Résolution sur la révolution de l'information et l'éducation
Le deuxième congrès mondial de l'Internationale de l'Education réuni à Washington DC (Etats-Unis) du 25 au 29 juillet 1998 :
1. Note que l'introduction récente des nouvelles technologies de l'information dans la plupart de nos sociétés a modifié considérablement tous les systèmes de production, de communication, de gestion et d'apprentissage, comme à une autre époque l'avènement de l'imprimerie et plus récemment la télévision avaient également modifié l'organisation de ces mêmes sociétés.
2. Note que, malgré la réduction du nombre d’emplois entraînée par les technologies des ordinateurs et de l’information, les qualifications requises pour occuper de plus en plus d’emplois, y compris dans les pays en développement, exigent une connaissance et une maîtrise des nouvelles technologies de l’information. Les personnes dépourvues des ces compétences sont les premières victimes du chômage et les victimes futures de situations d’exclusion.
3. Note que tous les décideurs politiques font de l'utilisation des nouvelles technologies de l'information par les enfants et les jeunes dans le cours de leurs études, donc au sein des établissements scolaires, un axe important de leurs politiques éducatives.
4. Note que le recours aux nouvelles technologies de l'information est parfois considéré comme un moyen magique d'accéder rapidement, et pour un coût qui deviendra de plus en plus modeste, à des connaissances plus nombreuses que par le système d'éducation traditionnel.
5. Note qu’une grande partie des enfants du Monde entier (40%) vit à la maison sans électricité et n’a donc pas accès à toutes les nouvelles technologies.
6. Note que certains investisseurs privés ne cachent pas leurs intentions, dans le cadre d'une déréglementation des politiques d'investissements, d'ouvrir des entreprises virtuelles d'éducation, auxquelles il sera possible d'accéder par le biais d'Internet, ces entreprises offrant des modules de formation payants garantis par la délivrance de certificats, ou de diplômes, qui attesteront de l'enseignement reçu.
7. Note que les nouvelles technologies de l’information, si elles sont utilisées de façon judicieuse et efficace, peuvent aider à développer de nouvelles méthodes d’apprentissage et d’enseignement. Les conséquences en sont considérables en ce qui concerne la formation des enseignants et le besoin de fournir un soutien continu de grande qualité en vue d’améliorer les compétences techniques et pédagogiques du personnel enseignant.
8. Note que les nouvelles technologies de l’information offrent de nouveaux moyens aux individus d’apprendre indépendamment des établissements éducationnels, ce qui a de profondes répercussions sur l’enseignement, les systèmes d’éducation et la société.
Le deuxième congrès mondial de l'Internationale de l'Education:
9. Considère que, bien que les nouvelles technologies de l’information puissent faciliter la vie professionnelle et sociale, mettre fin à l’isolement, faciliter les échanges personnels et réduire la pénibilité du travail, elles risquent à la fois de porter atteinte à la solidarité sociale, au sens de la communauté, au plein emploi et à la vie civique démocratique.
10. Reconnaît que les changements profonds et rapides qu'apportent les nouvelles technologies de l'information peuvent susciter des sentiments d'insécurité, de scepticisme et même des attitudes de refus chez ceux et celles qui ne les maîtrisent pas, y compris parmi le personnel enseignant.
11. Reconnaît que dans un nombre limité de pays industrialisés des efforts ont été faits pour doter les établissements scolaires d'ordinateurs avec accès à Internet, mais que ceux des pays en voie de développement rencontrent de toute évidence les plus grandes difficultés à se doter de ce type de matériels, et de ce fait l'inégalité d'accès aux nouvelles technologies ne fera qu'accroître le fossé déjà existant entre les moyens attribués aux systèmes éducatifs publics des pays industrialisés et des pays en voie de développement, ainsi qu’à l’intérieur des pays.
12. Rappelle que l'éducation est plus qu'un acte de transmission de simples connaissances, même par les nouvelles technologies de l'information, et que l'éducation véritable implique la mise en relation de connaissances, d'attitudes et de valeurs qui nécessite la présence d'enseignants dûment qualifiés.
13. Considère que les écoles ou les universités virtuelles devraient être autorisés et faire l'objet d'un contrôle de qualité dans le cadre du système réglementaire public; le développement d'un enseignement privé et sélectif orienté sur des formations spécifiques en relation avec les intérêts des investisseurs n’est pas la garantie d’une éducation correcte, et qu'un service public d'éducation rénové, gratuit et de qualité, ouvert à tous, est certainement la meilleure réponse à opposer à ces nouveaux types d'établissements scolaires. Le deuxième congrès mondial de l'IE :
14. Demande au Comité Exécutif et au Secrétariat de procéder à une étude sur les avantages et les inconvénients pédagogiques qui pourraient résulter d’une utilisation des nouvelles technologies de l’information par les élèves et les étudiants et en particulier de l’accès à Internet, en regard de l’éducation et de la formation que les systèmes éducatifs sont supposés apporter aux enfants.
15. Demande au Comité Exécutif et au Secrétariat d'examiner avec l'UNESCO, puis avec la Banque Mondiale, les conditions pour le développement et la production de matériels pédagogiques à destination des Instituts de formation des enseignants, par le biais des nouvelles technologies de l'information (CD-ROM, Site Internet), mais aussi par des canaux plus traditionnels (cassette audio) pour les pays en voie de développement.
16. Demande à toutes les autorités publiques d’éducation, en consultation avec les organisations d’enseignants, de prendre toutes les mesures nécessaires pour fournir aux enseignants et aux étudiants des ordinateurs modernes ainsi que l’accès à Internet.
17. Demande aux autorités publiques d’éducation de vérifier que les postes de travail informatiques dans les écoles sont bien installés, en tenant en compte de toutes les normes d’ergonomie adéquates. Les écoles devraient être un modèle à ce niveau là et rester un exemple pour tous.
18. Demande au Bureau Exécutif et au Secrétariat de discuter avec l'UNESCO de quelle manière on pourrait contrôler le contenu des sites Internet pour éviter l’insertion de propos racistes, xénophobes et sexistes et de restreindre au sein des établissements scolaires l’accès aux sites Internet qui diffusent de la propagande politique ou religieuse en particulier pour les enfants et les adolescents.
19. Demande aux organisations affiliées d’examiner l'existence d'établissements éducatifs virtuels, de procéder à une étude sur leur mode de fonctionnement, sur les types de certifications proposés et sur le coût à la charge de chaque étudiant pour participer à ces programmes, le Secrétariat de l'IE devrait rassembler toutes ces informations pour une diffusion interne.