La violence sexiste en milieu scolaire
Résolution du 7e Congrès Mondial
Le 7e Congrès mondial de l’Internationale de l’Éducation (IE), réuni à Ottawa, au Canada, du 21 au 26 juillet 2015:
1. Reconnaissant que de nombreux gouvernements se sont engagés à soutenir le droit à une éducation sûre dans le cadre de leur engagement envers une Éducation pour Tous (EPT) de qualité;
2. Reconnaissant également toutefois que la violence sexiste en milieu scolaire (SRGBV, selon le sigle anglais) affecte des millions d’enfants1 ainsi que le personnel de l’éducation dans le monde chaque année et est définie comme incluant des actes ou des menaces de violence sexuelle, physique ou psychologique à l’intérieur ou aux alentours de l’école et que la violence sexiste en milieu scolaire englobe des actes d’intimidation (y compris la cyber-intimidation) et de harcèlement sexuel, verbal ou physique, des attouchements non consentis, des viols et des agressions;
3. Reconnaissant par ailleurs que la violence sexiste en milieu scolaire se distingue des attaques politiques et militaires violentes contre des établissements d’enseignement, des élèves ainsi que des éducateurs/trices et des personnels de soutien à l’éducation, mais que cette violence augmente souvent dans les pays touchés par des conflits et dans les situations d’urgence;
4. Reconnaissant que les actes de violence sexiste en milieu scolaire compromettent, voire annihilent, les progrès réalisés dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) portant notamment sur l’éradication de la pauvreté et de la faim par le biais de l’éducation et de la formation, l’emploi, l’enseignement primaire universel, la promotion de l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes. La violence sexiste en milieu scolaire a une incidence négative sur la mortalité infantile et la santé des femmes.
5. Observant que les élèves, les éducateurs/trices et les personnels de soutien à l’éducation peuvent tous être à la fois victimes et auteurs d’actes de violence sexiste en milieu scolaire et que les filles et les femmes sont plus exposées à ce type de violence;
6. Déplorant le fait que la violence sexiste en milieu scolaire représente un obstacle majeur au droit à l’éducation des filles et des garçons, non seulement en raison de ses répercussions graves sur la santé physique et psychologique, mais aussi parce qu’elle entraîne une dégradation de l’environnement d’apprentissage dans son ensemble, étant donné que l’expérience ou même la menace d’une violence sexiste en milieu scolaire aboutit souvent à une fréquentation irrégulière, à l’abandon scolaire, à l’absentéisme, à des performances médiocres et à une faible estime de soi, et réduit les chances d’une transition fructueuse vers le marché du travail, plus tard dans la vie;
7. Regrettant que la violence sexiste en milieu scolaire reste trop souvent non détectée, non signalée, voire ignorée, dans les écoles et les établissements d’enseignement, c’est-à-dire dans les institutions sociales mêmes dans lesquelles chacun devrait être en sécurité, respecté, protégé et autonome;
8. Affirmant qu’il n’est pas possible de dispenser une éducation de qualité sans résoudre les problèmes de protection de l’enfant et de sécurité du personnel dans les environnements scolaires, comme sur le chemin de l’école, dans la mesure où les jeunes, les femmes et les lesbiennes, gays, bisexuel(les) et transgenres constituent les groupes les plus à risque;
9. Préoccupé par le fait que la violence sexiste en milieu scolaire a été et continue d’être un obstacle majeur à la réalisation des OMD et des objectifs de l’EPT et sera toujours un obstacle après 2015 à moins que des efforts sérieux ne soient déployés pour y mettre un terme;
10. Notant que de nombreuses préoccupations sont aujourd’hui exprimées et qu’un nombre considérable d’actions est actuellement entrepris pour lutter contre la violence sexiste en milieu scolaire aux niveaux national, régional et international, mais que bien trop souvent ni les enseignant(e)s, ni le personnel de soutien à l’éducation (dans les écoles ou les établissements d’enseignement supérieur), ni leurs syndicats ou leurs organisations n’interviennent dans la planification ou dans la mise en œuvre des programmes et des mesures destinées à combattre et à mettre un terme à la violence sexiste en milieu scolaire; et
11. Rappelant la déclaration de l’IE de 2009 intitulée « Les établissements scolaires doivent être des havres de paix », qui appelle les gouvernements à prendre des mesures pratiques pour mettre fin à l’impunité qui entoure les actes de violence à l’encontre des élèves, des enseignant(e)s, du personnel universitaire, des personnels de soutien à l’éducation et des infrastructures éducatives, et appelle les affiliés de l’IE à contrôler les attaques, à accorder la priorité à des mesures préventives et à échanger les expériences en termes de résilience et de reconstruction, ainsi qu’à soutenir les campagnes de solidarité afin de faire de l’éducation un agent de la paix.
