Résolution sur le droit des personnels retraités de vivre dans la dignité
Le quatrième Congrès mondial de l'Internationale de l'Education, réuni à Porto Alegre, Brésil, du 22 au 26 juillet 2004:
1. Rappelle que les luttes sociales ont permis aux travailleurs en général, et aux personnels d'éducation en particulier, de nombreux pays, de stopper leur activité professionnelle, entre 55 et 65 ans dans la plupart des cas, et de disposer d'une pension de retraite jusqu'à leur mort.
2. Rappelle que le financement de ces retraites est alimenté le plus souvent par des cotisations payées au prorata du salaire payé par l'employeur au travailleur, et que ce financement constitue de facto un salaire différé.
3. Rappelle également que le dégagement des fonds disponibles au paiement des retraites repose soit sur un système de redistribution, soit sur un système de capitalisation, soit sur un système mixte.
Le Congrès mondial de l'Internationale de l'Education:
4. Réaffirme le droit imprescriptible à une retraite adéquate pour tous les travailleurs et plus spécialement pour tous les travailleurs et travailleuses du secteur de l'éducation, leur permettant de vivre dans la dignité.
5. Constate que le système de retraite par redistribution, qui en fait utilise le versement des cotisations des travailleurs actifs pour le paiement des retraites, est face aujourd'hui dans les pays industrialisés à une crise grave, conséquence de la réduction du nombre de travailleurs cotisants en raison de la persistance d'un haut taux de chômage et du développement d'un secteur informel.
6. Constate que dans plusieurs pays industrialisés des réformes des systèmes de retraites ont été engagées, avec leur cortège de conflits sociaux, visant à prolonger la durée des annuités de travail, à augmenter le montant des cotisations et à réduire le montant des retraites.
7. Constate également que le système de retraite par capitalisation qui repose sur les produits des placements financiers des cotisations des actifs, est confronté depuis ces dernières années à l'effondrement, parfois spectaculaire, des valeurs boursières.
8. Constate que, sous l'effet de l'effondrement des valeurs boursières, de nombreux travailleurs et travailleuses se sont retrouvés ruinés ou ne perçoivent que des retraites fortement réduites les plaçant en situation de dépendance économique.
9. Déclare qu'il est inacceptable que: a. les travailleurs du secteur de l'éducation soient contraints à poursuivre leur activité à un âge avancé dans un contexte de détérioration des conditions de travail et d'autant que les pouvoirs publics ne procèdent pas aux réformes nécessaires à la réduction de la pénibilité du travail. b. les retraités subissent une baisse de leur niveau de vie relativement à celui des actifs. c. les travailleurs ayant des carrières plus courtes, en particulier les femmes, ainsi que les travailleurs précaires ou chômeurs, soient les victimes privilégiées des réformes entreprises. d. les systèmes de retraite complémentaires facultatifs se développent au détriment des régimes publics obligatoires et solidaires, favorisant ainsi l'accroissement des inégalités. e. l'épargne personnelle redevienne le principal moyen de préparer la retraite, et que la solidarité s'efface au profit du chacun pour soi.
Le Congrès mondial de l'Internationale de l'Education:
10. Mandate le Bureau exécutif afin de rassembler des informations sur la formation que les affiliés de l'IE organisent au bénéfice de leurs membres qui siègent dans les conseils des systèmes de retraite et de pension et de rechercher et disséminer des études de cas sur la manière dont les affiliés de l'IE protègent les intérêts en matière de retraite de leurs membres.
11. Demande au Bureau exécutif de donner toute l'attention nécessaire à la question des retraites des travailleurs du secteur de l'éducation et de poser l'ensemble de ce problème devant les instances de l'Organisation internationale du travail (OIT) et d'entreprendre des consultations avec les institutions compétentes en vue de promouvoir des politiques de réforme des pensions qui soutiennent les intérêts des enseignants et des travailleurs du secteur de l'éducation.
12. Demande au Bureau exécutif d'engager les études appropriées sur les différentes politiques de retraites existant dans le secteur de l'éducation, ainsi que sur les réformes engagées ces dernières années.
13. Invite les organisations affiliées à la plus grande vigilance sur la place des retraites dans les politiques sociales de leur pays et à lutter contre les politiques régressives et désastreuses pour les services de l'éducation publique.
14. Demande aux organisations affiliées d'exiger que les personnels retraités soient respectés, par l'application totale des droits humains, en particulier lorsqu'ils deviennent dépendants, ce qui implique une formation initiale et continue de grande qualité des personnels hospitaliers publics en nombre suffisant.
15. Invite les affiliés à associer les personnels retraités de l'éducation à leur réflexion, notamment en leur faisant une place dans leur organisation syndicale.