Finlande: Améliorer les compétences linguistiques au niveau national
L’apprentissage des langues doit se faire dès l’entrée dans le système éducatif et doit être garanti pour toutes et tous en Finlande. Tel est le constat dressé par le syndicat de l’enseignement Opetusalan Ammattijärjestö en réponse à la publication d’un rapport sur la situation des compétences linguistiques en Finlande et les besoins de perfectionnement en la matière.
Le rapport, qui couvre l’ensemble du système éducatif finlandais, a été préparé par le professeur Riitta Pyykkö, Vice-rectrice à l’Université de Turku, et soumis à la Ministre de l’Education Sanni Grahn-Laasonen, le 13 décembre.
« Au sein d’Opetusalan Ammattijärjestö (OAJ), nous estimons qu’il est très important d’offrir aux enfants finlandais des opportunités multiples pour apprendre différentes langues », a souligné le président d’OAJ Olli Luukkainen.
Il est très bénéfique également de commencer l’apprentissage d’une langue étrangère à un âge précoce, et même dès le stade de la petite enfance, a-t-il ajouté. Les langues étant un outil très important pour communiquer, les enfants devraient avoir la possibilité d’en apprendre plusieurs dès lors qu’elles permettent d’« apprendre et comprendre différentes cultures ».
Luukkainen a insisté sur le fait que l’OAJ se souciait de l’excès de pouvoir des municipalités en matière de détermination des possibilités d’apprentissage linguistique au sein de leurs écoles. « Ces directives [ proposées dans le rapport] sont bonnes, mais insuffisantes, et nous avons besoin d’outils plus forts, à l’instar de la législation. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons garantir l’égalité des chances dans tous les coins de la Finlande », a-t-il conclu.
Vision d’avenir au sujet des compétences linguistiques au niveau national
D’après le rapport, la Finlande sera un membre actif au sein de la communauté internationale en 2025, puisant sa force dans sa diversité linguistique et culturelle. Des investissements auront été réalisés dans le perfectionnement des compétences linguistiques, et les citoyen(ne)s seront ainsi en mesure de manier plusieurs langues parallèlement, avec assurance. Chaque citoyen(ne) en âge de travailler sera en mesure de s’exprimer couramment non seulement dans les langues nationales officielles de la Finlande, mais aussi en anglais, et la plupart des gens parleront également une ou plusieurs langues autres que celles-ci. Les compétences linguistiques acquises de façon informelle, dans le cadre de la vie professionnelle et des activités de loisirs, par exemple, auront été identifiées et reconnues aux côtés des compétences acquises dans l’éducation formelle, et les individus développeront en permanence leurs compétences linguistiques.
Dans cette perspective, le rapport présente de nombreuses mesures et propositions, notamment:
· A l’avenir, l’apprentissage des langues débutera au plus tard lors du second semestre de la première année d’école
· La structure de l’enseignement secondaire supérieur général sera développée de manière à permettre un apprentissage des langues à long terme, flexible et diversifié, en tirant parti des modules multidisciplinaires transversaux
· Les établissements éducatifs proposeront tout un éventail de parcours d’apprentissage linguistique à différents niveaux de l’éducation: les clubs de langues, la « ludification pédagogique » et diverses autres possibilités offertes au travers des applications numériques
· Les municipalités seront encouragées à élaborer, d’ici 2020, des programmes linguistiques et d’internationalisation dans le cadre desquels l’enseignement des langues sera examiné pour ce qui est de la continuité des parcours d’apprentissage linguistique des élèves, de la palette de langues proposées, de la distribution des choix linguistiques, des besoins des entreprises et industries locales ou régionales, et des besoins à l’international
· Les universités pourront élaborer de nouveaux types de cursus combinant des matières linguistiques à d’autres contenus.
Les pressions contradictoires
Selon le rapport, la réserve linguistique de la Finlande est soumise à des pressions contradictoires: la palette des langues enseignées se fait plus réduite et la maîtrise des langues étrangères se limite souvent à la seule maîtrise de l’anglais. Dans le même temps, la coopération internationale exige des compétences linguistiques distinctes dès lors que les priorités économiques du pays ne sont plus cantonnées à l’Europe.
Ces dernières années, parallèlement à la croissance de l’immigration, la Finlande a gagné en diversité culturelle et linguistique. Cet état de fait a également posé de nouvelles exigences pour l’enseignement du finnois et du suédois comme seconde langue, d’une part, et pour l’identification et la reconnaissance des autres compétences linguistiques des immigrés, d’autre part.
Le rapport servira de base à l’élaboration d’une stratégie linguistique nationale, et un large éventail de parties prenantes seront invitées à exprimer leur avis dans ce contexte.