12. Le 7e Congrès mondial de l’IE,
a) Appelle les gouvernements ainsi que les responsables de la sûreté et de la sécurité des établissements d’enseignement à instaurer un cadre politique et juridique bien défini, établissant les obligations de l’État en matière de prévention de la violence sexiste en milieu scolaire et de promotion de la protection de l’enfant et du personnel de l’éducation dans l’ensemble des ministères compétents et à imposer aux ministères de l’Éducation et à leurs partenaires l’obligation d’inclure les syndicats et les organisations d’enseignant(e)s et d’éducateurs/trices dans l’élaboration de mécanismes durables et complets pour prévenir et réagir à la violence sexiste en milieu scolaire dans tous les établissements d’enseignement;
b) Appelle également à un effort de plaidoyer concerté de l’IE et de ses organisations membres en faveur de programmes et de pratiques pédagogiques qui contestent l’acceptabilité de la violence à l’égard des femmes et des filles et défendent des règles comportementales équitables pour les deux sexes, basées sur le respect mutuel, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des établissements d’enseignement; à des programmes de développement professionnel incluant des formations initiales et en cours de service permettant au personnel de l’éducation de donner des formations liées à la violence sexiste en milieu scolaire aux étudiant(e)s seraient également souhaitables.
c) Demande aux organisations membres de revoir attentivement leurs propres codes de conduite, codes de déontologie ou codes de pratiques afin de veiller à ce qu’ils soient sensibles au genre et puissent être appliqués lorsque des incidents ou des problèmes de violence sexiste en milieu scolaire surviennent dans les établissements, de sorte que leurs auteurs doivent rendre des comptes et que les victimes puissent recevoir un soutien adéquat.
13. Mandate le Bureau exécutif de l’IE afin qu’il:
a. révise la déclaration de l’IE sur l’éthique professionnelle en tenant compte de la nécessité de la rendre explicitement plus sensible au genre et d’y inclure des références claires à l’éradication de la violence sexiste en milieu scolaire, dont la violence à l’encontre des transgenres et des homosexuel(le)s; cette déclaration révisée sur l’éthique professionnelle devrait s’accompagner d’un guide expliquant aux membres de l’IE comment l’utiliser et l’appliquer, en particulier en ce qui concerne les problèmes d’égalité;
b. collabore avec les agences des Nations Unies et d’autres partenaires stratégiques de la société civile s’occupant de la problématique de la violence sexiste en milieu scolaire aux niveaux national, régional et international pour veiller à ce que les connaissances, les expériences et les points de vue des enseignant(e)s, des éducateurs/trices et des personnels de soutien à l’éducation soient dûment pris en compte et reflétés dans ce travail; et
c. soutienne le travail accompli par les organisations membres au sein de leur juridiction, visant à ce que les gouvernements prennent des mesures positives afin de mettre un terme à la violence sexiste en milieu scolaire. Une formation sur l’égalité de genre pour le personnel et les étudiant(e)s serait à cet égard souhaitable.