Philippines: Criminalisation de dirigeant(e)s autochtones et des défenseurs/euses des droits humains
L’Internationale de l’Education se joint à son affilié l’Alliance of Concerned Teachers pour lancer un cri d’alarme au sujet de la détérioration de la situation des droits humains aux Philippines, où le Procureur général accuse à présent des enseignant(e)s, des dirigeant(e)s des peuples autochtones et des défenseurs/euses des droits humains de terrorisme et d’agissements hors-la-loi.
La liste des terroristes présumés comprend des dirigeant(e)s autochtones et des défenseurs/euses des droits humains de renommée nationale et internationale des régions de la Cordillère et de Mindanao. Parmi eux, Victoria Tauli-Corpuz, Rapporteure spéciale de l’ONU sur les droits des peuples autochtones, et Jeanette Ribaya Cawiding, Coordonnatrice régionale de l’ Alliance of Concerned Teachers(ACT), affiliée à l’Internationale de l’Education (IE), dans la région de la Cordillère.
Cette dernière attaque en date contre des dirigeant(e)s autochtones et des défenseurs/euses des droits humains s’inscrit dans le contexte de multiples exécutions extrajudiciaires et attaques à l’encontre des détracteurs du gouvernement. Les populations autochtones de Mindanao ont du reste été massivement affectées par les opérations militaires depuis l’application du régime de la loi martiale en mai 2017, qui a récemment été prolongé par le Congrès jusqu’en décembre 2018. En juillet dernier, le Président Rodrigo Duterte avait menacé de bombarder les écoles des Lumadà Mindanao, les accusant d’apprendre aux enfants « à se rebeller contre le gouvernement ».
Des expert(e)s indépendant(e)s des Nations Unies sur les droits humains ont appelé les autorités philippines à abandonner sans délai les accusations sans fondement à l’encontre de la Rapporteure spéciale de l’ONU sur les droits des peuples autochtones, Victoria Tauli-Corpuz. Ils/elles considèrent ces accusations comme des « représailles» suite aux déclarations publiques de la Rapporteure spéciale au sujet des attaques et des massacres orchestrés par des membres des forces armées à l’encontre des communautés autochtones Lumad à Mindanao.
« Les peuples autochtones et leurs dirigeants sont, en fait, les victimes du terrorisme de l’Etat qui soutient le pillage de leurs maisons et les actes de violence à l’égard de leurs communautés », a souligné un représentant de l’ACT Teachers, Antonio Tinio.
« Nos autochtones sont à l’avant-garde de la lutte visant à protéger les richesses naturelles des sols de notre pays face aux pratiques abusives des sociétés minières et de l’agro-industrie. Leur démarche ne relève en rien du terrorisme. Ce ne sont pas des terroristes », a souligné une autre représentante de l’ACT Teachers, France Castro.
Les communautés autochtones et les organismes de défense des droits humains ont lancé une pétition appelant le gouvernement des Philippines à supprimer de la liste de terroristes présumés les noms des dirigeant(e)s autochtones et des défenseurs des droits humains à assurer leur sécurité physique ainsi que la protection de leurs droits humains et de leurs libertés fondamentales.
Le Président Rodrigo Duterte a annoncé le retrait de l’archipel de la Cour pénale internationale suite à l’ouverture, par cette dernière, d’une enquête portant sur sa campagne antidrogue brutale, qualifiée de crime contre l’humanité.