre dernier, un deuxième employé nous a rejoints, Nick Evans, au poste de coordinateur des collectes de fonds. Nick travaille déjà d’arrache-pied pour obtenir un financement auprès de toute une série de sympathisants et donateurs potentiels, afin de nous permettre d’étendre nos activités.

Et il en va de même concernant le plus ambitieux programme que nous avons mené jusqu’à ce jour. En juin 2013, nous avons organisé une Journée de l’Éducation pour tous (EPT), un projet pilote lancé dans plus de 50 écoles du Royaume-Uni, impliquant des enseignant(e)s et s’adressant aux élèves. La Journée EPT est une journée particulière organisée en fin d’année scolaire, destinée à recentrer le programme et les activités pédagogiques sur la réalisation de l’éducation universelle de qualité. À l’occasion de cette journée, nous fournissons du matériel scolaire préparé par nos équipes de conseillers et conseillères pédagogiques, et encourageons les écoles participantes à créer des relations mutuelles, à se joindre à notre programme international de partenariat entre écoles et à utiliser la Journée EPT comme plate-forme pour les activités en cours dans chaque école.

Grâce au soutien de la société britannique Teacher Assurance et de son organisation caritative connexe Teachers Group Educational Trust, la journée EPT a connu un franc succès, comme en témoignent les remerciements que nous a adressés un directeur d’école primaire pour avoir contribué à transformer ses élèves en citoyens et citoyennes du monde. Cet événement a été suivi de deux conférences organisées par les élèves ayant participé à la Journée EPT et d’une conférence organisée par nos soins, regroupant les écoles participantes à Londres. En ce moment, nous préparons un événement de plus grande envergure, prévu en juin 2014, et envisageons d’organiser un événement national en 2015 au Royaume-Uni. Nous avons également été contactés par la direction de la Campagne mondiale pour l’éducation aux États-Unis, pour nous proposer d’organiser une Journée EPT dans le pays.

Si, à la lecture de cet article, vous souhaitez nous soutenir, apporter votre contribution financière, participer aux journées EPT ou nous aider à développer de nouvelles activités, n’hésitez pas à contacter notre Gestionnaire de projets, Jasmine Jones, à l’adresse [email protected].

En 2007, lors de la prestigieuse conférence Hugh Gaitskell qu’il a tenue à l’Université de Nottingham, Steve insistait sur « le pouvoir libérateur de l’éducation ». A chaque occasion, il nous rappellera souvent que l’éducation est une « grande libératrice ».  C’est la récompense offerte à tous ceux et toutes celles qui unissent leurs efforts pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement - Travailler ensemble, gagner ensemble.